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Lifestyle - Cinéma

La grève de l’usine Ghandour était-elle un signe précurseur de la guerre civile ?

Pour son premier documentaire, « A feeling greater than love », projeté au Metropolis Empire Sofil, Mary Jermanos revient sur le passé pour comprendre le présent.

Un ancien ouvrier de l’usine Ghandour se souvient... Photo D.R.

Mary Jermanos Saba n’a pas fait des études de cinéma. Cette Libano-Américaine née d’un père palestinien et établie tôt aux États-Unis est venue au 7e art par le biais de la sociologie et l’anthropologie. La jeune réalisatrice, qui est allée à l’âge de vingt ans côtoyer les agriculteurs en Équateur et étudier leurs problèmes, tente de comprendre quelques-uns des mouvements populaires les plus marquants du monde arabe. Elle utilise le cinéma comme outil pour explorer ce phénomène inexistant et souvent avorté au Moyen-Orient, et emprunte ainsi une approche marxiste afin d’étudier le passé et ses conséquences sur le présent. Militante ? « Si le cinéma est une arme qui témoigne, qui parle aux autres et fait réagir le public pour trouver des solutions, alors oui, mon cinéma est militant, avoue-t-elle. Pas pour une poignée de gens ou pour un parti, mais pour une cause globale : celle des ouvriers. »
Mary Jermanos Saba n’appartient à aucun pays. Elle est une citoyenne du monde. Pourquoi ce film et quel est son objectif ? « Pour se souvenir et ne pas refaire les mêmes erreurs, dit-elle, et parce que je crois dans le pouvoir du cinéma et dans sa relation solide avec le politique. » Quand elle décide de revenir en 2010 s’installer au Liban, elle se met à plancher sur ce documentaire qui prend vite l’allure d’une enquête. Quel rapport entre la grève de la Régie des tabacs et celle de l’usine Ghandour? Quel est le rôle de la femme dans cette classe ouvrière, sachant que la plupart des employés de l’usine étaient des femmes, qui se sont retrouvées pour la plupart en prison ? Et enfin, qui est Fatmé Khaweja, la première martyre du Parti communiste ?
Curieuse et persévérante, la réalisatrice va durant plus de sept ans fouiner, inspecter, poser des questions et remonter le fil du temps. Qui se souvient de cette grève qui a fait des morts et de cette rébellion d’ouvriers palestiniens renvoyés de leurs emplois du jour au lendemain ? La grogne de l’usine Ghandour est-elle un signe précurseur de la guerre civile ? Toute cette colère qui couvait sous les cendres en 1972-1973 a-t-elle rejailli tel un brasier pour mettre à feu et à sang tout le Liban ? Entre photos d’archives et images du présent, entre noir et blanc et couleurs, et enfin entre images réelles et fictives, le dialogue s’instaure surtout avec le personnage principal, Nadine Akoury, autrefois actrice dans un film de Borhane Alaouié, véritable passionaria du Parti communiste. Mais la cinéaste se défend : « Attention de croire que je suis Nadine ! Je suis la voix off et les textes du film. Pas plus. »
A feeling greater than love (Prix Fipresci au Festival du film international de Berlin en 2017 et mention spéciale au Dokufest Kosovo, compétition pour les droits de l’homme) est palpitant, créatif et non destructeur. Il s’ouvre sur une nouvelle aube et instaure un nouveau langage, celui de la compréhension et de l’entente. Lorsque tout cela sera possible et que ce jour arrivera, dit Mary Jermanos Saba, le vrai mouvement populaire renaîtra.

Mary Jermanos Saba n’a pas fait des études de cinéma. Cette Libano-Américaine née d’un père palestinien et établie tôt aux États-Unis est venue au 7e art par le biais de la sociologie et l’anthropologie. La jeune réalisatrice, qui est allée à l’âge de vingt ans côtoyer les agriculteurs en Équateur et étudier leurs problèmes, tente de comprendre quelques-uns des mouvements...

commentaires (1)

Je pense que les plaies de la guerre sont encore grandement ouvertes. Nous ne pouvons pas se payer le luxe de faire remonter à la surface AU LIBAN ce type de souvenir. A l'étranger elle peut faire ce qu'elle veut. Il serait légitime de soupçonner Madame Saba d'être tendancieuse dans ses analyses puisque elle est à moitié palestinienne et de vouloir se victimiser sans faire des vagues. Du militantisme camoufler sous cette forme artistique du documentaire n'est pas acceptable. Dans cette région du monde il n'y a que des victimes et des lésés de la politique internationale.

Shou fi

18 h 45, le 19 avril 2018

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Commentaires (1)

  • Je pense que les plaies de la guerre sont encore grandement ouvertes. Nous ne pouvons pas se payer le luxe de faire remonter à la surface AU LIBAN ce type de souvenir. A l'étranger elle peut faire ce qu'elle veut. Il serait légitime de soupçonner Madame Saba d'être tendancieuse dans ses analyses puisque elle est à moitié palestinienne et de vouloir se victimiser sans faire des vagues. Du militantisme camoufler sous cette forme artistique du documentaire n'est pas acceptable. Dans cette région du monde il n'y a que des victimes et des lésés de la politique internationale.

    Shou fi

    18 h 45, le 19 avril 2018

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