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Liban - Social

Al-Kafaàt développe ses moyens au service des handicapés

La fondation a rouvert son atelier de
prothèses-orthèses (Atelier Bernard Dujardin) au Centre Beit el-Adra de
Hadeth, et lancé la première formation universitaire en accompagnement
éducatif et technique dans la production de prothèses.

Des prothèses sont adaptées pour chaque cas.

Le corps enserré dans un corset rigide, Ammar se dirige vers la porte du Centre Beit el-Adra. Atteint d’une infirmité motrice cérébrale, il a le pas hésitant, mais le sourire solidement arrimé aux lèvres. Ici, on le respecte pour qui il est : un être humain avec des forces qui sont appréciées et des faiblesses qui sont acceptées. Ammar n’en a pas pleinement conscience, mais il a de très bonnes raisons de se réjouir : s’il croise tant de monde dans le couloir, c’est que, ce jour-là, la fondation al-Kafaàt, avec le soutien de l’ambassade des États-Unis, rouvre et inaugure son atelier de production de prothèses, orthèses, et sièges orthopédiques. L’objectif ? Que cet atelier, initialement créé il y a plus de cinquante ans, produise des appareillages orthopédiques externes pour les personnes qui en ont besoin.

L’inauguration a lieu à Hadeth, au Centre Beit el-Adra, un des sept centres de la fondation al-Kafaàt. Il accueille des centaines de personnes atteintes d’une déficience physique et mentale et reçoit aussi, à l’atelier de production de prothèses, les patients venus de trois autres centres. De nombreuses personnalités sont présentes pour la cérémonie, dont Georges Édouard Aoun, président de la municipalité de Hadeth, et Bernard Dujardin, président et fondateur de Handimat, une association française qui soutient les personnes handicapées.

Le nouvel atelier a été baptisé du nom de ce dernier en raison de l’aide technique qu’il a apportée au développement de l’atelier de prothèses-orthèses de la fondation depuis de nombreuses années. Un petit film retrace, pour les invités, l’épopée d’al-Kafaàt et de l’atelier.

L’aventure commence il y a plus de soixante ans. En 1957, Nadeem Shwayri ouvre une école académique et hôtelière pour des jeunes filles issues de milieux défavorisés. Une quadriplégique demande à l’intégrer. Elle ne sait pas encore que sa requête transformera le destin de milliers de personnes et, au premier chef, celui de Nadeem Shawayri. Révolté par le manque d’appareillages adéquats pour cette jeune fille, et surtout par les difficultés que rencontrent les jeunes handicapés pour s’intégrer dans la société libanaise, il décide de se battre et de les aider à y trouver leur place. Il crée alors une usine de sacs de cuir qui emploie exclusivement des personnes à besoins spécifiques. Les recettes issues de cette production lui permettent de développer une unité de réhabilitation, ainsi qu’un atelier de production de prothèses-orthèses. Al-Kafaàt est née.

En 1973, ayant déjà un partenariat solide avec le World Rehabilitation Fund, al-Kafaàt lance avec lui la première session de formation de prothésistes du monde arabe. L’expérience est renouvelée en 1980 afin de former les techniciens libanais en production de prothèses, dans le but de répondre aux besoins de la société libanaise en guerre.


(Pour mémoire : Al-Kafaàt introduit la zoothérapie dans ses centres de réhabilitation)


Une main-d’œuvre qualifiée
Aujourd’hui, l’université al-Kafaàt poursuit la mission et lance à nouveau une formation universitaire en accompagnement éducatif et technique dans la production de prothèses et d’orthèses. Le jour même de l’inauguration, en soirée, la première promotion d’étudiants formés en ce domaine a reçu le diplôme qui atteste des compétences acquises. Arabelle Barbir, représentant l’ambassade des États-Unis qui a soutenu ce projet, était présente. Cet événement en annonce un autre : une licence en production de prothèses et orthèses sera accordée l’an prochain. Myriam Shwayri, directrice communication d’al-Kafaàt et fille de Nadeem Shwayri, explique que, jusqu’à présent, le Liban comptait très peu de personnes compétentes dans ce domaine. Dans ce contexte, « l’université al-Kafaàt a vocation à former une nouvelle génération qualifiée pour le Liban et pour le Moyen-Orient », souligne-t-elle.

La réouverture de l’atelier et le lancement de cette formation marquent non pas un tournant, mais une continuité dans la mission que s’est donnée al-Kafaàt depuis ses débuts. Le maître mot de la fondation ? « Le respect de l’homme », dit Myriam Shwayri qui ajoute : « Nous voyons l’homme avant de voir le handicap. » Les huit cent cinquante personnes qui travaillent aujourd’hui pour la fondation partagent une conviction : tout être humain, si on lui accorde l’attention nécessaire, peut s’épanouir et se développer. Al-Kafaàt exprime cette idée : le mot signifie « Potentiels » en arabe. L’enjeu est là : aider chacun à exploiter le potentiel qui est en lui.

L’inauguration de l’atelier a été clôturée par un cocktail préparé par les élèves de l’école hôtelière d’al-Kafaàt. En effet, une autre des missions de la fondation est la formation de jeunes, souvent issus de milieux défavorisés ou en situation d’échec scolaire. À l’institut technique d’al-Kafaàt, au sein de son université ou dans son école hôtelière, ils reprennent confiance en eux et se rendent compte de leur potentiel. Ils apprennent ensuite à l’exploiter avec succès : les verrines et les petits-fours servis au cocktail en témoignent !

Un mot pour finir, ou plutôt deux : ceux de Ramez Aouad, président du conseil de la fondation. Il décrit les moteurs qui poussent celle-ci à agir : « La passion et la détermination. Passion devant le démuni qui doit se relever et jouer un rôle dans la société. Détermination à changer cette société et à la rendre inclusive pour tous.



Pour mémoire

Première communion de sept enfants handicapés à al-Kafaàt

Le corps enserré dans un corset rigide, Ammar se dirige vers la porte du Centre Beit el-Adra. Atteint d’une infirmité motrice cérébrale, il a le pas hésitant, mais le sourire solidement arrimé aux lèvres. Ici, on le respecte pour qui il est : un être humain avec des forces qui sont appréciées et des faiblesses qui sont acceptées. Ammar n’en a pas pleinement conscience, mais il...

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