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À La Une - Syrie

Les habitants de Douma redécouvrent leur ville ravagée

Le pouvoir de Bachar el-Assad avait lancé le 18 février une offensive pour reprendre aux rebelles cette région aux portes de Damas. La campagne a tué plus de 1.700 civils, selon l'OSDH.

Des immeubles détruits dans la ville de Douma, dans la Ghouta orientale, le 16 avril 2018. AFP / LOUAI BESHARA

"On peut respirer": après deux mois passés dans un sous-sol avec sa famille, Lina a enfin le courage de sortir de sa cachette, à l'instar de nombreux habitants de Douma, récemment reconquise par le régime syrien. Marchant devant des immeubles éventrés ou démolis, plusieurs parents, en compagnie de leurs enfants, redécouvrent leur ville détruite.

"J'ai décidé de balader ma fille qui a insisté et pleuré", raconte Lina, vêtue d'un voile noir. A peine sortie du sous-sol, sa fille Waad, neuf ans, revient sur sa décision par crainte de nouvelles frappes dont elle s'était habituée au vacarme. Sa mère affirme, dans le cadre d'un tour médiatique organisé par les autorités et auquel a pris part l'AFP, avoir "rassuré" sa fille et lui avoir "expliqué que le calme est désormais de retour et qu'elle n'encourt plus aucun danger". "Désormais, on peut sortir et respirer. Mes enfants ont vécu dans la peur et la terreur, ils n'ont pas eu d'enfance", regrette la quadragénaire en observant les nombreux amas de décombres qui l'entourent.

Le pouvoir de Bachar el-Assad avait lancé le 18 février une offensive pour reprendre aux rebelles cette région aux portes de Damas. La campagne a tué plus de 1.700 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Une attaque chimique présumée contre Douma le 7 avril est au coeur d'un bras de fer international. Une équipe de l'Organisation internationale pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) n'avait toujours pas pu entrer lundi dans la ville pour y enquêter.

Lina dit espérer le retour de la vie dans cette ville meurtrie par cette violence inouïe. "Je rêve de voir mes enfants rejouer à la balançoire", confie la femme au regard marqué par cinq ans de siège implacable imposé par le régime à cette ancienne enclave rebelle.


(Lire aussi : Assad sort-il vraiment affaibli de la « punition » occidentale ?)


Visiter Damas, un rêve
Dans le quartier d'al-Jalaa qui s'étend de la place Badrane à celle des Martyrs, Haitham Badrane, 40 ans, tient par la main son fils Omar, 10 ans, tout en discutant avec un groupe d'amis, le sourire aux lèvres.  "Je le promène pour qu'il se change les idées", explique-t-il en longeant les boutiques fermées. Cet ancien commerçant de textile dit rêver de faire visiter Damas à son fils, notamment le vieux souk de Hamidiya et la mosquée des Omeyyades.  "Il n'a rien vu de sa vie et a été privé de tout, y compris d'éducation", déplore-t-il.

Quelques mètres plus loin, Bassima el-Sayyed, 55 ans, déambule lentement en inspectant les lieux à travers son voile.
"Je suis née à Douma et y ai toujours vécu. Je n'ai à aucun moment pensé partir", dit-elle, alors que des dizaines de milliers d'habitants ont rejoint les zones contrôlées par le régime ou des régions encore sous contrôle rebelle.


(Lire aussi : Les évacués de Douma sans illusion après les frappes occidentales en Syrie)


"Bon vieux temps"
Dans une autre rue, des hommes et des enfants sont rassemblés autour d'un pick-up d'où des jeunes lancent des sacs de pain. Un peu plus loin, dans l'un des rares commerces ayant ouvert ses portes, des vêtements sont soigneusement posés sur les étalages tandis que dans un atelier adjacent, deux hommes travaillent sur une vieille machine à coudre.

Non loin, un autre homme débarrasse les débris de pierres de sa boutique dont les murs ont été endommagés.
Abou Yasser et sa femme disent avoir passé 70 jours dans les sous-sols. "Désormais, nous pouvons marcher dans la rue. Cela était encore un rêve il y a quelque temps", souligne l'homme de 41 ans.

Sa femme, qui a accouché de son cinquième enfant sous le déluge de feu, affirme avoir pris son courage à deux mains pour abandonner son sous-sol. "Nous avons beaucoup hésité avant de sortir mais nous nous sommes finalement débarrassés de la peur", dit cette femme de 31 ans aux yeux noirs et à la peau blanche. "J'espère seulement qu'on reviendra un jour au bon vieux temps" d'avant la guerre, conclut-elle. Le conflit, entré le 15 mars dans sa huitième année, a fait plus de 350.000 morts.



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commentaires (1)

C'est un peu normal quand même, occupé par des bacteries wahabites alliees de l'occident ils devraient s'attendre à quoi ? Mais les forces héroïques syriennes vont arranger tout ça.

FRIK-A-FRAK

12 h 32, le 17 avril 2018

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Commentaires (1)

  • C'est un peu normal quand même, occupé par des bacteries wahabites alliees de l'occident ils devraient s'attendre à quoi ? Mais les forces héroïques syriennes vont arranger tout ça.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 32, le 17 avril 2018

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