Un avion de reconnaissance israélien sans pilote au-dessus du Akkar, hier.
Le sommet ordinaire de la Ligue arabe qui s’ouvre demain en Arabie saoudite se tient sur un fond de tension régionale présageant de développements imprévisibles, ainsi que dans une volonté irrévocable de certains pays arabes de reprendre en main un destin dont ils s’aperçoivent (un peu tard) qu’il ne leur appartient pas vraiment. C’est particulièrement clair pour Riyad, dont les dépenses en armement ont atteint ces dernières semaines des sommets sans précédent, et qui semble déterminé à mettre fin à ce qu’il considère comme une volonté d’hégémonie de l’Iran sur le monde arabe.
L’un des signes certains des tensions dont il est question est de nature locale, souligne notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane : la délégation libanaise au sommet de la Ligue arabe ne comprend aucun ministre chiite (ni druze d’ailleurs), le ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, ayant décliné une proposition de s’y rendre, obéissant probablement à une demande ferme en ce sens du Hezbollah. Cette absence n’est pas sans importance, compte tenu de la composition généralement très étudiée des délégations libanaises aux événements régionaux ou internationaux.
Un autre signe de tension réside dans le fait que la réunion ne se tient pas à Riyad, comme il est normal, mais à Dhahran, hors de portée des missiles balistiques tirés du Yémen. Enfin, last but not least, le sommet se tient dans une atmosphère de veillée d’armes, dans l’attente d’une frappe occidentale et à l’aune des menaces et autres accusations plus ou moins culottées de la Russie.
Un discours « très attendu » ?
Pour sa part, le président Aoun doit prononcer un discours que certains qualifient de « très attendu », juste après l’ouverture du sommet par le roi Salmane d’Arabie, dans le prolongement de la lecture du rapport du secrétaire général de la Ligue, Ahmad Aboul Ghait. Ce dernier, croit-on savoir, tentera de brosser de la situation régionale un tableau réaliste, sachant que tout le climat de la région pourrait soudainement basculer en cas de frappe occidentale sur des objectifs syriens. On apprend à ce sujet que les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France sont d’accord sur un fait : les cibles qui, en Syrie, pourraient être visées par des missiles devraient être exclusivement syriennes, et non russes ou iraniennes.
(Pour mémoire : Aoun attendu samedi en Arabie pour le sommet arabe de Dammam)
À l’ordre du jour de la réunion figurent des thèmes classiques, comme le retrait d’Israël de tous les territoires occupés en 1967, y compris des fermes de Chebaa. L’agenda proprement libanais comprendra également les empiètements israéliens sur la zone économique exclusive du Liban et la violation continue de la souveraineté du Liban, par mer et par air.
Sur un plan général, on apprend que l’offre de la paix en échange des territoires occupés avancée par l’Arabie saoudite, lors du sommet arabe de 2002 à Beyrouth, tient toujours, bien qu’elle ait été royalement dédaignée à l’époque par Israël, qui préfère mettre la paix en péril plutôt que de restituer la Cisjordanie… La Ligue arabe ne manquera pas non plus de stigmatiser la décision américaine de transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem.
Le sommet de Bruxelles
Anticipant sur le sommet de Bruxelles, qui se tient du 23 au 26 avril, le président Aoun ne manquera pas de souligner l’importance du fardeau économique et social que constitue la présence au Liban de plus d’un million et demi de déplacés syriens, et l’importance pour notre pays de voir la communauté internationale réaliser l’injustice qu’il y a à laisser le Liban supporter, tout seul, les conséquences d’un conflit où il n’est pour rien, mais où certains pays ont joué et jouent toujours un rôle déstabilisateur.
Le chef de l’État consacrera également un volet de son discours à la solidarité indispensable à la lutte contre le terrorisme islamiste, comme au rôle de premier plan joué par les forces armées libanaises dans ce combat de longue haleine dont certains prévoient qu’il ne sera pas achevé avant une décennie.
Enfin, après avoir réclamé qu’au nom de la stabilité régionale, les fonds indispensables à l’Unrwa soient restitués tels qu’ils étaient, avant la décision du président Trump de les réduire de moitié, le chef de l’État ne manquera pas de remercier les pays arabes qui, à l’instar de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, ont répondu à l’appel, aux conférences de Rome et Paris, et ont pris la généreuse décision de continuer à investir dans la stabilité du Liban. Relevons pour finir que le prochain sommet arabe se tiendra au Liban.
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17 h 18, le 14 avril 2018