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Économie - Interview

CEDRE : la BDL participera à la réduction du coût de la dette, confirme Riad Salamé

Le gouverneur de la Banque du Liban revient pour « L’Orient-Le Jour » sur les résultats de la conférence de Paris, les importantes réformes des finances publiques à suivre et le rôle que jouera la BDL dans ce domaine.

Le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. Jamal Saïdi/Reuters

Les engagements de la communauté internationale formulés vendredi lors de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE) étaient au-delà des espérances de la délégation libanaise. À partir de quand pourra-t-on percevoir l’impact de ces investissements sur l’économie libanaise, et quelle serait la nature de ces répercussions à court terme ?
La réunion de la CEDRE vendredi, qui a été organisée par la France et le président Emmanuel Macron, a été une réussite en particulier grâce au travail de l’ambassadeur de France et délégué interministériel à la Méditerranée Pierre Duquesne, avec l’appui de l’ambassadeur de France au Liban Bruno Foucher et du ministre conseiller pour les Affaires économiques Jacques de Lajugie. Elle l’a été aussi grâce aux efforts du Premier ministre Saad Hariri et ses équipes qui ont été récompensés par le succès de la conférence. Les engagements de prêts et de dons ont dépassé les 11 milliards de dollars, ce qui représente le financement nécessaire pour la première phase du programme d’investissement en infrastructures (CIP) présenté par le Liban et entériné par la Banque mondiale.
Par ailleurs, l’application de ces engagements sera décidée par le gouvernement libanais, et probablement par celui qui sera formé après les élections législatives prévues le 6 mai. Cette opération va permettre de financer les infrastructures au Liban et donc de créer la possibilité d’une plus grande croissance de l’économie libanaise. Ce qui fait que le rapport entre la dette et le PIB ira en diminuant. D’autant plus que le gouvernement libanais s’est engagé à baisser le déficit annuel de 5 % sur les cinq années à venir. Le Fonds monétaire international a noté dans son intervention d’hier que cette réforme, combinée au programme d’investissement, aidera le Liban à être plus robuste financièrement et à réduire sa vulnérabilité par rapport au poids de la dette.
Mais il faut attendre la formation du nouveau gouvernement pour pouvoir faire des prévisions réalistes. Aujourd’hui, les fonds sont à la disposition du Liban, mais c’est au gouvernement de savoir comment les utiliser et de le faire à une cadence qui réponde aux objectifs de la reprise économique. Il est certain que le Liban a vu son secteur public se développer fortement au cours des années qui ont suivi la guerre civile, jusqu’à représenter 34 % actuellement du PIB, contre 17 % avant la guerre. Ces projets vont permettre de développer le secteur privé et de lui donner une plus grande part dans le PIB. C’est une bonne chose, car cela augmentera la compétitivité et l’efficacité et diminuera la corruption, ou du moins les soupçons de corruption.

Le Liban s’est effectivement engagé à réduire son déficit public annuel de 5 % en cinq ans, et la composante dédiée aux réformes budgétaires était essentielle dans la vision économique qui a été présentée vendredi par le Premier ministre Saad Hariri. Quel rôle pourrait jouer la BDL pour contribuer à ces réformes ? Envisagez-vous des mesures concrètes pour réduire le service de la dette ?
Dans le budget de 2018 entériné par le Parlement, il est prévu une opération d’échange d’une dette détenue en livres libanaises par la banque centrale qui sera repayée par une émission d’eurobonds. Ce qui va permettre à la BDL de contribuer à la baisse du coût de la dette publique. Grâce à cette ingénierie, le budget de 2018 va pouvoir être appliqué tel qu’il a été voté.
Plus concrètement, la banque centrale détient un portefeuille d’obligations en livres libanaises. Le fait qu’elle rende une partie de ce portefeuille, au moment où le ministère des Finances émettra des eurobonds, permettra à la BDL d’avoir plus d’avoirs en devises et dès lors de pouvoir prêter au gouvernement en livres libanaises à des taux d’intérêt très bas, de presque 1 %. Cela va occasionner des économies sur le service de la dette publique, grâce à cet emprunt que la Banque du Liban fera. Et ce, sans menacer la stabilité monétaire, puisque la banque centrale aura des avoirs en devises (supplémentaires) qui renforceront sa position.

Cette opération va permettre une réduction du service de la dette, mais comment le gouvernement compte-t-il réduire ses besoins en financement de l’État, et par là ses besoins d’endettement ?
Il le fera par cet engagement du gouvernement à réduire son déficit public annuel de 5 % en cinq ans par rapport au PIB, grâce à des mesures visant à augmenter les revenus de l’État qui seront décidées par le gouvernement et non par la BDL. Cette baisse du déficit proviendra également d’une plus grande croissance de l’économie telle que prévue par le FMI. Cette augmentation de la productivité dans l’économie libanaise, avec les réductions fiscales (prévues dans le budget de 2018), permettra de dessiner un meilleur paysage pour l’avenir.

La communauté internationale a beaucoup insisté lors de la CEDRE sur sa détermination à préserver la stabilité du Liban. La BDL a dû gérer la très brève crise de novembre, suite à la démission surprise de Saad Hariri depuis Riyad (sur laquelle il était revenu plus tard). Pensez-vous que la BDL a les moyens de faire face à une autre crise politique ou géopolitique similaire, susceptible de recréer un sentiment d’instabilité et de panique sur les marchés ?
Nos avoirs en devises sont amplement suffisants pour maintenir la stabilité. Ce qui s’est passé en novembre a été un test réel et non pas théorique. Il a démontré que le système tel qu’il a été géré est un système fiable. La stabilité de la livre libanaise est un acquis auquel nous sommes attachés et nous avons les moyens de protéger cette stabilité.

Les engagements de la communauté internationale formulés vendredi lors de la Conférence économique pour le développement par les réformes et avec les entreprises (CEDRE) étaient au-delà des espérances de la délégation libanaise. À partir de quand pourra-t-on percevoir l’impact de ces investissements sur l’économie libanaise, et quelle serait la nature de ces répercussions à...

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