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À La Une - Journalisme

Face aux "fake news", RSF propose de "labelliser" les médias fiables

RSF propose aux médias un système d'autorégulation, consistant à établir collectivement des normes de référence, dont le respect permettrait d'obtenir un label de fiabilité, sous l'égide du Comité européen de normalisation et d'organismes comme l'Afnor en France ou le DIN (institut allemand de normalisation).


L'organisation Reporters Sans Frontières a présenté mardi un dispositif international inédit pour lutter contre les "fake news" ou fausses nouvelles, et qui pourrait servir de référence aux plateformes en ligne. Photo d'illustration AFP / Philippe Lopez

Favoriser les médias qui diffusent des informations fiables, via un label certifiant le respect de normes en matière de transparence et de déontologie : RSF a présenté mardi un dispositif international inédit pour lutter contre les "fake news" ou fausses nouvelles, et qui pourrait servir de référence aux plateformes en ligne.

En gestation depuis près d'un an, ce système baptisé "Journalism trust initiative" (JTI), ou "Initiative pour la fiabilité de l'information", a été conçu par l'association Reporters sans frontières avec trois partenaires : l'Agence France-Presse (AFP), l'Union européenne de Radio-Télévision (UER, l'alliance des médias européens de service public, mieux connue sous le nom d'Eurovision), et le Réseau mondial des rédacteurs en chef (Global editors network ou GEN, qui revendique 2.300 adhérents).

Jusqu'ici, les initiatives développées contre la multiplication des informations trompeuses sur les réseaux sociaux reposaient essentiellement sur le "fact checking" ou vérification des faits, ou l'établissement de "listes noires" de sites ou comptes répandant de fausses nouvelles, a rappelé lors d'une conférence de presse Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. Des initiatives utiles mais insuffisantes, notamment parce qu'elles interviennent une fois que les "fake news" se sont déjà propagées.

Pour lutter plus en amont, RSF propose aux médias un système d'autorégulation, consistant à établir collectivement des normes de référence, dont le respect permettrait d'obtenir un label de fiabilité, sous l'égide du Comité européen de normalisation et d'organismes comme l'Afnor en France ou le DIN (institut allemand de normalisation).
Ces normes, assorties d'indicateurs, permettraient par exemple de mesurer la transparence des médias en termes d'actionnaires ou de financement, l'existence de chartes éditoriales, l'application des principes journalistiques au sein de leur rédaction, leur capacité à reconnaître leurs erreurs et à les rectifier...

Un groupe de travail chargé d'élaborer ces normes se réunira pour la première fois le 23 mai et mènera une large concertation ouverte aux médias, associations et syndicats de journalistes, instances d'autorégulation, plateformes numériques, annonceurs et représentants d'associations de consommateurs. Ses travaux devraient s'achever mi-2019, permettant ensuite de lancer le processus de certification des médias remplissant les critères retenus.


(Pour mémoire : Fake news : avec l'aide des usagers, Facebook cherche les sources "fiables")


"Changement de paradigme" 
"C'est une oeuvre collective et européenne" mais "pour nous l'objectif c'est de l'élargir" au-delà du Vieux continent, a assuré M. Deloire, qui espère que des médias américains s'y associeront.

Selon RSF, qui ne se chargera ni de l'établissement des normes, ni de la certification des médias, cette démarche permettrait de favoriser les médias qui travaillent de manière fiable, notamment sur le plan économique.

Concrètement, les réseaux sociaux (Facebook, Twitter...) et les moteurs de recherche pourraient se servir de ce label pour mettre en avant, via leurs algorithmes, les contenus produits par les médias certifiés. Ce qui aiderait ces médias considérés comme fiables à surnager dans l'océan de contenus qui s'échangent en ligne.

"Pour l'instant, les plateformes ne sont pas capables de faire la distinction entre des informations produites de la manière la plus honnête possible et celles qui répondent à des logiques d'intérêt, c'est un changement de paradigme majeur pour le débat public. Les plateformes sont aveugles, même avec la meilleure volonté du monde, quand il s'agit de savoir comment des contenus ont été produits en amont. C'est notamment à cette question que nous avons voulu répondre", a déclaré Christophe Deloire, selon qui Google a accepté de participer à ce processus.

Les annonceurs, qui craignent de plus en plus de voir leurs marques associées négativement à des "fake news", pourraient également, dans leur propre intérêt, privilégier les médias ainsi certifiés pour diffuser leurs campagnes publicitaires, fait valoir RSF, qui dit avoir reçu les encouragements de la fédération mondiale des annonceurs (WFA).
Enfin, ces futures normes pourraient servir à terme de "référence" pour les instances de régulation (comme les conseils de la presse qui existent dans la majorité des pays européens et au Québec), voire figurer parmi les éléments d'attribution des aides publiques à la presse, suggère l'association.


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En gestation depuis près d'un an, ce système...

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