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À La Une - Diplomatie

Affaire Skripal: Moscou lance ses représailles contre les Occidentaux

"Ce n'est pas la Russie qui a initié un échange de sanctions ou un échange d'expulsion de diplomates", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Le siège de l'ambassade de France à Moscou, le 10 novembre 2017. Photo AFP / Kirill KUDRYAVTSEV

Moscou a ordonné vendredi l'expulsion de plus de 50 diplomates d'une vingtaine d'Etats en représailles contre les pays ayant décidé la semaine dernière de chasser des diplomates russes dans le cadre de l'affaire Skripal, la plus importante vague d'expulsions croisées du genre de l'Histoire.
Les ambassadeurs de 23 pays parmi lesquels la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, le Canada et la Pologne ont été convoqués au ministère russe des Affaires étrangères, où ils se sont vus notifier les mesures d'expulsion prises à l'encontre de leurs diplomates.
"Il leur a été remis une note disant qu'en protestation aux accusations déraisonnables et aux expulsions de diplomates russes (...), la Russie déclare personae non gratae le nombre correspondant d'employés diplomatiques", a annoncé le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.

Concrètement, Moscou répond à l'identique, en expulsant le même nombre de diplomates que chaque pays a expulsé de diplomates russes. Quatre diplomates de l'Allemagne, de la France, de la Pologne ou du Canada devront par exemple quitter la Russie.

Treize diplomates ukrainiens devront également quitter Moscou, un nombre identique au nombre de Russes qui avaient été contraints de quitter Kiev cette semaine.
Selon un décompte effectué par l'AFP, 56 diplomates de 22 pays vont être expulsés de Russie après les mesures annoncées vendredi. A ce chiffre devraient s'ajouter les représailles de Moscou contre l'Australie et la Macédoine, qui n'ont pas encore été rendues publiques. Canberra avait expulsé deux diplomates russes, et Skopje un.
Au total, avec l'annonce par Sergueï Lavrov jeudi soir de l'expulsion de 60 diplomates américains, au moins 119 diplomates en poste en Russie devront quitter le pays.
Moscou a aussi décidé de nouvelles mesures contre la Grande-Bretagne, donnant un mois à Londres pour réduire son personnel diplomatique en Russie et l'amener au même niveau que celui des missions diplomatiques russes au Royaume-Uni. 

Seuls quatre pays ayant annoncé des mesures contre la Russie échappent pour l'instant à ces représailles. "Compte tenu du fait que la Belgique, la Hongrie, la Géorgie et le Monténégro ont décidé au dernier moment de rejoindre ce mouvement, la Russie se réserve le droit de prendre des mesures" à l'avenir, a néanmoins déclaré la diplomatie russe.
Le 17 mars, Moscou avait déjà annoncé l'expulsion de 23 diplomates britanniques et ordonné la fermeture du British Council et du consulat britannique de Saint-Pétersbourg (nord-ouest).
Vendredi, la Russie s'est défendue d'être responsable de cette "guerre diplomatique" qui s'envenime. "Ce n'est pas la Russie qui a initié un échange de sanctions ou un échange d'expulsion de diplomates", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.


(Lire aussi  : L’affaire Skripal montre que Poutine n’a pas réussi à capitaliser sur ses succès)


'Actes inamicaux'  
Les Etats-Unis avaient été le premier pays à apprendre, jeudi soir, l'expulsion de 60 de leurs diplomates en réponse aux mesures équivalentes prises par Washington après l'empoisonnement le 4 mars au Royaume-Uni d'un ex-agent double russe, Sergueï Skripal, et de sa fille Ioulia.
L'hôpital où est soignée Ioulia Skripal a indiqué que son état s'améliore rapidement, tandis que son père reste dans un état critique mais stable.
Londres impute à la Russie cet empoisonnement via un agent neurotoxique, malgré les démentis de Moscou, qui clame son innocence.
Les 60 diplomates américains expulsés "ont été déclarés +personae non gratae+ pour activités incompatibles avec leur statut diplomatique" et ont une semaine pour quitter le pays, selon la diplomatie russe, qui a également ordonné la fermeture d'ici samedi du consulat général des Etats-Unis à Saint-Pétersbourg.
"Il n'y a aucune justification à la réaction russe", a aussitôt déploré la porte-parole du département d'Etat américain, Heather Nauert, en assurant que les Etats-Unis se réservaient "le droit d'y répondre" en examinant différentes options.
"Nous ne sommes pas d'accord avec cette appréciation", a réagi M. Peskov: "La Russie a été obligée de prendre des mesures de rétorsion en réponse aux actes inamicaux et illégitimes" de Washington, a-t-il souligné.

Mesures identiques
Au total, dans le cadre de mesures de rétorsion sans précédent coordonnées entre Occidentaux, plus de 140 diplomates russes en Europe, en Amérique du Nord, en Ukraine ou en Australie doivent être expulsés.
"Pour rétablir la vérité", la Russie a également demandé la convocation d'une "session extraordinaire" du Conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), selon M. Lavrov, qui a appelé jeudi les Occidentaux à avoir "une conversation honnête" avec les Russes sur l'empoisonnement de Skripal et de sa fille.
"La Russie souhaite une enquête objective et impartiale", a expliqué vendredi Dmitri Peskov, en réaffirmant que Moscou "n'est catégoriquement pas d'accord avec les accusations l'impliquant dans cet incident".


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