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Moyen Orient et Monde - Crise diplomatique

L’affaire Skripal montre que Poutine n’a pas réussi à capitaliser sur ses succès

Les mesures prises contre le Kremlin pourraient provoquer, à long terme, un isolement diplomatique de la Russie.

Le président russe Vladimir Poutine s’entretient avec des responsables locaux lors de sa visite sur le site d’un incendie dans un centre commercial de Kemerovo le 27 mars 2018. Alexey Druzhinin/AFP

On aurait pu penser que l’affaire Skripal ferait finalement le jeu de la Russie sur le plan intérieur, la population russe s’étant ralliée à Vladimir Poutine pour l’élection présidentielle face à l’attitude de l’Occident vis-à-vis de Moscou ces dernières semaines. Cela ne semble pas être la cas.

Plusieurs pays occidentaux ont, en quelques jours, procédé à l’expulsion massive de près de 150 diplomates russes. Cela s’est fait en représailles à l’attaque chimique contre l’ex-agent double russe Sergueï Skripal sur le sol britannique, dans la ville de Salisbury. Il s’agissait de la première attaque chimique depuis la Seconde Guerre mondiale sur le sol européen. Ces représailles ne resteront pas sans réponses de la part de Moscou qui a promis de répliquer. « Nous allons riposter, n’en doutez pas ! Parce que personne ne souhaite tolérer une telle muflerie et nous n’allons pas le faire », a prévenu hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Bien que la Russie démente totalement sa responsabilité dans cette affaire, elle doit maintenant faire face à un front occidental plus uni que jamais et qui n’entend pas s’arrêter là. L’OTAN s’est réunie hier pour décider de nouvelles mesures à prendre contre la Russie. L’organisation transatlantique a procédé, à son tour, à l’expulsion de sept diplomates russes. « Cela adresse un message très clair à la Russie, à savoir qu’il y a des coûts », a déclaré hier le secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique-Nord, Jens Stoltenberg, lors d’une conférence de presse. Ces expulsions massives vont avoir des conséquences sur les opérations menées par la Russie, car elle aura « une capacité réduite pour faire du travail de renseignement dans les pays de l’OTAN et dans les pays dont ils sont expulsés (…) Mais notre décision (celle de l’OTAN) ne change pas notre politique vis-à-vis de la Russie, fondée sur la dissuasion et le dialogue », a insisté Jens Stoltenberg. Une décision immédiatement applaudie par Donald Trump et Emmanuel Macron qui se sont entretenus hier.

Mais même si la Russie se retrouve dans une situation diplomatique délicate, et même si les ambassades sont toujours en place dans tous les pays ayant pris des mesures contre le Kremlin, Vladimir Poutine est d’abord sorti renforcé de cette liste de représailles. C’est elle qui a contribué, entre autres, à sa reconduite à la tête de la Russie le 18 mars. Mais pour certains observateurs de cette crise diplomatique avec l’Occident, la population russe, malgré une forte solidarité avec son gouvernement, ne supporterait probablement pas d’être diplomatiquement isolée. « Vladimir Poutine a marqué beaucoup de points au cours de ces dernières années. Il a effacé l’humiliation subie après la guerre froide. Mais il n’a pas réussi à capitaliser sur ses succès, en réussissant à rétablir son pays comme un interlocuteur respecté et de même niveau que les États-Unis ou les Européens », affirme à L’Orient-Le Jour Michel Duclos, ancien ambassadeur de France en Syrie et conseiller spécial en géopolitique auprès de l’institut Montaigne, à Paris. « Maintenant c’est à lui de décider d’agir : il a le choix entre une attitude de confrontation qui pourrait envenimer les choses, ou bien entamer une “troisième manche” après la première correspondant à l’humiliation de la Russie et la deuxième au retour au premier plan de la Russie. Cette troisième manche correspondrait à la reprise du dialogue avec les Occidentaux », conclut-il, faute de quoi la Russie s’exposerait à des sanctions à plus long terme de la part des Occidentaux qui l’affaibliraient et l’isoleraient grandement.



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