Rechercher
Rechercher

Liban - Grève

Les enseignants du privé dans la rue aujourd’hui, pour la énième fois

Les grévistes seront mobilisés place Riad el-Solh contre la proposition d’amendement de la loi 46 sur l’échelle des salaires.

En novembre dernier, les instituteurs de l’école privée s’étaient mobilisés en masse. Mais le dossier fait du surplace. Photo ANI

Les instituteurs des écoles privées sont de nouveau en grève aujourd’hui. Répondant à l’appel du syndicat des enseignants des écoles privées, ils manifesteront ce matin à 11 heures, place Riad el-Solh. Un mouvement de protestation adressé aussi bien au ministre de l’Éducation Marwan Hamadé, à la commission parlementaire des Finances et du Budget qui étudie le budget de 2018 qu’aux directions d’établissements éducatifs privés. Car les enseignants refusent catégoriquement l’amendement de la loi 46, proposé par le ministre Hamadé, dans le sens de « l’échelonnement sur trois ans des effets de l’échelle des salaires et du règlement de l’effet rétroactif la quatrième année seulement ». Ils rejettent donc l’étalement des augmentations de salaire des enseignants dans le cadre d’une loi. Ils dénoncent aussi « les atermoiements et les interprétations de la loi » des établissements privés, communautaires et laïcs, représentés par la Fédération des associations éducatives privées, mais surtout « leur refus d’accorder les six échelons aux instituteurs et leurs appels à annuler l’effet rétroactif de ces six échelons ». 


Oui aux arrangements à l’amiable

« Nous maintenons notre position. Nous réclamons tout simplement l’application de la loi 46, telle que publiée le 21 août 2017 dans le Journal officiel », martèle à L’Orient-Le Jour le président du syndicat des enseignants des écoles privées, Rodolphe Abboud. Les enseignants pourraient à la rigueur accepter des arrangements à l’amiable entre chaque établissement et ses instituteurs. « À la condition que ces arrangements ne fassent pas l’objet d’une loi », soutient M. Abboud. Il explique qu’un éventuel amendement serait la cause de graves problèmes. « Les établissements qui ont déjà appliqué la loi dans son intégralité seront sanctionnés. J’ai bien tenté de l’expliquer au ministre et aux établissements, tout en proposant des solutions, mais en vain », dit-il, regrettant cette « incitation à ne pas appliquer la loi ».

À l’heure où le dossier piétine, le chaos règne dans l’enseignement privé. Face au refus de nombreux comités de parents d’élèves d’assumer les augmentations des scolarités, des établissements soucieux d’appliquer la loi ont fait marche arrière. D’autres multiplient les promesses à leur corps enseignant, sans s’exécuter. D’autres assument eux-mêmes une partie des augmentations des scolarités, afin de ne pas surcharger les parents d’élèves. L’État, lui, n’a toujours pas tranché. Non seulement il a réussi à monter les uns contre les autres les différents acteurs de l’école privée du pays, directions d’institutions, parents d’élèves et enseignants, mais il continue d’ignorer les appels à subventionner les écoles privées, ne serait-ce que de manière exceptionnelle, pour assumer les augmentations de salaire et d’écolages liées aux 6 échelons. Une augmentation estimée par le secrétaire général des Écoles catholiques, le père Boutros Azar, à quelque 180 à 200 millions de dollars. 


La recherche de solutions

« Les parents n’en peuvent plus. Ils n’ont pas les moyens d’assumer ces augmentations importantes d’écolages. Et les écoles sont montrées du doigt », déplore le représentant des écoles privées du pays, contacté par L’OLJ. « Que l’État assume donc ses responsabilités ! Qu’il subventionne les six échelons », poursuit-il, affirmant que de petites écoles caritatives ont déjà mis la clé sous la porte en zone rurale. Le père Azar se dit aussi « surpris et attristé » par l’ordre de grève lancé par les enseignants. Il invite toutefois les directions d’établissement au dialogue avec eux. « Les écoles ne fermeront pas leurs portes, sauf en cas d’impasse totale », assure-t-il.

Si le père Azar se dit surpris, c’est parce qu’il y a quelques jours, les deux parties en conflit (écoles privées et syndicat des enseignants) se sont rencontrées et ont échangé des idées, à l’initiative du Conseil économique et social, présidé par Charles Arbid. « L’initiative n’a pas abouti, regrette M. Arbid, à L’OLJ. Mais nous y travaillons, avec le ministre de l’Éducation notamment. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour que ce dialogue persiste. » Insistant sur la nécessité « que les deux parties s’écoutent et réfléchissent ensemble à des solutions », il part du principe qu’il « faut prendre en considération les moyens financiers des écoles, ceux des parents, et le droit des enseignants ». Une chose est certaine, « le problème est complexe ». « Chaque partie est appelée à faire un pas vers l’autre », mais « l’État doit aussi prendre ses responsabilités », estime M. Arbid. La manifestation d’aujourd’hui sera-t-elle l’élément déclencheur ?



Lire aussi

Des responsables expriment leurs vœux aux enseignants

Les évêques maronites : Non à l’instrumentalisation des institutions au service de certains candidats !

Les instituteurs des écoles privées sont de nouveau en grève aujourd’hui. Répondant à l’appel du syndicat des enseignants des écoles privées, ils manifesteront ce matin à 11 heures, place Riad el-Solh. Un mouvement de protestation adressé aussi bien au ministre de l’Éducation Marwan Hamadé, à la commission parlementaire des Finances et du Budget qui étudie le budget de 2018...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut