De « Sex and the City » à la vie politique...

En février dernier, l’actrice Cynthia Nixon a reçu le Visibility Award lors du 17e gala organisé par Human Rights Campaign Greater New York, qui œuvre pour l’égalité des membres de la communauté LGBTQ dont elle fait partie. Dans son mot de remerciement, elle a notamment asséné : « Si nous avions eu des démocrates plus bleus (couleur du parti), New York ne serait pas le pire État du pays en termes d’égalité. »  

Cynthia Nixon, 52 ans, l’une des flamboyantes interprètes de l’iconique série télévisée Sex and the City (1998-2004), est actuellement plongée dans la campagne électorale pour le siège de gouverneur de l’État de New York. Elle n’a pas encore officiellement annoncé sa candidature, mais la dynamique libérale livre déjà une bataille difficile face à un solide adversaire, Andrew Cuomo, 51 ans (le fils du fameux Mario Cuomo, qui a assumé cette même fonction de 1979 à 1982), et qui vise un troisième mandat. Nixon avait incarné dans Sex and the City le personnage de Miranda Hobbes, une avocate décidée, entretenant dans ses relations amoureuses un certain cynisme envers les hommes. Dans la vie, les choses étaient plus douces… Elle a partagé sa vie de 1988 à 2003 avec un professeur d’anglais, Danny Mozes ; ils ont eu deux enfants, Samantha et Charles Ezekiel. Puis, en 2004, elle prend un important virage en choisissant de se mettre en couple avec une experte du développement éducationnel, Christine Marinoni, mère de leur fils Max et qu’elle épouse officiellement en 2012. À ce sujet, elle avoue qu’elle n’aime pas utiliser le terme bisexuelle, même si, en fait, il la décrit bien, car elle trouve que cette catégorie n’a pas la respectabilité qui lui est due.

« Je ne vais quand même pas prendre une limousine ! »

Elle qui, après sa célébrité dans Sex and the City, s’était également illustrée dans les rôles de femmes politiques (Eleanore Roosevelt et Nancy Reagan) a commencé à se faire connaître pour son activisme en faveur de l’égalité politique de la communauté LGBTQ. Aujourd’hui, elle va plus loin et vise un changement de la gouvernance de l’État de New York, tout en reprochant à son actuel gouverneur sa tiédeur de démocrate, particulièrement en ce qui concerne la liberté d’orientation sexuelle. Si elle décide de présenter sa candidature face à la sienne, la bataille sera pour elle particulièrement difficile, en raison du poids de son adversaire et de son propre manque d’expérience politique, que le dynamisme et la popularité de son engagement ne suffiraient pas à faire oublier.

Néanmoins, selon les experts, Cynthia Nixon pourrait quand même ébranler la campagne de renouvellement que mène l’actuel gouverneur : elle apporterait de l’eau au moulin de sa base de militants qui le voudraient plus ouvert et plus tolérant. Ils pencheraient alors pour l’ancienne actrice, certes une outsider, mais qui partage avec eux les mêmes valeurs, avec plus de détermination que les autres. Elle a également fait ses preuves en œuvrant avec vigueur pour l’amélioration des programmes des écoles publiques où elle a inscrit ses trois enfants, alors qu’elle pouvait se permettre le luxe de l’enseignement privé. Son mode de vie contribue à sa force de persuasion et à sa crédibilité. La famille recomposée qu’elle a formée (avec son épouse, leur fils et ses deux enfants d’un premier mariage) coule à SoHo (quartier à caractère néo-intello de New York) une existence qui se veut saine et simple. Tout ce petit monde fait son marché, fidèle aux enseignes bio, et emprunte le métro pour tous ses déplacements. « Je ne vais quand même pas prendre une limousine », explique Cynthia Nixon, que le public de la fameuse série avait l’habitude de voir menant la grande vie. Elle sème sa bonne parole les cheveux plutôt désordonnés, en tous les cas naturels, et emmitouflée dans de grosses écharpes de laine pour se protéger du froid. Convaincue et passionnée, elle rejoint de nombreuses célébrités qui, avant elle, n’ont pas hésité à se mesurer à ce monde de la politique qui n’était pas le leur et où, en définitive, elles ont réussi à laisser leur marque indélébile : Ronald Reagan à la première magistrature et Arnold Schwarzenegger à la tête du plus grand et du plus peuplé des États du pays, la Californie.