Rechercher
Rechercher

Chianti ou bourbon ?

C’est de manière plutôt honorable que le cheval libanais vient de franchir, à Rome, la première haie d’une course aux faveurs internationales, dont les prochaines étapes auront pour cadres Paris et Bruxelles.

Outre un hommage appuyé, l’armée et les autres forces de sécurité libanaises obtiennent en effet des promesses de soutien en fournitures d’équipements variés, la France ouvrant généreusement les enchères avec une ligne de crédit de 400 millions d’euros. Reste cependant à mériter toutes ces largesses, et cela en traduisant en actes nos bonnes résolutions : lesquelles se trouvent être, en fait, celles de l’ONU, qui nous font obligation d’étendre l’entière autorité de l’État à la zone frontalière sud ; et aussi celles de l’accord de Taëf stipulant la dissolution des milices, les forces régulières demeurant seules en charge de la sécurité nationale.

Dès lors, et passée la douce ivresse romaine, c’est en réalité une patate brûlante qui nous tombe entre les mains sous la forme d’une courtoise – mais ferme – invitation internationale à mettre enfin de l’ordre dans nos affaires : en commençant par nous doter, pour le moins, d’un début de stratégie de défense. Depuis des années, cette mission tient de l’impossible, en raison du refus obstiné du Hezbollah de se dessaisir de son armement ; pourra-t-il désormais en aller autrement, à l’heure où le président de la République et le Premier ministre s’engagent à remettre sérieusement la question sur le tapis, sitôt passé le cap des prochaines élections législatives ?

Entre autres abus, la milice pro-iranienne s’est arrogé, comme on sait, la décision de paix ou de guerre, qu’il s’agisse d’affronter l’ennemi israélien ou alors d’aller prêter main forte à la tyrannie syrienne, comme s’en inquiétait hier encore le secrétaire général des Nations Unies. Le Hezbollah acceptera-t-il de n’être plus qu’une force supplétive intervenant seulement en cas de besoin et sur requête expresse du commandement militaire ? Et surtout le Hezbollah, dont le chef se vante d’être un soldat aux ordres de l’ayatollah Khamenei, est-il vraiment maître de ses propres décisions ?

Dès lors, toute la question est donc de savoir si, par la persuasion ou la contrainte, dans un climat de détente ou de crise, l’Iran peut être amené à céder du terrain au Liban. La détente, ce serait une attitude constructive de la République islamique face à une communauté internationale soucieuse de stabilité au Liban et qui, détail d’importance, ne cesse d’affirmer son attachement à l’accord sur le nucléaire iranien. Par contraste, ce sont de gros nuages noirs, annonciateurs d’orages, qui déboulent en provenance de Washington. En démettant Rex Tillerson, Donald Trump ne s’est pas seulement débarrassé, fort cavalièrement au demeurant, d’un secrétaire d’État qui était loin de partager toutes ses initiatives en matière de politique étrangère, et à leur tête la volonté présidentielle de renégocier l’accord avec l’Iran. C’est un faucon notoire, l’ancien directeur de la CIA Mike Pompeo, qu’il nomme à la tête du département d’État ; et pour faire bonne mesure, c’est à un rapace en jupons, technicienne de la torture, la sinistre Gina Haspel, qu’il confie la gestion du renseignement US.

Voilà qui semble présager de graves tensions américano-iraniennes, susceptibles de se répercuter sur l’ensemble du Moyen-Orient : cela à l’heure même où le chef de la Maison-Blanche se propose de désamorcer un autre dossier nucléaire, nord-coréen celui-là.

C’est avec deux pastèques éminemment explosives que va devoir jongler l’imprévisible Donald Trump.

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

C’est de manière plutôt honorable que le cheval libanais vient de franchir, à Rome, la première haie d’une course aux faveurs internationales, dont les prochaines étapes auront pour cadres Paris et Bruxelles. Outre un hommage appuyé, l’armée et les autres forces de sécurité libanaises obtiennent en effet des promesses de soutien en fournitures d’équipements variés, la France...