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Deux petits grains...

Fracassante, stupéfiante, à peine croyable est l’annonce d’une prochaine rencontre entre ces deux phénomènes que sont, chacun à sa manière, Donald Trump et Kim Jong-un, qui, depuis des mois, échangent régulièrement défis et provocations, insultes et menaces d’atomisation.

Les frasques et extravagances du premier ne se comptent plus, les dernières en date étant la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et l’imposition de taxes douanières qui font table rase du code de libre-échange. Plus caricatural encore – et considérablement plus sinistre – est le portrait du second, fils et petit-fils de tyran qui, entre autres et innombrables victimes, a fait assassiner ou exécuter un demi-frère, un oncle et son ministre de la Défense : pulvérisé, celui-là, au canon antiaérien.

Le président américain a surpris le monde entier en saisissant au vol l’impensable offre de rendez-vous, oralement convoyée par ses alliés sud-coréens, qui viennent eux-mêmes de reprendre langue avec leurs frères ennemis du nord. Donald Trump a même paru court-circuiter son propre diplomate en chef, Rex Tillerson, qui la veille encore estimait lointaines les chances d’un dialogue avec Pyongyang.

Heureuse, la surprise ? Si épouvantable est la poudrière nucléaire qu’on aurait bien mauvaise grâce d’en douter. L’Europe, la Russie et la Chine ont salué l’événement à venir, même s’il demeure hypothéqué par bien des incertitudes. La plus grave de celles-ci a paradoxalement trait à l’objet même des conversations. Kim Jong-un escompte réaliser enfin sa vieille obsession, consistant à discuter avec l’Amérique, mais seulement d’égal à égal. Voilà qui laisse supposer que la Corée du Nord, en dépit des sévères sanctions économiques qui la frappent, considère toujours comme non négociable son programme nucléaire ; peut-être même s’est-elle déjà dotée d’une bombe que ses missiles balistiques sont parfaitement capables de déposer en n’importe quel point du territoire US. Or voilà qui tranche spectaculairement avec les perspectives de dénucléarisation que croient déceler les Américains dans les soudaines ouvertures nord-coréennes.

Donald Trump aspire à déserter les gazettes à scandales pour faire son entrée dans l’histoire. Pour lui qui se vante sans cesse d’être un négociateur hors pair, un deal avantageux avec Pyongyang serait l’occasion de démontrer qu’il peut faire bien mieux que son prédécesseur Barack Obama, dont il n’a pas fini de fustiger la mollesse et la naïveté dans la gestion du dossier iranien. Avant que d’agir je négocierais comme… un fou, affirmait-il dans une interview télévisée, bien avant son élection. Le mot fatidique est lâché. Par l’intéressé lui-même, notez bien, lequel aura, pour vis-à-vis, encore plus excité que lui.

Il n’ y a pas de génie sans un grain de folie, professait Aristote, suivi en cela par Shakespeare et Pascal. L’ennui, c’est que l’inverse n’est pas vrai. Sans qu’il ait à s’encombrer de quelconques ambitions nucléaires, le citoyen libanais nageant dans l’absurde, du fait de l’incurie de ses dirigeants, est bien le premier à s’en douter…

Issa GORAIEB
igor@lorientlejour.com

Fracassante, stupéfiante, à peine croyable est l’annonce d’une prochaine rencontre entre ces deux phénomènes que sont, chacun à sa manière, Donald Trump et Kim Jong-un, qui, depuis des mois, échangent régulièrement défis et provocations, insultes et menaces d’atomisation. Les frasques et extravagances du premier ne se comptent plus, les dernières en date étant la reconnaissance...