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Moyen Orient et Monde - Analyse

La convalescence inachevée de Marine Le Pen

Marine Le Pen sera reconduite ce week-end à la tête du Front national, malgré les revers de l’année 2017. Pascal Rossignol/Reuters/File Photo

Présidente sans rival mais patronne fragilisée : voilà tout le paradoxe auquel est confrontée Marine Le Pen, qui sera reconduite ce week-end à la tête du Front national malgré les revers de l’année 2017, qui ont durablement abîmé son image. Le congrès de ce week-end à Lille, présenté comme celui de la « refondation » du FN, est a priori sans danger pour l’ex-candidate à la présidentielle à qui, en l’absence de concurrent, les militants confieront un nouveau mandat. Mais elle s’y présentera affaiblie, comme si les dix mois écoulés depuis son échec à la présidentielle et son débat de l’entre-deux-tours face à Emmanuel Macron, qu’elle-même qualifie de « raté », ne lui avaient pas laissé le temps de cicatriser. « Est-ce qu’on peut juger un dirigeant politique exclusivement sur un débat ? Je ne le crois pas, pas plus qu’on ne peut juger un joueur de football sur un seul match », s’est-elle récemment défendue devant des journalistes.
À ces défaillances originelles se sont ajoutées ces dernières semaines de mauvais nouveaux volants en escadrille : sortie médiatisée du premier tome des Mémoires de son père Jean-Marie Le Pen, lequel a remis en lumière les querelles de famille, et réapparition de sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, relançant les spéculations sur la succession. Dernier accroc en date : un sondage Kantar-Sofres-Onepoint pour LCP, Public Sénat, Le Monde et franceinfo, paru hier, qui montre une nette dégradation de son image. Désormais, seulement 16 % des Français interrogés verraient en elle une bonne présidente de la République, contre 24 % en février 2017, et 30 % la croient capable de rassembler au-delà de son camp, contre 42 % il y a un an. Cette actualité chargée est venue brouiller la préparation du congrès, qui est censé parachever la mue du FN, de parti d’opposition en parti de gouvernement. « L’idée est que Marine Le Pen soit remise en selle, à nouveau légitimée, analyse Sylvain Crépon, chercheur à l’Université de Tours et spécialiste de l’extrême droite. Mais, de fait, beaucoup doutent à voix basse de sa capacité à diriger. »

« Il y a des traces »
« Il y a quelque chose d’abîmé qui va mettre du temps à se résorber », abonde Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’IFOP. « Contrairement à ce qui se passait pour son père, il ne s’agit pas de dérapages contrôlés mais de doutes sur ses capacités, c’est beaucoup plus lourd, beaucoup plus compliqué à corriger. » Publiquement, les dirigeants frontistes soutiennent avec une foi intacte leur présidente, toujours « combative » et « décidée à en découdre », selon Steeve Briois, secrétaire général du FN et maire d’Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Elle-même a pourtant laissé entendre à plusieurs reprises ces dernières semaines que rien n’était décidé pour la prochaine présidentielle, en 2022, et qu’elle pourrait très bien céder la place à quiconque serait en meilleure position qu’elle, sans aller jusqu’à anticiper un éventuel retrait. Est-elle affaiblie ? « Non », a répondu le député Gilbert Collard dans une interview publiée samedi par Le Parisien. Mais, a-t-il aussitôt ajouté, « il y a des traces » laissées par le débat présidentiel et par le départ au mois de septembre de Florian Philippot, ex-vice-président et ex-stratège en chef tombé subitement en disgrâce. Pour tourner la page, Marine Le Pen a inlassablement plaidé ces derniers mois pour un changement de nom du FN, une appellation selon elle trop associée à l’ère Jean-Marie Le Pen et trop dissuasive pour les électeurs et de potentiels alliés.
La présidente du FN est à l’abri des frondes, ce que Sylvain Crépon explique par le désert autour d’elle. « Comme ils (les cadres) le disent tous, à part elle il n’y a personne. Ils sont un peu bloqués, un peu dans une impasse », juge-t-il. Un nom revient cependant avec insistance : celui de Marion Maréchal-Le Pen, théoriquement retirée de la vie politique, dont le discours très médiatisé devant un parterre de conservateurs américains en février a suscité la curiosité des médias et de l’électorat frontiste. Selon un sondage IFOP diffusé hier par Valeurs actuelles, les sympathisants frontistes souhaiteraient à 83 % que la nièce de Marine Le Pen revienne en politique.

Source : Reuters

Présidente sans rival mais patronne fragilisée : voilà tout le paradoxe auquel est confrontée Marine Le Pen, qui sera reconduite ce week-end à la tête du Front national malgré les revers de l’année 2017, qui ont durablement abîmé son image. Le congrès de ce week-end à Lille, présenté comme celui de la « refondation » du FN, est a priori sans danger pour...
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