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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Téhéran ne lâche rien face à Paris

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif (d.) échangeant une poignée de main avec le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, lors de leur rencontre à Téhéran le 5 mars 2018. Atta Kenare/AFP

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian s’est entretenu hier avec le président Hassan Rohani, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et l’amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, qui l’a reçu en tenue militaire comme pour mieux lui signaler qu’il ne le considérait pas comme un partenaire diplomatique. Il s’agissait pour M. Le Drian d’avoir avec la République islamique un « dialogue franc » pour discuter de l’avenir de l’accord sur le nucléaire de 2015, mais aussi d’obtenir des concessions sur la question des missiles balistiques et de l’influence de Téhéran dans la région du Proche et Moyen-Orient. 

Les deux parties se sont exprimées « très librement », avec « fermeté », a expliqué le ministre français. La visite de ce dernier avait également pour objectif de préparer la venue du président français Emmanuel Macron, qui a annoncé sa volonté de se rendre à Téhéran cette année. Cela serait la première visite officielle d’un chef d’État occidental en Iran depuis 1979. Mais en l’absence de résultats concrets de la part de Jean-Yves le Drian ou d’autres de ses homologues européens, cette visite pourrait être reportée ou annulée. Le ministre français s’est en effet heurté à la fermeté des Iraniens qui ont opposé une fin de non-recevoir aux exigences américano-européennes au sujet des missiles balistiques de la République islamique.

Le 12 janvier dernier, Donald Trump a lancé un ultimatum aux Européens, leur ordonnant de combler les « lacunes » de l’accord de Vienne. Ils ont jusqu’au 12 mai pour faire fléchir Téhéran sur ses positions, faute de quoi Washington sortira de l’accord et imposera de nouvelles sanctions à la République islamique. L’Iran a répondu une nouvelle fois hier à cette menace : « Si l’Amérique se retire de l’accord (...), l’Iran pourra reprendre l’enrichissement de l’uranium à 20 % en moins de 48 heures », a déclaré sur la chaîne d’information al-Alam, Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique d’Iran (OEAI).


(Lire aussi : Missiles, influence au Moyen-Orient : l'Iran oppose une fin de non recevoir à Paris)


Beaucoup de travail

La France souhaite, au même titre que ses partenaires européens et américains, voir l’Iran faire des concessions à propos de son programme balistique, en respectant la résolution 2231 du Conseil de sécurité. Celle-ci stipule que « l’Iran est tenu de ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des armes nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ». Mais Téhéran conteste avoir violé le texte et assure qu’aucun de ses arsenaux ne peut porter d’armes nucléaires. L’Iran a des « programmes balistiques de plusieurs milliers de kilomètres de portée qui ne sont pas conformes aux résolutions du Conseil de sécurité et dépassent les seuls besoins de sécurité des frontières de l’Iran », avait déclaré M. Le Drian, au Journal du Dimanche avant de partir pour Téhéran. Il a appelé la République islamique à prendre ce sujet « à bras-le-corps faute de quoi (elle) s’exposera à des sanctions ».

Téhéran considère cependant ce programme, essentiel pour la défense du pays, comme une ligne rouge, non susceptible d’être négociée. Le programme balistique iranien ne « constitue pas une menace (...) le renforcement de la capacité défensive de l’Iran, en particulier la puissance balistique du pays, (était) une nécessité inévitable dans le cadre de la politique de dissuasion » de l’Iran, a réaffirmé l’amiral Ali Shamkhani, au sortir de son entrevue avec le chef de la diplomatie française, cité par l’agence ISNA. « Les Iraniens n’accepteront pas de faire des gestes ou des concessions pour limiter leur programme balistique juste pour faire plaisir aux Européens et aux Occidentaux », affirme à L’Orient-Le Jour François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran de 2001 à 2005. Mais bien que des responsables officiels iraniens aient déclaré au journal Le Monde, bien avant la visite de M. Le Drian, que l’Iran pourrait limiter certains aspects de ce programme balistique, la République islamique semble rester inflexible sur ce sujet. 



Le chef de la diplomatie française a fait savoir à ses interlocuteurs ses interrogations à propos du « rôle de l’Iran dans les différentes crises », en mentionnant explicitement la situation humanitaire dans la Ghouta orientale sous le feu de Damas, le soutien iranien au régime de Bachar el-Assad et sa présence dans d’autres pays de la région (Liban, Irak, Yémen…). Le ministre français a évoqué « la capacité » de l’Iran à « intervenir de manière vigoureuse » auprès du gouvernement du président syrien Assad, son allié, pour apaiser la situation. Mais « il n’y a aucun autre moyen que de renforcer le gouvernement central à Damas pour régler la crise syrienne », a répondu Hassan Rohani. Les deux hommes ont donc des visions opposées sur le déroulement des opérations en Syrie. 

« Il y a encore beaucoup de travail à faire avec l’Iran », a déclaré M. Le Drian à l’issue de sa visite. « Je leur ai fait part (aux autorités iraniennes) des interrogations lourdes de la France sur ces deux sujets », a poursuivi le ministre, en mentionnant le programme des missiles et l’influence iranienne dans la région. Mais M. Le Drian et ses interlocuteurs restent d’accord sur le même principe : la sauvegarde de l’accord. « Il faut tout faire pour que cet accord-là, qui est un accord historique, puisse tenir », a ajouté le chef de la diplomatie française. Une annonce approuvée par le président Hassan Rohani. La préservation de cet accord « prouvera au monde que la négociation et la diplomatie sont la meilleure option pour régler les problèmes », a-t-il assuré.

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian s’est entretenu hier avec le président Hassan Rohani, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et l’amiral Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, qui l’a reçu en tenue militaire comme pour mieux lui signaler qu’il ne le considérait pas comme un partenaire diplomatique....

commentaires (5)

Je ne comprends pas comment le Louvre , la France, a prêté à l'Iran des joyaux du Louvre , ils sont vraiment insances, l'Iran peut pas les rendre, ils peuvent ,sois disant être volés, ils peuvent les abîmer et autre chose

Eleni Caridopoulou

18 h 30, le 06 mars 2018

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Commentaires (5)

  • Je ne comprends pas comment le Louvre , la France, a prêté à l'Iran des joyaux du Louvre , ils sont vraiment insances, l'Iran peut pas les rendre, ils peuvent ,sois disant être volés, ils peuvent les abîmer et autre chose

    Eleni Caridopoulou

    18 h 30, le 06 mars 2018

  • Le 30 septembre 1938, Edouard Daladier et Neville Chamberlain s'étaient rendus à Munich dans le but de dissuader Adolf Hitler d'occuper les Sudètes en Tchécoslovaquie, Hitler ne lâche rien face à Paris et Londres. Hitler annexa la Tchécoslovaquie et, grisé par l'hégémonie, il sauta sur la Pologne... Ce fut la cause de la Deuxième Guerre mondiale et ses 60 millions de personnes tuées. Remplacez Daladier et Chamberlain pour Jean-Yves Le Drian !

    Un Libanais

    15 h 34, le 06 mars 2018

  • En ce moment c’est l’iran Qui quémande!! .... on en est votre économie !?!

    Bery tus

    13 h 36, le 06 mars 2018

  • Sans rentrer dans les détails de ces négociations, rien que voir dans cette POIGNÉE de main entre 2 pays opposés politiquement , qui se disent des vérités en face , cela force le respect qu'on peut avoir pour un pays comme l'Iran NPR, qui fait valoir ses droits et a les moyens de SA POLITIQUE. RIEN À VOIR AVEC LE RESTE , ENFIN LES RESTES ........

    FRIK-A-FRAK

    09 h 40, le 06 mars 2018

  • ILS NE LACHERONT RIEN SANS DE VRAIES PRESSIONS ! IL FAUT EXIGER ET NON QUEMANDER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 27, le 06 mars 2018

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