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Santé - Virus

La rage, une maladie qu’on croyait révolue

Chaque année, plus de 59 000 personnes meurent du virus. Au Liban, où un décès vient d’être enregistré, des cas de rage chez l’homme sont occasionnellement identifiés.


Avoir un animal domestique est une responsabilité qui sous-entend de lui administrer les vaccins nécessaires. Photo Bigstock

Le décès il y a une semaine d’un jeune homme de 21 ans atteint de la rage a fait resurgir la crainte d’une maladie qu’on croyait appartenir à une époque révolue. Une même question hante les esprits : « Peut-on encore, au XXIe siècle, mourir de la rage ? »  

Malheureusement, oui. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la rage est responsable chaque année de 59 000 décès dans le monde, près de 95 % des cas survenant en Afrique et en Asie. De plus, près de 17 millions de personnes bénéficient chaque année d’un traitement après avoir été exposées à un animal potentiellement contaminé.

Au Liban, des cas de rage chez l’homme sont occasionnellement identifiés, selon le ministère de la Santé. Un cas a ainsi été noté en 2014 et un autre en 2017. Les cas de rage chez les animaux ne sont pas recensés.

Pourquoi la rage n’a-t-elle pas encore été éradiquée ? « Parce que c’est une zoonose, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un virus qui sévit chez les animaux sauvages, répond le Dr Jacques Mokhbat, spécialiste en maladies infectieuses. Il est donc virtuellement impossible de l’éliminer, puisqu’on ne peut pas vacciner tous les animaux sauvages. »

« Le virus de la rage se transmet par les morsures et les griffures d’un animal enragé, poursuit-il. Il peut se transmettre aussi par le léchage sur une plaie, mais non pas sur une peau saine. » En général, le virus est véhiculé par des animaux de grande taille, comme les chats et les chiens, puisque les animaux de petite taille, les rats et les souris à titre d’exemple, meurent une fois mordus par un animal enragé. « Si un animal herbivore est infecté par la rage, il ne transmet le virus que s’il devient enragé, précise le Dr Mokhbat. Dans des cas rarissimes, le virus peut se transmettre par voie respiratoire (dans les grottes infestées par des vampires contaminés en Amérique latine). La rage ne se transmet pas d’un homme à un autre. »

Les spécialistes distinguent deux formes de rage : sylvatique, se développant naturellement dans les forêts, et domestique, qui atteint les animaux domestiques et reste donc la plus proche de la rage humaine. Par ce fait, c’est cette dernière forme de la maladie qui est le plus fréquemment responsable de l’atteinte chez l’homme. « Plus les animaux domestiques sont vaccinés, plus on interrompt la chaîne de transmission la plus fréquente vers l’homme, et ce en coupant le lien entre les formes sylvatique et domestique de la rage », note le Dr Mokhbat.


(Lire aussi : Au Liban, on meurt encore de la rage...)


Irritabilité, hydrophobie, paralysie… et mort

Comment se manifeste la maladie ? « Un chien qui a attrapé le virus de la rage devient symptomatique dans les trois à huit semaines qui suivent la contamination, et contagieux cinq jours avant le début des symptômes, souligne le Dr Mokhbat. Le virus sévit ainsi dans sa salive. Si on est mordu, on risque d’être contaminé. En ce qui concerne le chat, il développe la rage après une période d’incubation de deux à six semaines. Il devient contagieux dix jours avant l’apparition des symptômes. »

« Chez l’animal, la maladie commence par se manifester par un comportement erratique, explique le Dr Mokhbat. Le chien devient ainsi agressif et attaque sans qu’il n’ait été incité à le faire. Dans une étape ultérieure, il ne va plus reconnaître son maître et va lui désobéir. Progressivement, le chien commence à saliver et devient incapable de boire de l’eau, ce qui va le mener à développer une hydrophobie. À un stade plus avancé, il va développer une paralysie des membres postérieurs, ce qui l’empêchera de marcher. Puis, il va sombrer dans le coma avant de mourir. En général, la mort survient dans les cinq à sept jours qui suivent le début des symptômes. »

Vaccins

Chez l’être humain, « la période d’incubation, c’est-à-dire le temps écoulé entre le moment de la morsure et le début des symptômes, dépendra de la distance entre l’endroit de la morsure et le cerveau, puisque le virus va migrer à travers les nerfs vers le cerveau », indique le Dr Mokhbat. « Plus la morsure est proche du cerveau, plus la période d’incubation est courte, poursuit-il. Elle peut donc osciller entre trois à quatre jours si la morsure est au visage et deux mois si elle est au pied, parfois même plus longtemps. Toutefois, des périodes d’incubation allant jusqu’à un an après la morsure ont été rapportées. »

Quant aux symptômes, ils commencent par de la fièvre et vont progresser jusqu’au coma, en passant par une période d’irritabilité, une incapacité à avaler l’eau entraînant une salivation et une hydrophobie, des spasmes pharyngés (c’est-à-dire de la gorge), une aérophobie (une peur de l’air), un affaiblissement et une somnolence. « Une fois le coma installé, ce qui survient généralement dans les cinq à sept jours qui suivent le début des symptômes, la mort va s’ensuivre rapidement. En général dans les trois à quatre jours suivants. Malheureusement, il n’y a aucune chance de survivre à la rage, une fois qu’elle est déclarée. C’est la seule maladie infectieuse qui est mortelle à tous les coups, puisque son évolution est inéluctable, une fois déclarée. »

D’où la nécessité de prendre les précautions nécessaires, si on est mordu par un animal suspect d’être contaminé par le virus de la rage. À cet effet, il est conseillé de se diriger à l’hôpital où la plaie sera bien nettoyée par un spécialiste, avant de recevoir « des immunoglobulines (anticorps), le vaccin antitétanique et le vaccin antirabique ». « La première dose du vaccin antirabique doit être administrée dans les six jours qui suivent la morsure. Trois doses supplémentaires seront données les troisième, septième et quatorzième jours qui suivent la première injection, note le Dr Mokhbat. À savoir que plus la morsure est proche du cerveau, moins le vaccin sera efficace, parce qu’il n’aura pas le temps de développer l’immunité nécessaire pour enrayer l’évolution de la maladie. » Le vaccin antirabique est disponible à l’hôpital gouvernemental Rafic Hariri.

Quid de la prévention ? « Elle consiste à vacciner tous les animaux domestiques qui sont habituellement carnivores comme les chats et les chiens, insiste le Dr Mokhbat. Sur le plan individuel, il n’existe pas de traitements préventifs à suivre. Le vaccin à titre prophylactique n’est administré qu’aux personnes en contact, au quotidien, avec le monde animal, comme les bergers, les vétérinaires, les gardes forestiers… » Et de réitérer : « Avoir un animal domestique est une responsabilité qui sous-entend de lui administrer les vaccins nécessaires. »


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