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Liban - Infrastructures

Les deux ponts de Jal el-Dib n’ont pas vocation à réduire les embouteillages, affirme le CDR

Les travaux ont repris après autorisation du Conseil d’État. Le CDR travaille en parallèle sur un projet de transports publics et deux nouvelles autoroutes.

L’on peut voir sur cette carte, à gauche, la bretelle permettant aux automobilistes de sortir de Jal el-Dib vers Beyrouth, suivie à droite de la bretelle permettant aux voitures venant de Jounieh d’entrer à Jal el-Dib. Carte fournie par la municipalité de Jal el-Dib

Les travaux ont repris depuis peu pour la construction de deux ponts en L qui devraient assurer l’entrée vers Jal el-Dib à partir de l’autoroute venant de Jounieh et la sortie de la localité vers la voie de l’autoroute menant à Beyrouth. Le gros des travaux avait été brièvement interrompu suite à une décision du Conseil d’État, après un recours présenté par des opposants au projet. Si ces derniers dénoncent un projet qui pourrait, selon eux, augmenter les embouteillages dans la localité, le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR) explique quant à lui que les ponts ont pour unique mission d’assurer l’entrée et la sortie, vers et en provenance de Jal el-Dib, et que le règlement du problème des embouteillages est à chercher ailleurs. Il propose à cet effet un projet de transports publics, ainsi que deux projets d’autoroute.

Le Conseil d’État, dans une décision rendue fin décembre, avait demandé l’arrêt des constructions pendant deux mois suite à une plainte arguant qu’aucune étude n’avait été faite par le CDR sur l’impact environnemental des ponts en L. À la mi-janvier, le Conseil d’État a autorisé la reprise des travaux, après que le CDR lui a présenté les documents en question.
« Nous avions lancé les travaux depuis trois mois quand l’instance administrative nous a demandé de les suspendre pour deux mois. Nous disposions néanmoins d’un mois pour mettre cette décision à exécution. Nous étions en plein dans la construction des infrastructures et systèmes de drainage et nous ne pouvions pas les laisser en l’état », a indiqué Élie Helou, chef de projet au CDR, à L’Orient-Le Jour, répondant ainsi à ceux qui dénonçaient la continuation des travaux malgré la décision du Conseil d’État. Ce dernier « nous a demandé de présenter une étude d’impact environnemental que nous avons fournie en 24 heures, car nous l’avions déjà. Maintenant, les travaux ont repris de la cadence », a-t-il ajouté. Les bases des ponts devraient être mises en place dans un mois, sans qu’il n’y ait de détournement de la circulation. La durée totale du projet est estimée à 12 à 14 mois.

Impact environnemental
Ces développements n’ont pas suffi à convaincre les opposants au projet des deux ponts en L. Interrogés par L’OLJ, ils continuent d’affirmer que le CDR n’a jamais effectué d’étude d’impact environnemental. « Le CDR est de connivence avec le ministre de l’Environnement. Si l’étude avait été faite, je suis certain que le projet aurait été arrêté », déclare à L’OLJ un habitant de Jal el-Dib, actif avec l’ancienne municipalité pour la promotion d’un plan alternatif aux ponts en L. « Il ne s’agit pas uniquement de voir si le projet va engendrer de la pollution, mais d’estimer son impact sur les habitants. Or nous sommes certains qu’il va créer plus d’embouteillages et que la moitié des commerces vont mettre la clé sous la porte », estime un autre opposant, qui avait participé au dépôt du recours auprès du Conseil d’État, mais souhaite rester anonyme.

Face à ces accusations, Élie Helou est formel : « L’étude de l’impact environnemental est conforme aux directives du ministère de l’Environnement, sinon ce dernier ne l’aurait pas acceptée. » Un responsable proche du ministère de l’Environnement explique que ce genre d’étude prend notamment en compte les effets que le projet peut avoir sur l’environnement en termes de pollution de l’air, d’effets sur la faune et la flore, ou en termes de nuisance sonore, ainsi que ses bienfaits socio-économiques.


Lancé en 1998 par le CDR, le projet visait au départ à construire un seul pont en L qui permette l’entrée à Jal el-Dib à partir de Dbayé, par le biais d’une seule bretelle. Ce projet a été maintes fois reporté et contesté au fil des années, notamment par les partisans de deux ponts en U. De grandes manifestations ont eu lieu sur l’autoroute, notamment en 2012 et en 2013.
Les deux ponts en U ont été brièvement adoptés en 2016 par le Conseil des ministres avant que ce dernier ne favorise les deux L en mai dernier, pour des raisons financières. L’argument des partisans des deux U est qu’ils permettraient aux automobilistes d’avoir accès à l’ensemble des six entrées de Jal el-Dib perpendiculaires à l’autoroute, au lieu d’être dirigés vers une seule voie, dans le but de contrer le problème des embouteillages en direction de la localité.


BRT et deux nouvelles autoroutes
Répondant à ceux qui accusent les ponts en L de créer plus d’embouteillages à Jal el-Dib, Élie Helou explique que « le but est de mettre en place une entrée et une sortie pour la région, pas de faire passer la circulation de l’autoroute à l’intérieur de Jal el-Dib ». « Ces deux ponts n’ont pas pour fonction de régler le problème des embouteillages sur cette zone, ajoute-t-il. Pour ce faire, il faut d’autres solutions comme le développement des transports publics ou la création de nouvelles autoroutes. Nous sommes en train d’étudier la création d’une autoroute reliant Dbayé à la Békaa et d’une autre reliant Dbayé à Aqaïbé (dans le Kesrouan). »

Le CDR prévoit en outre, en partenariat avec la Banque mondiale, la mise en place de grands bus (appelés en anglais BRT ou Bus Rapid Transit) appelés à circuler sur des voies d’autoroute dédiées, ainsi que de bus plus petits destinés à la ville. Le CDR a effectué une étude d’impact économique qui s’est avérée positive et la négociation d’un prêt de la BM devrait se faire en mars.
L’autoroute maritime qui reliera Dbayé à l’autoroute Émile Lahoud devrait aider à « amoindrir la pression exercée sur l’autoroute actuelle ». « L’autoroute que nous étudions sera accessible au niveau de l’ABC à Dbayé et permettra de longer la côte pour rejoindre l’autoroute Émile Lahoud et monter ainsi vers Hazmieh, Jamhour ou la Békaa sans passer par Dora. Nous attendons une décision du gouvernement pour voir si nous pouvons lancer les travaux. Si le Conseil des ministres accepte notre projet, nous aurons besoin d’un an pour effectuer une étude complète ainsi que quelques expropriations », révèle Élie Helou.

Quant à l’autoroute reliant Dbayé à Aqaïbé, elle a été avalisée il y a un mois par le gouvernement. M. Helou indique que le CDR est actuellement en train d’établir une étude de son impact écologique. « Cette autoroute prendra naissance au niveau de l’ABC Dbayé et passera dans la montagne au-dessus de Nahr el-Kalb. Au Kesrouan, elle prendra la forme d’une série de ponts et de tunnels qui relieront Jeïta, Ghazir, Haret Sakhr et Safra avant de descendre à Aqaïbé. La création de cette autoroute permettra de réduire la pression sur l’autoroute actuelle et de développer les régions dans lesquelles elle passera », assure encore M. Helou.


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