À l’heure où la classe politique est entièrement tournée vers les prochaines élections législatives prévues le 6 mai, les menaces à la sécurité continuent de peser sur le Liban. Les services concernés évitent d’en parler ouvertement pour ne pas créer une vague de peur ou d’inquiétude qui pourrait être exploitée dans les campagnes électorales, mais ils considèrent que la vigilance doit être de mise. Surtout après l’attentat contre un dirigeant du Hamas, Mohammad Hamdane, qui a eu lieu il y a près de deux semaines à Saïda. Juste après l’attentat, certaines parties ont tenté de faire croire qu’il s’agissait d’un nouvel épisode dans le feuilleton de la lutte interpalestinienne, mais l’enquête rapide menée par le SR des Forces de sécurité intérieure a montré qu’il s’agissait bel et bien d’un attentat israélien, en tout cas commandité par le Mossad, dans le but d’éliminer l’homme qui était chargé de la coordination entre le Hamas et le Hezbollah. Certains ont alors déclaré qu’il s’agissait d’un épisode de la lutte entre les Israéliens et l’axe dit de la résistance, visant, dans ce cas précis, le Hamas et le Hezbollah. Mais, aux yeux des autorités libanaises, cet attentat démontre la capacité des Israéliens à réaliser des attaques ciblées à l’intérieur du territoire libanais. Si aujourd’hui c’est un cadre palestinien qui est atteint, demain cela pourra être quelqu’un d’autre. D’où la détermination des services à fermer autant que possible toutes les brèches possibles et potentielles.
C’est d’ailleurs dans ce but qu’une réunion du Haut Conseil de défense s’est tenue à Baabda avant le départ du président Aoun pour le Koweït. Il s’agissait de renforcer la coordination entre les différents services concernés par la sécurité, d’échanger les informations et de partager les tâches pour l’étape à venir, dans un souci d’éviter toute infiltration éventuelle de terroristes ou d’agents ennemis.
Les menaces qui pèsent sur le Liban ont été ainsi longuement évoquées et elles ont été définies et cernées par les services comme étant au nombre de quatre :
– Selon les participants à la réunion, les organisations terroristes seraient en train d’utiliser les réseaux sociaux et internet pour enrôler de nouvelles recrues, au Liban et ailleurs dans le monde. Tout comme ces mêmes réseaux sont utilisés par les organisations terroristes pour donner des instructions à leurs recrues dans le monde et au Liban. Ce qui devrait pousser les autorités locales compétentes à suivre de près ce qui se passe sur les réseaux sociaux.
La deuxième menace pourrait être une conséquence de la décision américaine de suspendre la contribution des États-Unis au financement de l’Unrwa au Liban et en Syrie. Ce qui pourrait pousser les Palestiniens, déjà défavorisés et vivant dans des conditions difficiles dans les camps, à se rapprocher des organisations extrémistes, voire terroristes, qui sont généreuses en matière d’aides matérielles. Plus l’Unrwa manque de moyens et moins elle peut aider les Palestiniens vivant dans les camps sur le plan des aides matérielles pour améliorer leurs conditions de vie et de l’aménagement d’écoles pour l’enseignement de leurs enfants. La décision du président américain Donald Trump de suspendre la contribution de son pays au financement de l’agence onusienne se voulait comme un moyen de pression sur les pays concernés et sur l’Autorité palestinienne. Mais elle peut se transformer en encouragement indirect aux Palestiniens à se radicaliser et se rapprocher des organisations terroristes, sachant que certains camps palestiniens abritent déjà des extrémistes et des personnes recherchées par la justice libanaise, qui sont placés sous la responsabilité des organisations palestiniennes elles-mêmes.
La troisième menace concerne directement les Israéliens après l’attentat de Saïda. Il s’agit donc, pour les autorités libanaises, de faire preuve de vigilance face à l’existence de réseaux ou de filières du Mossad au Liban. Le cas de Ziad Itani, actuellement en état d’arrestation, s’inscrit dans la traque des services d’agents potentiels du Mossad et la volonté de démanteler des réseaux éventuels. Itani est actuellement déféré devant le tribunal militaire et son procès devrait montrer si les soupçons contre lui étaient justifiés ou non.
La quatrième menace réside, pour les autorités, dans la radicalisation des discours politiques en vue des prochaines législatives. En même temps, la polarisation confessionnelle et le fait de soulever des dossiers à caractère confessionnel, notamment celui d’une nouvelle loi d’amnistie générale qui serait basée sur une équité confessionnelle, entre chrétiens et musulmans, peuvent favoriser un climat de discorde. En effet, plusieurs formations politiques ne craignent pas de créer des polémiques confessionnelles pour gagner un peu plus de voix, mais ignorent le risque de discorde entre les différentes bases confessionnelles, qui pourrait servir de brèche utile aux fauteurs de troubles et aux parties qui souhaitent déstabiliser le Liban.
Dans ce contexte, les services de sécurité ont choisi d’appliquer la stratégie des opérations préventives dans leur traque des réseaux, des filières ou des cellules terroristes, et leur action leur a valu les félicitations de plusieurs services de sécurité européens qui sont en train d’augmenter leur coopération et l’échange d’informations avec eux. Dans la lutte mondialisée contre le terrorisme, le Liban reste en bonne place !
Liban - Décryptage
Les menaces sécuritaires qui pèsent sur le Liban
OLJ / Par Scarlett HADDAD, le 27 janvier 2018 à 00h00
commentaires (10)
PRIERE LIRE DANS MA REACTION, SOUFFRE EN GENERAL DE PARTIALITE ETC... MERCI.
LA LIBRE EXPRESSION
21 h 51, le 27 janvier 2018