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Liban - Témoignages

Wissam Eid, un as du renseignement dont le génie restera gravé dans les mémoires

« La douleur est aussi vive que le jour où il a été assassiné », confie Samira Eid.

Les parents de Wissam Eid, Mahmoud et Samira, dans l’avion en partance pour La Haye, avant le début du procès Hariri, en janvier 2014.

Dix ans déjà... Les jours s’en vont, mais cette douleur aiguë qu’aucun esprit ne peut comprendre, celle d’une mère qui a perdu son fils, cette douleur incommensurable, elle, est tenace. Diablement tenace.

« Avec le temps, on pense que la douleur s’estompe, qu’elle devient moins vive, parce que cela fait partie de la nature humaine. Mais le 25 janvier de chaque année, en voyant défiler devant mes yeux des photos de lui dans les journaux, les panneaux dans la rue ou à la télévision, c’est le retour au moment fatidique, à l’instant où tout a basculé... et la douleur qui brûle mon cœur est aussi vive qu’il y a dix ans », confie Samira Eid à L’Orient-Le Jour.

Son fils, le capitaine Wissam Eid, chef du département technique du service des renseignements des Forces de sécurité intérieure (FSI), lui a été arraché le 25 janvier 2008, dans un attentat à la voiture piégée à Hazmieh, qui avait fait six tués et quarante blessés. Ce soldat inconnu, cet enquêteur hors pair s’est avéré être une pièce fondamentale dans l’enquête relative à l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005. Un coup de génie qu’il a payé de sa vie.

« Je craignais ce funeste 25 janvier depuis que Wissam a pris en charge le dossier de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Avant qu’on ne lui assigne cette tâche, il a demandé mon avis et celui de son père. Malgré nos craintes, nous l’avions encouragé parce que nous avions senti que l’appel du devoir a sonné pour notre fils », confie Mme Eid.
Aujourd’hui, l’indomptable souffrance s’accompagne d’un irrépressible sentiment de vanité, de futilité.
« J’aurais bien aimé avoir au moins la consolation de savoir que, dix ans après son assassinat, le sang de mon fils et de tous les autres martyrs n’a pas coulé en vain », se lamente-t-elle, avant d’enchaîner : « Si la vie de mon fils était le prix à payer pour que notre pays connaisse de meilleurs jours, j’aurais pu comprendre ce qui nous est arrivé. Mais ni la justice n’a été rendue ni la vérité dévoilée. »
« D’ailleurs, personne n’a voulu dévoiler au grand jour l’identité des assassins, encore moins œuvrer dans ce sens... Tout ce que nous voulions savoir, c’est qui a tué notre fils, ce jeune homme de 31 ans, d’une intelligence atypique, qui excellait partout, à l’école, à l’université et au sein des FSI... » dit-elle, la voix prise par l’émotion.


(Lire aussi : TSL : le double legs de Wissam Eid)

« Un grand héros »
Pour Achraf Rifi, les assassins ne se sont pas trompés de cible. L’ancien patron des FSI, qui salue aujourd’hui la mémoire d’« un grand héros », les criminels « ont tué un grand expert qui a fait preuve d’un grand professionnalisme ». « Ces accomplissements ont joué un rôle très important dans le déroulement du Tribunal spécial pour le Liban », dit-il à L’OLJ. « Je m’incline devant la souffrance de ses proches et de ses amis, de sa famille, et de sa mère en particulier, indique l’ancien ministre de la Justice. Mais je voudrais leur dire que nous poursuivons le chemin de l’indépendance tracé par Wissam Eid et par le 14 Mars, même si certaines figures de la révolution du Cèdre ont perdu de vue la cause principale. Il n’y a rien à craindre pour notre quête d’indépendance et de souveraineté. »

« N’étaient ses efforts concernant le dossier de l’assassinat de Rafic Hariri, le TSL n’aurait pas avancé », affirme à son tour l’ancien député Moustapha Allouche, originaire de Tripoli, comme Wissam Eid. « Il s’est sacrifié pour la vérité. Il a accepté ce sacrifice », dit-il. « En fait, grâce à Wissam Eid, la fausse sainteté du Hezbollah au Liban a été mise à nu », ajoute M. Allouche, en allusion aux résultats de l’enquête menée par le capitaine Eid et impliquant le Hezbollah dans l’assassinat de M. Hariri. Et de conclure, lapidaire : « En fait, la seule consolation à sa famille serait de lui rendre justice, en mettant fin au règne des milices armées qui ont tué Wissam Eid et Rafic Hariri. »


Pour mémoire

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Dix ans déjà... Les jours s’en vont, mais cette douleur aiguë qu’aucun esprit ne peut comprendre, celle d’une mère qui a perdu son fils, cette douleur incommensurable, elle, est tenace. Diablement tenace.« Avec le temps, on pense que la douleur s’estompe, qu’elle devient moins vive, parce que cela fait partie de la nature humaine. Mais le 25 janvier de chaque année, en voyant...

commentaires (3)

Allah yirham Wissam! Un vrai héros faisant son boulot comme il se doit.

Wlek Sanferlou

13 h 13, le 25 janvier 2018

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Commentaires (3)

  • Allah yirham Wissam! Un vrai héros faisant son boulot comme il se doit.

    Wlek Sanferlou

    13 h 13, le 25 janvier 2018

  • L,ASSASSINAT DE FEU RAFIC HARIRI FUT DEVOILE DES LES PREMIERS JOURS PAR WISSAM EID... QUE FAIT LE TSL ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 13, le 25 janvier 2018

  • depuis, la syrie a ete reduite en cendres....

    George Khoury

    08 h 12, le 25 janvier 2018

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