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Liban - Distanciation

Arrêter Khazaali ou sanctionner le Hezbollah ?

Pour les milieux hostiles au parti chiite, il faut surtout identifier ceux qui ont facilité la tournée du milicien irakien en zone frontalière.

Approuvée le 5 décembre dernier en Conseil des ministres, la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits régionaux n’a pas tardé à subir une grave violation, quelques jours plus tard. Et pour cause : Qaïs Khazaali, un responsable de la milice irakienne « Asa’eb ahl el-Haq », proche du Hezbollah, effectuait le 9 décembre une tournée dans la zone frontalière libano-israélienne.

Plus d’un mois après cette visite, les autorités libanaises semblent avoir décidé de réagir, en vue de renforcer ce qui devrait être une politique officielle. À la faveur de cette logique, le procureur général près la Cour de cassation, Samir Hammoud, a publié une circulaire ordonnant l’arrestation de M. Khazaali « pour être entré illégalement en territoire libanais ».

Interprétant cette décision, on estime dans certains milieux politiques que l’État a reconnu que M. Khazaali a pénétré illégalement en territoire libanais, à l’heure où le ministre de la Justice, Salim Jreissati, assurait en Conseil des ministres qu’aucune personne nommée « Qaïs Khazaali » n’est entrée au Liban via les frontières. Le ministre de la Justice répondait ainsi aux questions des ministres Ghassan Hasbani et Pierre Bou Assi (Forces libanaises), lors de la séance gouvernementale tenue le 4 janvier à Baabda.
Se voulant plus optimistes, certains observateurs estiment que cette décision judiciaire revêt une certaine importance dans la mesure où elle prouve que le pouvoir judiciaire existe encore au Liban et qu’il est capable de prendre des mesures à même de préserver le prestige de l’État.

D’autant que le Premier ministre, Saad Hariri, a assuré hier, une nouvelle fois, que « toutes les composantes » de son cabinet respectaient la politique de distanciation. Allant encore plus loin, des sources politiques informées, citées par l’agence locale al-Markaziya, soulignent qu’en engageant des poursuites contre M. Khazaali, le pouvoir politique a adressé un message fort au Hezbollah, dans la mesure où celui-ci avait préparé la tournée du milicien irakien. Il s’agit pour le pouvoir politique – sous l’égide de Michel Aoun, grand allié chrétien du parti chiite – d’affirmer que les violations de la politique de distanciation et les atteintes à la souveraineté du Liban et son territoire seront sanctionnées, quels qu’en soient les auteurs, note-t-on.


(Lire aussi : La crédibilité du Liban mise à mal par le défilé de jihadistes chiites à la frontière sud)


Pessimisme…
Sauf que, dans les milieux hostiles au parti chiite, on perçoit les choses sous un angle tout à fait différent. On rappelle qu’il est normal de tenter d’arrêter toute personne qui entrerait illégalement sur le territoire libanais. Dans les mêmes milieux, on va même jusqu’à faire valoir que, le plus important, c’est de sanctionner ceux qui ont facilité la tournée de Qaïs Khazaali en zone frontalière, en l’occurrence le Hezbollah.
Ce point de vue est, par exemple, avancé par un proche de l’ancien ministre de la Justice Achraf Rifi, farouche opposant au parti chiite.

Joint par L’Orient-Le Jour, ce proche de M. Rifi insiste sur la nécessité d’engager des poursuites contre ceux qui ont outrepassé les mesures prises par l’armée libanaise aux frontières. « L’important est donc de sanctionner le Hezbollah », déclare-t-il sans détour, exprimant le souhait que la circulaire de M. Hammoud ne soit pas une simple procédure de forme.

Même son de cloche chez le journaliste Ali el-Amine, rédacteur en chef du site al-Janoubiya, également hostile à la ligne politique du parti de Hassan Nasrallah. « S’ils sont vraiment sérieux, ils devront mener une sérieuse enquête pour identifier ceux qui ont permis à Qaïs Khazaali d’effectuer sa visite au Liban », souligne-t-il à L’OLJ, notant qu’il est normal d’arrêter des gens qui entrent dans le pays de manière illégale. « La circulaire du juge Hammoud n’est donc pas un accomplissement en soi », ajoute-t-il.

Le général à la retraite Khalil Hélou, vice-président du mouvement Liban-Message, lui, se veut un peu plus optimiste. Contacté par L’OLJ, il indique que le pouvoir judiciaire fait son devoir et prouve que l’État, en tant qu’entité souveraine, existe encore. M. Hélou s’empresse toutefois de nuancer ses propos. « Tout le monde sait que M. Khazaali ne sera pas réellement arrêté », dit-il, plaidant pour une enquête sur ceux qui ont facilité la visite du milicien irakien.
Commentant l’affaire sous un angle strictement politique, il estime que Saad Hariri « a offert un lot de consolation à ses adversaires qui se plaignent de la précarité de la politique de distanciation ».



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Approuvée le 5 décembre dernier en Conseil des ministres, la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits régionaux n’a pas tardé à subir une grave violation, quelques jours plus tard. Et pour cause : Qaïs Khazaali, un responsable de la milice irakienne « Asa’eb ahl el-Haq », proche du Hezbollah, effectuait le 9 décembre une tournée dans la zone...

commentaires (6)

Bien entendu ce Qaïs Khazaali est là à attendre bien docilement qu'on vienne l'arrêter, comme tous les autres exécutants du Hezbollah...depuis des années. Même le terme de république bananière est trop beau pour notre pays, le Liban... Irène Saïd

Irene Said

16 h 41, le 25 janvier 2018

Tous les commentaires

Commentaires (6)

  • Bien entendu ce Qaïs Khazaali est là à attendre bien docilement qu'on vienne l'arrêter, comme tous les autres exécutants du Hezbollah...depuis des années. Même le terme de république bananière est trop beau pour notre pays, le Liban... Irène Saïd

    Irene Said

    16 h 41, le 25 janvier 2018

  • Troisième option: nous chatouiller aux pieds, car on est fatigués et ne pouvons plus rire de cette comedie. Cette poudre aux yeux inutile dont le seul but est de nous faire croire qu'un travail est entrain de se faire contre le tourisme illégal, l'emprise du hezb, les déchets dans les rues, les querelles soit disant politique alors quelles sont confessionnelles mais aussi probablement monétaires, etc... Allah (s'il ne ricane pas déjà) yisseiidna...

    Wlek Sanferlou

    13 h 12, le 25 janvier 2018

  • nouvelle comedie jouee sans aucun brio ! les libanais sont de moins en moins "touches" par de tels semblants de prise de conscience de leur part - les gens du pouvoir- TOUS - . Pt't C encore du populisme qui vise a aveugler encore plus les personnes recalcitrantes a voter pour

    Gaby SIOUFI

    10 h 10, le 25 janvier 2018

  • ON SAISIT LE TRAFIC S,IL EST TOUJOURS LA MAIS ON PUNIT LES TRAFIQUANTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 04, le 25 janvier 2018

  • "Arrêter Khazaali ou sanctionner le Hezbollah ?" Non pas "ou", mais "et". "Tout le monde sait que Khazaali ne sera pas arrêté". En effet. Par contre identifier ses complices est facile, puisque l'un d'entre eux a avoué publiquement: Hassan Nasrallah! Quant à l'arrêter, c'est évidemment une autre histoire!

    Yves Prevost

    07 h 53, le 25 janvier 2018

  • Ni l'un ni l'autre mon général. Sinon les 2 .

    FRIK-A-FRAK

    01 h 31, le 25 janvier 2018

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