À l’heure où l’écrasante majorité des formations politiques commence à tracer les grandes lignes de ses alliances électorales, le chef des Kataëb, Samy Gemayel, se veut plus méthodique : il préfère commencer par définir son objectif pour les législatives du 6 mai prochain. Il s’agit de mener la bataille du changement face au pouvoir en place, auquel M. Gemayel et son parti s’opposent depuis plus de deux ans.
Pour atteindre son but, le député du Metn profite de la proportionnelle pour tendre la main à ce qu’il appelle « des forces de changement ». Mais, en même temps, il lance un clin d’œil à ses alliés traditionnels, aujourd’hui partenaires au pouvoir, notamment les Forces libanaises.
Si les deux partis tentent de réchauffer leurs relations perturbées depuis la signature de l’accord de Meerab entre les FL et le courant aouniste, il y a deux ans, il reste que le dialogue actuellement en cours entre les deux formations est encore très loin d’avoir débouché sur une alliance électorale entre elles. À ce sujet, Samy Gemayel met les points sur les i. « La lenteur de notre dialogue avec Meerab s’explique par le fait que les FL n’ont pas encore pris de position claire sur ce plan », explique-t-il lors d’une rencontre avec les médias au siège de son parti à Saïfi. « Les FL nous envoient des signaux contradictoires. Parfois, elles affirment vouloir faire face aux erreurs commises par le pouvoir politique. Et, parfois, elles disent vouloir normaliser les relations avec les protagonistes actuellement au pouvoir », souligne le chef des Kataëb. « Il revient aux FL de prendre une position claire », insiste-t-il d’un ton ferme, faisant valoir que les alliances électorales n’ont pas encore été abordées dans le cadre du dialogue avec le parti de Samir Geagea.
En attendant la réponse de Meerab, Samy Gemayel continue à accorder ses violons avant le scrutin de mai prochain aux côtés de certaines personnalités indépendantes et factions de la société civile. Mais à l’heure où des observateurs estiment qu’une telle alliance ne permettrait pas aux Kataëb d’enregistrer les gains électoraux auxquels ils aspirent, M. Gemayel se veut optimiste. « Nous ne sommes pas des kamikazes. Nous sommes pragmatiques et professionnels. Nous avons montré le bon exemple d’une opposition sérieuse qui étudie ses dossiers », explique-t-il en réponse à une question de L’Orient-Le Jour. Au terme « société civile », Samy Gemayel préfère substituer celui d’« opinion publique ». « Les législatives de 2018 sont une opportunité offerte à la majorité silencieuse de cette opinion publique. Elle devrait s’exprimer, et sanctionner ceux qui ont instauré la ligne politique actuelle », dit-il.
(Lire aussi : Au bal des bouffons, le billet de Gaby NASR)
« La révolte »
Entre-temps, Samy Gemayel continue à jouer son rôle de farouche opposant au cabinet Hariri, dans la mesure où celui-ci commet des erreurs « inacceptables », selon le député du Metn. C’est d’ailleurs dans ce cadre qu’il place l’amnistie générale attendue prochainement. « Cela provoque une révolte en moi, parce qu’il est évident qu’il s’agit d’un pot-de-vin électoral dangereux », s’alarme M. Gemayel qui ne trouve aucun autre motif à une telle décision.
Le chef des Kataëb s’indigne aussi d’un autre danger qui menace l’identité du Liban. Il s’agit des atteintes aux libertés publiques et au droit à la culture et la connaissance, par le biais des récentes interdictions de films. « Si vous estimez que le film Beirut donne une mauvaise image de la capitale, je vous rappelle que vous avez fait de même au moyen de la crise des déchets que vous aggravez en élargissant la décharge sauvage de Costa Brava. Et face à cette crise chronique, doublée de plusieurs autres, vous ne trouvez urgent et nécessaire que de changer les plaques d’immatriculation des voitures ! » lance-t-il à l’adresse du gouvernement, stigmatisant par la même occasion « le mépris » des autorités à l’égard des gens.
À tous ces problèmes, Samy Gemayel ne trouve qu’une seule solution : « Les gens devraient saisir l’occasion des législatives pour changer la ligne actuelle et permettre à de nouvelles personnes de leur présenter un nouveau mode d’action, axé sur le refus du gaspillage et de la corruption, et la défense de la souveraineté. »
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commentaires (5)
Samy Gemayel rentrera dans le bourbier FL, déjà allié à M.AOUN et HN. Si accord il y a entre lui Gemayel, il posera peu face aux deux artistes de la gesticulation Il ferait de renforcer les katayeb, c'est plus sécurisant. Les catholiques ont besoin de sécurité pas d'aventure avec HN , le milicien iranien, ni de Hariri soumis à l'Arabie Saoudite
FAKHOURI
17 h 59, le 19 janvier 2018