Comme à chaque fois qu’il prononce un discours, les propos du secrétaire général du Hezbollah, cet après-midi, à l’occasion du quarantième du décès du père de Imad Moghnié, seront attentivement suivis par les services américains et israéliens. D’autant que, selon les sources proches de cette formation, Hassan Nasrallah devrait consacrer une partie importante de ce discours à la situation régionale et ce qu’il considère comme « la solidité de l’axe de la résistance ».
Selon un diplomate occidental en poste à Beyrouth, l’administration américaine suit de près les activités du Hezbollah et dresse des plans pour tenter de l’affaiblir et de le discréditer. Mais, en même temps, l’administration américaine ne souhaite rien entreprendre qui pourrait remettre en cause la stabilité du Liban, et elle peine à trouver des moyens de lutte efficaces pour contrer l’influence du Hezbollah tout en préservant le calme au Liban. C’est pourquoi, selon le diplomate précité, les Américains et leurs alliés internationaux et régionaux ont actuellement les yeux fixés sur les prochaines législatives, avec un objectif précis : empêcher le Hezbollah et ses alliés d’obtenir une majorité parlementaire qui consacrerait un nouveau rapport des forces au Liban, en mettant un terme au bouleversement survenu en 2005 après l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri.
Selon le diplomate occidental précité, les Américains n’étaient pas étrangers à la formation de l’alliance électorale quadripartite au Liban en 2005 entre le Hezbollah, Amal, le courant du Futur et le PSP, qui a permis au mouvement du 14 Mars de se doter d’une majorité parlementaire en s’alliant aux deux formations chiites pour faire élire des députés qui lui sont acquis dans des régions où il est minoritaire. On se souvient d’ailleurs de l’insistance de l’ambassadeur américain à Beyrouth de l’époque, Jeffrey Feltman, pour que les élections législatives aient lieu à la date prévue (mai 2005) coûte que coûte, alors que de nombreuses parties préféraient renverser d’abord le président de la République de l’époque Émile Lahoud, pour organiser ensuite des législatives.
(Lire aussi : Au bal des bouffons, le billet de Gaby NASR)
Aujourd’hui, et avec les développements régionaux qui ont évolué en faveur de l’axe dit de la résistance et en particulier en faveur du Hezbollah, les Occidentaux craignent donc que les prochaines législatives ne soient l’occasion pour ce parti de couronner sa suprématie militaire par des acquis politiques qui lui permettraient de contrôler directement les institutions du pays.
Pour éviter un tel scénario, les Occidentaux travailleraient dans plusieurs directions. Il y a d’abord les sanctions économiques et le harcèlement du Hezbollah pour tenter d’assécher toutes ses sources de financement. Il y a aussi le travail sur le terrain en Syrie et en Irak pour tenter de briser la jonction territoriale entre Téhéran et Beyrouth, réalisée par la reprise par les armées syrienne et irakienne et leurs alliés de la frontière entre les deux pays. C’est dans ce contexte que le diplomate précité place la formation par les Américains d’une nouvelle armée dans le nord-est de la Syrie, essentiellement composée des forces kurdes. Mais cette initiative pourrait ne pas être couronnée de succès, sachant qu’elle a déjà provoqué la colère de la Turquie.
Et, enfin, il y a un feu vert donné aux Saoudiens pour utiliser leur influence sur les parties politiques libanaises, dans le but de relancer le mouvement du 14 Mars et de former des alliances électorales qui permettraient la victoire de leurs alliés au détriment de ceux du Hezbollah. Les réunions successives qui se déroulent ces derniers jours entre les représentants des Forces libanaises, ceux du courant du Futur et ceux du PSP s’inscriraient dans ce cadre, sachant que les FL, par exemple, ont besoin d’alliances dans plusieurs circonscriptions pour que les listes auxquelles leurs candidats participent obtiennent le seuil d’éligibilité. Une fois ce seuil atteint, leurs candidats ne devraient pas avoir de problème avec les voix préférentielles pour être élus. Dans ce contexte, les observateurs estiment que la bataille électorale à venir s’annonce féroce, car les enjeux ne sont pas uniquement locaux. Les autorités saoudiennes espèrent ainsi reconquérir, par le biais des législatives, leur influence perdue dans la foulée de la crise dite de la démission de Riyad, et les Occidentaux espèrent empêcher le Hezbollah de se doter d’un bouclier parlementaire formé de députés appartenant à toutes les communautés, qui lui assurerait une sécurité interne et lui permettrait ainsi de se consacrer à ses projets régionaux.
Dans ce contexte, l’annonce par le Premier ministre Saad Hariri de l’impossibilité de conclure la moindre alliance avec le Hezbollah, dans le cadre des prochaines législatives, est considérée par les Occidentaux comme un point positif, tout comme l’alliance entre le CPL et le courant du Futur pourrait créer des dissensions entre le courant aouniste et le Hezbollah, dans l’optique du diplomate occidental précité. Le fameux pari sur l’affaiblissement de l’alliance politique entre le Hezbollah et le CPL, qui avait été déjà fait dans le cadre de l’élection du général Michel Aoun à la présidence de la République, est donc de nouveau à l’ordre du jour. Mais il faudra attendre le mois de mai pour savoir si, cette fois, il sera gagnant.
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commentaires (6)
H.N. AVANT SON INTERVENTION EN SYRIE JURAIT PAR TOUS LES DIEUX... ET PAR DIEU DONT IL USE SACRILEGEMENT LE NOM... QU,IL N,AVAIT RIEN A VOIR AVEC L,IRAN ET QU,ON ACCUSAIT LE HEZB FAUSSEMENT... APRES AVOIR ETE MIS A JOUR POUR SON APPARTENANCE NON NATIONALE... COMME, LES L... IL ADMET DEPUIS TOUT !
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 40, le 19 janvier 2018