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Migrants : en visite à Calais, Macron critique les "incohérences" de l'UE

"En aucun cas, nous ne laisserons se reconstituer une +jungle+" à Calais, a assuré le président français.

Le président français, Emmanuel Macron, entouré de gendarmes, lors d'une visite à Calais, le 16 janvier 2018. Photo AFP / POOL / Denis Charlet

Le président français Emmanuel Macron a vivement critiqué mardi les "incohérences" de la politique européenne d'asile lors d'une visite à Calais, port emblématique de la crise migratoire face aux côtes anglaises, où il a défendu sa politique controversée sur l'immigration.

"En aucun cas, nous ne laisserons se reconstituer une +jungle+" à Calais, a assuré le président dans un long discours devant les forces de l'ordre à Calais, en référence à l'immense bidonville de plus de 8.000 migrants qui avait été démantelé fin 2016.
"Tout est fait pour que le passage illégal ne soit pas possible à Calais", qui "n'est pas une porte d'entrée dérobée vers l'Angleterre", a-t-il dit.

Entre 350 et 500 migrants, selon l’État, sont aujourd'hui présents à Calais, essentiellement venus de la Corne de l'Afrique (Éthiopie, Érythrée) et d'Afghanistan.

Cette première visite en tant que président était très attendue, en plein débat sur un projet de loi destiné à réformer la politique migratoire et le droit d'asile, un texte critiqué à gauche comme à droite.
Le déplacement intervient de plus à deux jours du sommet franco-britannique avec Theresa May, lors duquel Paris compte bien demander aux Britanniques "d'aider Calais à se développer" et de reprendre "un certain nombre de migrants", a précisé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
Il faut "mieux gérer" le dossier des mineurs isolés non accompagnés, a estimé à ce titre M. Macron, "renforcer la coopération policière à Calais" et "développer un fonds pour soutenir les projets importants" pour la région.

Paris envisage en particulier un aménagement des accords du Touquet, qui fixent depuis 2004 la frontière à Calais. Le gouvernement britannique est "prêt à écouter les arguments" de Paris, ont déclaré des sources gouvernementales citées par la presse d'outre-Manche.

 

(Lire aussi : Paris durcit sa politique d'immigration)

 

"Yo-Yo permanent"
Mais M. Macron a réservé ses mots les plus durs à la politique européenne de l'asile, soulignant ses "insuffisances et incohérences".
Il a ainsi vivement critiqué le système de Dublin, ce principe d'examen de la demande d'asile par le premier État d'entrée dans l'UE.

"Le système de Dublin tel qu'il a été mis en place est plein d'incohérences", a-t-il tancé, jugeant cependant que le remplacer par un système où la demande d'asile pourrait être déposée dans n'importe quel État européen n'est "pas une solution envisageable à court terme car elle conduirait à déresponsabiliser tous les pays d'entrée".
"Ce que nous devons faire, c'est organiser une politique européenne plus solidaire à l'extérieur et en son sein, et donc mettre plus de moyens au contrôle des frontières, plus de cohérence dans la politique à l'extérieur de nos frontières (...)", a-t-il estimé.

Peu avant son discours, lors d'une visite dans un centre d'accueil des migrants non loin de Calais, le président avait critiqué le système de "yo-yo permanent" du renvoi dans leur pays d'arrivée des migrants "dublinés". "Il faut qu'on simplifie les choses et qu'on évite cet aller-retour permanent", a déclaré le président.

 

(Lire aussi : Immigration: pour expulser plus, la France veut faire pression sur les pays "récalcitrants")

 

"Responsabilité"
Plusieurs personnalités, dont certaines proches du chef de l’État, ont signé mardi dans le journal Le Monde une tribune très critique à l'égard de la politique migratoire du gouvernement.
Dans une réponse indirecte, Emmanuel Macron a appelé les forces de l'ordre, accusées notamment de confisquer les effets personnels des migrants, à être "exemplaires", mais également les associations à la "responsabilité".

Il a de plus annoncé que l’État allait "prendre en charge" la distribution de repas aux migrants, un service fourni aujourd'hui par les associations, dont certaines ont refusé de le rencontrer en fin d'après-midi.

Pendant ce temps, un groupe d’Éthiopiens témoignait des opérations policières menées la nuit. "Ils gazent les tentes pendant qu'on dort. Ils prennent les tentes, les sacs de couchage, même les médicaments donnés à l'hôpital. Ils nous parlent pas, juste pssht, pssht (le bruit des gaz lacrymogènes)", raconte Dawit, 21 ans.

La France a délivré 262.000 titres de séjour à des étrangers l'an dernier, une hausse de 13,7% sur un an, et les éloignements d'étrangers en situation irrégulière ont augmenté de 14,6%, avec un total de 14.859 retours forcés.

 

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