Rechercher
Rechercher

Lifestyle - This is America

Après les fêtes, l’heure est au comfort food

Le blues d'après les fêtes, les problèmes au bureau, une peine de cœur, un début de grippe ou un léger mal-être. Tout (ou presque) sera résolu, selon un adage anglo-saxon, avec du « comfort food ».

Une Chicken Noodle Soup qui rappelle la cuisine de nos grands-mères. Photo DR.

Le comfort food, ce remède qui n'a pas besoin de prescription médicale et est souvent suggéré par ceux qui nous aiment, figure au menu d'après les fêtes, période propice aux bleus à l'âme, alors que vient le temps du retour à la vie active et au stress quotidien. Car le comfort food, cette nourriture « réconfortante » pour l'âme et le corps, est censé procurer un sentiment de bien-être et de satisfaction.

Au pays de l'Oncle Sam, certains classiques appartiennent à cette catégorie d'aliments : l'onctueuse soupe de poulet, le crémeux mac and cheese (pâtes noyées dans le fromage), les sandwichs dégoulinant de fromage grillé, le poulet frit, la pizza, les frites, les tacos, la soupe de tomate fumante, le pudding au chocolat et les glaces. La revue du Smithsonian Institution vient d'y ajouter le lahem be ajin arménien, à la pâte d'une finesse extrême et à l'assaisonnement bien prononcé. Dans ces spécialités, ce sont les saveurs des plats concoctés dans les cuisines familiales qui sont recherchées. Des saveurs que l'on retrouve, typiquement, dans les « casseroles », ces ragoûts à base de légumes, avec ou sans viande. Autant d'aliments qui procurent une sensation de bien-être physique et qui sont, en fait, des réminiscences de repas dégustés à l'âge de l'insouciance. Des goûts donc et des souvenirs d'enfance. Souvenirs, aussi, du temps où la nourriture n'était pas associée aux calories, et où l' « allégé » n'existait pas.

 

Les effluves des marmites maternelles
Plusieurs sociologues et psychologues américains se sont penchés sur le phénomène du comfort food. Le terme, qui remonte à 1966, avait été utilisé par le Palm Beach Journal dans un article à ce sujet où l'on pouvait lire : « Lorsque, sous l'effet d'un sérieux stress émotionnel, les adultes se tournent vers le comfort food, cette nourriture, associée au cocooning de l'enfance, engendre un mécanisme inconscient qui permet de calmer les inquiétudes et les ressentiments. » Ces aliments, ou ce qu'ils suggèrent, peuvent ainsi transformer des sensations négatives en quelque chose de positif. Une étude relative au comportement de jeunes étudiants vivant loin de leur foyer a mis en lumière, chez eux, quatre raisons de compenser des vides à travers les plaisirs du palais : une nostalgie, un besoin de se remonter le moral, une envie du moment et enfin un besoin d'être réconforté. Tout ceci souligne qu'il s'agit là d'une sorte de thérapie opérant sur différents états d'âme. Une deuxième étude a montré que les hommes dans cette situation se rabattaient sur les plats chauds et copieux (steaks, ragoûts et soupes). De par leur goût et parce qu'ils sont cuisinés par d'autres, ces plats leur donnent l'impression d'être gâtés et maternés. Les femmes, elles, privilégient les en-cas, spécialement ceux au chocolat, et les glaces. De petits bonheur qui ont l'avantage de ne pas être associés à du travail supplémentaire ou à la vaisselle !

Selon d'autres recherches, l'envie de confort food est déclenché chez les hommes par des émotions positives, et chez les femmes par des émotions négatives. On a également associé le comfort food à un sentiment de culpabilité.

Sans surprise, un grand nombre de chercheurs américains ont revisité pour l'occasion la notion de « madeleine de Proust ». Parmi eux, Shira Gabriel, psychologue et sociologue de l'Université de Buffalo, qui revient à la cause profonde de ce phénomène. Selon elle, « il a fallu juste un bout de ce gâteau pour que l'auteur d'À la recherche du temps perdu soit envahi par un sentiment d'amour et de nostalgie. N'avait-il pas écrit : "J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ? Je sentais qu'elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu'elle le dépassait infiniment" »? Elle rappelle cette autre phrase de Proust : « Les goûts et les odeurs restent frais pendant longtemps. »

Un grand nombre de célébrités ont partagé leur expérience en matière de comfort food, toutes reliées à un contexte et à une culture. Pour Maya Angelou, poète originaire du Midwest américain, « le comfort food sera toujours de la verdure, du pain de maïs et du poulet frit ». Alors que la soupe réchauffait la mémoire et l'âme de Marlène Dietrich, et recrée chez elle l'illusion d'une présence maternelle.
Plus prosaïquement, l'industrie alimentaire a réussi à sortir le comfort food de son cocon familial et l'a récupéré pour en faire un produit marketing baigné dans des effluves de notre passé recréé. Ces précieux arômes que dégageaient les marmites et les fourneaux de nos mères et grands-mères.

 

Dans la même rubrique

Et la lumière électrique des sapins fut...

La Maison-Blanche accrochée à l’arbre de Noël

Pas de Noël sans son « ugly Christmas sweater »

Après la dinde, ce fameux « Black Friday »...

Le comfort food, ce remède qui n'a pas besoin de prescription médicale et est souvent suggéré par ceux qui nous aiment, figure au menu d'après les fêtes, période propice aux bleus à l'âme, alors que vient le temps du retour à la vie active et au stress quotidien. Car le comfort food, cette nourriture « réconfortante » pour l'âme et le corps, est censé procurer un sentiment de...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut