Le président iranien Hassan Rohani a déclaré dimanche que le peuple avait le droit de manifester et de critiquer le gouvernement mais que cela ne devait pas déboucher sur des violences, rapporte l'agence de presse Mehr. Rohani, dans sa première réaction publique au quatrième jour d'un mouvement de contestation qui semble s'étendre dans le pays, a ajouté que "les Iraniens comprennent la situation sensible de l'Iran et de la région et qu'ils agiront sur la base de leurs intérêts nationaux".
Répondant aux commentaires du président américain Donald Trump, le président iranien, qui parlait devant son conseil des ministres, a prévenu que ceux qui qualifient les Iraniens de terroristes ne peuvent prétendre sympathiser avec la nation iranienne. Me président Trump a écrit dimanche sur Twitter: "Grosses manifestations en Iran. Le peuple a finalement compris comment son argent et ses richesses sont volés et gaspillés sur le terrorisme. On dirait qu'il ne supporte plus. Les Etats-Unis surveillent de près en cas de violation des droits de l'Homme".
Organisés d'abord pour protester contre la hausse des prix, les rassemblements partis jeudi de la ville de Mashhad ont pris un tour politique, fait rare en Iran, et des slogans visant les mollahs, le président Rohani ou le guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, ont pu être entendus. Ces manifestations sont aussi un casse-tête pour le gouvernement de Rohani, qui a été réélu en mai dernier sur la promesse de garantir la liberté d'expression et de réunion.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des milliers de personnes défilant à travers l'Iran dans la nuit contre les difficultés économiques et le pouvoir. Les médias officiels ont aussi diffusé des vidéos de manifestations en présentant comme des "contre-révolutionnaires" ceux qui brûlent des drapeaux iraniens ou attaquent des biens publics. Il s'agit des plus importantes manifestations depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, qui avait été violemment réprimé.
"Ceux qui détruisent les biens publics, créent du désordre et agissent dans l'illégalité doivent répondre de leurs actes et payer le prix. Nous agirons contre ceux qui provoquent la terreur", a averti le ministre de l'Intérieur Abdolreza Rahmani Fazli, en faisant la distinction entre "ceux qui ont des revendications légitimes" et "les contre-révolutionnaires".
(Lire aussi : En Iran, "le début d'un grand mouvement", selon Shirin Ebadi)
Les manifestations ont éclaté jeudi à Machhad, la deuxième ville du pays avant de prendre de l'ampleur et de toucher de nombreuses autres cités vendredi et samedi. Mais dimanche en fin d'après-midi, les médias et les réseaux sociaux n'avaient rapporté aucune nouvelle manifestation antigouvernementale.
Et pour tenter de les empêcher, "les hauts responsables chargés de la sécurité ont décidé de bloquer provisoirement Telegram et Instagram", a affirmé le site de la télévision d'Etat.
Les autorités accusent des groupes "contre-révolutionnaires" basés à l'étranger d'utiliser les réseaux sociaux, en particulier Telegram, pour appeler les gens à manifester et faire usage de cocktails Molotov et d'armes à feu.
Samedi, deux manifestants ont été tués à Doroud (ouest), a dit un responsable local, Habibollah Khojastehpour, en assurant que les policiers n'avaient pas tiré sur les protestataires. "Notre objectif était de mettre fin pacifiquement aux protestations mais en raison de la présence de certains individus et groupes, deux personnes ont été tuées".
Selon un canal Telegram des Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime, "des gens armés se sont infiltrés parmi les protestataires et ont tiré à l'aveuglette sur les citoyens".
Quelque 200 manifestants ont été arrêtés samedi à Téhéran, a déclaré dimanche le vice-préfet de la ville, Ali Asghar Nasserbakht, cité par l'agence Ilna, proche des réformateurs.
C'est la première fois qu'autant de villes sont touchées par un tel mouvement depuis 2009.
Mais le régime continue d'avoir un large soutien parmi la population, avec la mobilisation de dizaines de milliers de personnes samedi pour marquer l'anniversaire du rassemblement qui a mis fin à la contestation de 2009.
Et dimanche, des centaines d'étudiants ont manifesté à l'université de Téhéran pour soutenir le gouvernement tout en dénonçant "la corruption et la vie chère".
(Lire aussi : Le film des manifestations en Iran depuis jeudi)
Durant les manifestations des trois derniers jours, les Iraniens sont descendus dans la rue pour exprimer leur colère contre le chômage, la vie chère et les scandales financiers dans le pays, isolé et soumis pendant des années à des sanctions internationales pour ses activités nucléaires sensibles. Des slogans comme "Mort au dictateur" y ont été lancés.
"Ces protestations sont le fait d'une partie de la société frappée par les difficultés économiques majeures, notamment ceux qui ont perdu leur argent avec la faillite des établissements de crédit", estime Payam Parhiz, rédacteur en chef du réseau de média réformateur Nazar.
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commentaires (6)
AU TOUR DU PRINTEMPS PERSE ! BARAM EL DOULEB !
JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA
19 h 37, le 31 décembre 2017