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Moyen Orient et Monde - Entretien express

Odon Vallet : Le pape François prend parti pour ceux qui sont en faveur des migrants

Le spécialiste des religions estime que l'Église catholique est profondément divisée sur la question des réfugiés.

Le pape François, du balcon de la basilique Saint-Pierre, lors de l’allocution traditionnelle de Noël et de la bénédiction « urbi et orbi » accordée à la ville de Rome et au monde, le 25 décembre 2017, sur la place Saint-Pierre au Vatican. Andreas Solaro/AFP

Dans son discours de Noël du 25 décembre et la bénédiction urbi et orbi – « à la ville (de Rome) et au monde » –, le chef de l'Église catholique, le pape François, a lancé un nouvel appel à l'adresse des chrétiens, les invitant à ne pas ignorer le sort des déplacés. Il n'a pas hésité à utiliser des phrases fortes pour sensibiliser la communauté chrétienne mondiale face à ce phénomène. « Jésus, Marie et Joseph étaient des migrants », a déclaré le souverain pontife. Le sort des migrants constitue l'un des thèmes de prédilection du pontificat du pape François. Ce dernier a multiplié les visites pastorales dans les pays souffrant de problèmes liés aux déplacements de populations. La plus récente est celle effectuée en Birmanie pour sensibiliser une nouvelle fois le monde au sujet du sort des Rohingyas, minorité musulmane victime de persécutions et contrainte de fuir en masse son pays d'origine. Mais ce message d'ouverture et d'hospitalité à destination des pays et des populations catholiques n'est pas reçu de la même manière par tout le monde. Plusieurs voix politiques, qui viennent majoritairement de l'extrême droite, se sont élevées contre le message du souverain pontife. Retour sur les enjeux de ce débat avec Odon Vallet, spécialiste de l'histoire des religions.

 

(Lire aussi : "Personne ne doit sentir qu'il n'a pas sa place sur cette Terre")

 

Quel est l'objectif du pape lorsqu'il évoque à nouveau la question des migrants dans son discours de Noël ?
Le pape a lancé son appel à la paix non seulement aux chrétiens mais aussi aux autres religions. Mais en ce qui concerne les migrants, on connaît la position du pape François qui leur est très favorable, même s'il atténue parfois un peu sa position en reconnaissant très discrètement qu'on ne peut pas accueillir toutes les misères du monde. Mais là, il a été très franc, très loyal et un peu brutal. Il a dit carrément qu'il fallait accueillir les migrants. Mais où ? Sûrement dans les pays voisins des zones de conflit, par exemple en Jordanie ou au Liban, mais également en Europe, en Amérique ou en Australie. Et là, il est très clair que le pape François prend parti pour ceux qui, quelle que soit leur religion, sont en faveur des migrants contre ceux qui n'en veulent pas. L'Église catholique est profondément divisée. Certains catholiques n'aiment pas trop les migrants, ni le pape François, et votent pour l'extrême droite partout en Europe. D'autres, même non catholiques, sont en faveur des migrants. Sur cette question, les clivages ne sont pas religieux.

 

Son discours peut-il avoir un réel impact politique ?
Certains à l'extrême droite disent : « On ne veut aucun migrant. » En Autriche, il y a un gouvernement de droite et d'extrême droite, et ces derniers ont obtenu des ministères importants (Défense, Intérieur, Affaires étrangères). Cela fait très peur au pape parce que les Autrichiens vont jusqu'à réclamer de nouvelles frontières. Et on a peur que ces frontières brisent les « ponts » établis. « On transforme les ponts en murs », comme dit le pape François. Que ce soit entre le Mexique et les États-Unis, le Proche-Orient et l'Afrique, d'un côté, et l'Europe, de l'autre. Le discours du pape est de plus en plus net, et la question est de savoir dans quelle mesure il sera suivi. Il pense aussi qu'à son âge, il n'a pas beaucoup de temps devant lui, donc il doit affirmer très clairement son message.

 

(Pour mémoire : Le pape conclut un voyage en Asie dominé par la crise des Rohingyas)

 

Est-ce que cette thématique est au cœur du pontificat du pape François ?
« L'Église est experte en humanité », comme le disait le pape Jean XXIII. Mais, en même temps, le pape François est fils et petit-fils de migrants qui sont allés d'Italie en Argentine, une distance couvrant près de 10 000 kilomètres. Donc, la question des migrations est pour lui une question centrale. Tout le problème est de savoir si le message du pape François pourra continuer à être suivi quand il ne sera plus pape. Sur ce plan-là, il nomme des cardinaux, des futurs électeurs de pape, qui sont assez proches de lui. Il voudrait probablement vouloir en nommer encore quelques-uns pour penser qu'on ne reviendra pas en arrière. Sinon, le vrai risque, c'est une réaction anti-pape François tant sur les problèmes sociaux et politiques, comme les migrants ou le Proche-Orient, que sur les questions théologiques.

 

 

Pour mémoire

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Dans son discours de Noël du 25 décembre et la bénédiction urbi et orbi – « à la ville (de Rome) et au monde » –, le chef de l'Église catholique, le pape François, a lancé un nouvel appel à l'adresse des chrétiens, les invitant à ne pas ignorer le sort des déplacés. Il n'a pas hésité à utiliser des phrases fortes pour sensibiliser la communauté chrétienne...

commentaires (3)

7 milliards d'humains, des centaines de millions de migrants... Le monde change les sentiments restent les mêmes... L'évolution de l'espèce humaine figée...

Wlek Sanferlou

15 h 29, le 28 décembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • 7 milliards d'humains, des centaines de millions de migrants... Le monde change les sentiments restent les mêmes... L'évolution de l'espèce humaine figée...

    Wlek Sanferlou

    15 h 29, le 28 décembre 2017

  • AVEC LES MIGRANTS LES OCCIDENTAUX SONT ENTRAIN DE SE CREVER LES YEUX AVEC LEURS PROPRES DOIGTS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 17, le 28 décembre 2017

  • "Le pape François prend parti pour ceux qui sont en faveur des migrants": c'est vrai et assez dérangeant...

    NAUFAL SORAYA

    07 h 50, le 28 décembre 2017

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