Rosy l’amie, Rosy la collègue

Si on s'était assises ensemble ce dimanche 10 décembre juste avant ton grand voyage, on aurait comme d'habitude échangé les nouvelles : nos maris, nos filles, nos sœurs et frères, nos neveux et nièces, nos amis et nos collègues. Et il y aurait eu aussi ce fameux : « Et toi, comment vas-tu ? » Et toi, tu allais bien! Tu gérais tout ! Tu pensais à tout ! Et comme d'habitude, tu te serais intéressée à moi ; parce que tu étais encore une de ces rares personnes qui savent autant raconter qu'écouter.
On aurait aussi parlé du décès de Jean d'Ormesson, de celui de Johnny Hallyday. Et en évoquant leurs obsèques, tu aurais parlé de la grandeur de la France, de la beauté de Paris, et en écoutant Jean Reno réciter le poème de Prévert, tu aurais redit ton amour de la langue française. Cette langue que tu savais aussi bien manier que les chiffres et les concepts économiques. Il y a des gens qui sont lettres et d'autres qui sont chiffres, et toi tu jonglais si bien avec les chiffres et avec les lettres.
Rosemonde Hatem, journaliste économique au Commerce du Levant pendant plus de vingt ans, tu en as connu des générations. Et pour en avoir côtoyé, je sais que tous gardent de Rosy le souvenir d'une grande dame. Celle qui était méticuleuse, celle qui conseillait, celle qui pouvait expliquer le calcul de la variation, parler de dette publique, celle qui avait un carnet d'adresses bien fourni, celle qui connaissait tout le monde et n'hésitait pas à refiler un contact.
Rosy l'élégance incarnée, et celle qui avait surtout une élégance de l'esprit, comme se plaît à le répéter Mark.
Rosy l'amie, Rosy la collègue, tu vas manquer à tous ceux que tu as aimés et qui t'ont aimée.
Rosy, moi, tu me manques déjà.