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Culture - Beirut Chants

Dimitri Masleev : Le concours Tchaïkovski n’est pas un Olympe musical

C'est une star du clavier. L'écouter est un moment béni, hors du temps. Avec aussi des propos, par e-terview, d'une grande sagesse, doublée d'une confondante humilité.

Dimitri Masleev, heureux de revenir au Liban.

Depuis que vous êtes lauréat du concours Tchaïkovski en 2015, comment se déroule le profil de votre carrière ?

Gagner un prix dans une compétition majeure n'est plus une recette magique pour se faire une carrière à performance, mais en ce qui me concerne, c'était l'unique moyen de percer ! Cela m'a permis non seulement d'avoir une motivation à continuer, mais aussi d'acquérir une précieuse expérience dans des situations bien stressantes ! Ces deux atouts m'ont permis d'atteindre le niveau d'une performance plus résiliente. Et puis le concours Tchaïkovski n'est pas un simple Olympe musical, mais un événement qui groupe les vrais musiciens et les gens qui aiment profondément la musique. Et faire partie de tout cela est inspirant et rend humble. Bien entendu, la victoire m'a propulsé en avant et ouvert de vastes horizons sur le monde. C'est enthousiasmant pour moi de les explorer et les découvrir. Je voyage en toute allégresse en donnant des concerts aux quatre coins du monde. Et pour le moment, c'est l'essence de ma vie. C'est un changement radical depuis ma victoire au concours. Avec toujours la quête de faire mieux et d'apprendre de nouveaux répertoires. C'est facile d'accepter toutes les invitations et c'est très flatteur d'être sollicité, mais parfois il est bon de dire « pas maintenant »...

Ce n'est pas votre premier séjour au Liban, avec quels (pres)sentiments venez-vous ?

Il s'agit de ma seconde visite au Liban. J'étais à ce merveilleux festival il y a déjà deux ans et j'ai savouré l'expérience aussi bien avec un auditoire très attentionné que l'atmosphère du pays, le soleil, la gastronomie bien entendu. Je suis heureux d'y revenir...

Si l'on devait vous priver de piano, que diriez-vous, comment réagiriez-vous ?

Quoique le piano soit l'épicentre de ma vie maintenant, cela n'a pas toujours été ainsi ! Quand j'étais très jeune, j'étais intéressé par le théâtre et je voulais tout en savoir. J'aime aussi la photographie et l'architecture. Mes parents m'ont guidé vers la musique classique sans avoir beaucoup d'attentes car c'est dans l'ordre de l'éducation russe. Même le choix du piano a été accidentel. Jamais il ne fut question que je devienne un professionnel de la musique avec d'interminables heures de répétitions. Au contraire, mon amour pour la musique a grandi gentiment et avec naturel. Ce n'est qu'à l'âge de 13 ans que les choses se sont concrétisées, et le piano m'a semblé une option de vie à long terme... Alors si on m'enlève aujourd'hui le piano, cela créera sans doute un grand vide dans ma vie, mais ne me détruira pas en tant qu'être humain...

Quel est le style « pianistique » de Dmitri Masleev ? Comment le définissez-vous ?

Un autre que moi pourrait répondre à cette question. Quand j'interprète une œuvre, mon but est de montrer la vraie et péremptoire lumière et je fais de mon mieux pour suivre le style de la musique elle-même. Je ne crois pas qu'il y ait une « sonorité Masleev » si je joue des répertoires de compositeurs variés.

Quel est le plus beau compliment reçu ? Et quelle est la critique la plus vive ?

La chaleureuse énergie de l'audience est elle-même le plus grand compliment. Cela me rend sincèrement heureux de voir les gens, à travers leurs émotions, réagir à mon jeu. Quant aux critiques, on peut toujours faire des commentaires en toute gentillesse et cela aide un jeune musicien à faire mieux et avoir de la maturité. Toutefois, certaines critiques semblent jouir du pouvoir de critiquer et dans une intention négative de blesser...

Quelle est cette « dimension métaphysique » que vous prêtez aux partitions que vous interprétez et dont la presse s'est empressée d'être l'écho ?

Encore une fois, difficile pour moi de répondre à cette question. Quand je suis assis devant un piano, j'espère que la beauté de la musique atteint l'âme des gens. C'est pour cela que j'aime jouer un répertoire russe. C'est si puissant qu'il donne à toute personne qui l'écoute à cœur ouvert ce qu'il y a de merveilleux dans la vie, à savoir l'espoir, la consolation, la joie, la sérénité, la chance de rencontrer un autre être, une meilleure place et un meilleur temps... La musique est le langage de l'âme, peut-être est-ce là la qualité métaphysique ?

Que donnerez-vous à écouter aux mélomanes libanais ? Pourquoi ce choix ?

Je jouerai des œuvres de Scarlatti, Schubert et Tchaïkovski. Pour moi, la sonate de Scarlatti crée une merveilleuse référence à la musique des XIXe et XXe siècles. L'impromptu op 30 de Schubert, relativement nouveau dans mon répertoire, mais très important, car fondé toujours sur la simplicité qui est le plus grand défi. Je crois que c'est une chose à laquelle je reviendrai souvent dans ma vie. Tchaïkovski, c'est ma musique familière et d'origine, et j'aime la partager avec l'audience, partout dans le monde.

Avez-vous un message à livrer au public qui vient vous applaudir ?

Je suis reconnaissant à toutes les personnes qui choisissent de venir écouter de la musique dans une performance live. Les gens sont occupés et ont la possibilité de faire plein d'autres choses. Je suis honoré qu'ils viennent m'écouter jouer du piano...

Dimitri Masleev donne un récital de piano dans le cadre du festival Beirut Chants, aujourd'hui, samedi 9 décembre 2017, à 20 heures, en l'église Saint-Joseph (USJ). Entrée libre.

 

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