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Culture - Disparition

Jean d’Ormesson, au plaisir d’être devant Dieu

Le doyen de l'Académie française et prince des lettres est mort à l'âge de 92 ans.

Jean d'O n'était pas un John Doe anonyme. Sans doute le plus célèbre des écrivains français de son temps, il a fermé ses grand yeux bleus, emporté par une crise cardiaque dans la nuit de lundi à mardi, à l'âge de 92 ans. L'académicien, qui possédait également la nationalité libanaise – obtenue en 1989 auprès de l'ambassade du Liban à Paris afin de « partager au moins symboliquement le sort d'un pays qui risque de mourir » –, aura effectué plusieurs révolutions là où il passait. Grande plume de droite pendant plus d'un demi-siècle, Jean d'Ormesson a croisé tous les présidents de la Ve République. En journaliste avec ses éditos au Figaro, il a provoqué l'ire de plus d'une personnalité politique.

À l'Académie, c'est notamment lui qui s'est battu pour y faire entrer la première femme, Marguerite Yourcenar, élue en 1980 et dont il a prononcé le discours de bienvenue en 1981. Épicurien, l'élégant dandy ne boudait ni le bonheur ni les plaisirs. Ni les émissions télévisées et les talk-shows dont ce beau parleur au bagout séducteur était le chouchou incontestable durant un demi-siècle.

Parmi la pluie de réactions à sa mort, nous en retiendrons deux. Celle de Julien Doré, musicien, grand fan de l'académicien dont il a le nom tatoué sur un bras (sur Twitter) : « Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde. Bonjour tristesse, adieu Jean. » Puis celle de Jack Lang, ancien ministre français de la Culture : « Indépendamment de son œuvre littéraire ou de ses combats journalistiques, il est un exemple pour nous tous. Il était un gourmand de la vie. Il en parlait avec des mots toujours savoureux, sensuels, merveilleusement choisis. Quand on le rencontrait ou quand on l'entendait ou le lisait, on était toujours tonifié, on se sentait plus optimiste qu'avant de l'avoir rencontré. Jean d'Ormesson était la juvénilité même et chaque chose, l'art, la politique, la vie, le portait vers l'enthousiasme. Il avait une révolte de jeune homme. »

Agrégé de philosophie, Jean d'Ormesson laisse une œuvre féconde de romans et d'essais. À signaler que la Pléiade l'avait fait entrer de son vivant dans sa prestigieuse collection en publiant un premier tome en avril 2015, qui comprend Au revoir et merci, La Gloire de l'Empire, Au plaisir de Dieu et Histoire du Juif errant.

L'homme qui avouait avoir écrit son premier roman « pour plaire à une fille » et estimait n'avoir « absolument pas la vocation à être romancier », a obtenu le grand prix du roman de l'Académie française en 1971 pour La Gloire de l'Empire. Deux ans plus tard, il était admis sous la coupole au fauteuil de Jules Romains. À 48 ans, il devenait alors le benjamin de l'Académie.

En 2016, l'écrivain se dévoilait dans un beau et poignant roman autobiographique : Je dirai malgré tout que cette vie fut belle. « Le temps va venir très vite où je vais me trouver devant Dieu », écrivait celui qui, agnostique, avouait ne pas savoir si Dieu existe avant d'ajouter : « Je crois en Dieu parce que j'espère qu'il existe. » « Je n'ai été ni un héros, ni un martyr, ni un saint », estimait l'amateur de belles décapotables. « J'ai vécu dans le tumulte et dans l'agitation. J'ai cherché le bonheur et trop souvent le plaisir. »

Jean d'O n'était pas un John Doe anonyme. Sans doute le plus célèbre des écrivains français de son temps, il a fermé ses grand yeux bleus, emporté par une crise cardiaque dans la nuit de lundi à mardi, à l'âge de 92 ans. L'académicien, qui possédait également la nationalité libanaise – obtenue en 1989 auprès de l'ambassade du Liban à Paris afin de « partager au moins...

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