Le gouvernement français vient d'adopter des mesures visant à réduire ses dotations à l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), un organisme qui chapeaute le réseau des écoles françaises de l'étranger. Sa décision a aussitôt entraîné un large mouvement de protestation dans de nombreux établissements scolaires conventionnés par l'État français aux quatre coins du monde. Hier, les lycées français implantés tant à Madrid, Vienne, Amsterdam, qu'à Pékin, New Delhi, Nairobi, ou encore au Maroc, ont observé une grève pour dénoncer ces coupes budgétaires, qui devraient contraindre l'AEFE à programmer la suppression de nombreux postes d'enseignants.
Tout en assurant que « les suppressions de postes ne toucheront pas des enseignants en cours de contrat », un communiqué du ministère français des Affaires étrangères, autorité de tutelle de l'AEFE, a dans le même temps confirmé « une réduction de 33 millions d'euros de la subvention pour cette année », ce qui équivaut à une baisse de près de 10 % du budget de l'enseignement français à l'étranger.
Au Liban, les établissements scolaires conventionnés par l'État français (Grand Lycée franco-libanais, Lycée franco-libanais Verdun, Lycée Nahr Ibrahim, Lycée Lamartine – Tripoli, Lycée franco-libanais – Nabatiyé, Collège protestant...) n'ont pas suivi le mouvement de grève, quoique, selon des sources informées, un enseignant du Grand Lycée franco-libanais s'est absenté en signe de protestation. Si la mobilisation n'a donc pas été vraiment effective, le grincement de dents a toutefois été bien perceptible dans ces milieux. C'est que l'économie du budget entraînera également une suppression d'emplois scolaires français dans le pays. « Avec la baisse des dotations, plusieurs fonctionnaires pédagogiques et administratifs français ne verront pas leur contrat renouvelé », déplore un cadre travaillant dans l'un de ces établissements. « Économiser 33 millions d'euros constitue-t-il pour la France un enjeu plus important que celui de fortifier ce réseau de lycées français qui contribue à diffuser et promouvoir la langue, la culture, et l'image françaises ? » s'indigne-t-il. Et de mettre en garde contre le risque pour les élèves libanais de ne plus bénéficier de « la spécificité de l'enseignement français définie par l'esprit français », estimant que « la réduction d'effectifs conduirait à ne plus distinguer ces écoles d'autres dans le pays ».
Pour mémoire
Inauguration des nouveaux bâtiments du Grand Lycée franco-libanais à Beyrouth
Je tombe des nues ! Emmanuel Macron vient de dire aux étudiants d'Ouagadougou au Burkina ex-Haute-Volta : "Soyez fiers de votre francophonie". D'un autre côté , il réduit les subventions de l'AEFE au Liban. C'est lamentable. La francophonie du Liban est la seule fenêtre ouverte pour la France sur le Moyen-Orient. Sans le Liban, la France sera aussi inconnue que l'Ile de Clipperton dans cet Orient compliqué. J'ai honte dans ma peau de franco-libanais.
20 h 02, le 28 novembre 2017