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Liban - Liban-ONU

Pour que la femme libanaise devienne partie prenante dans la résolution des conflits

L'ambassade de Norvège a organisé une conférence, hier à l'ESA, sur la nécessité pour Beyrouth d'appliquer la résolution 1325 du Conseil de sécurité.

Le ministre Jean Oghassabian hier, lors de son intervention. Photo A.-M.H.

Les femmes du Liban ont un rôle à jouer dans la prévention des conflits, dans les processus de paix et dans la consolidation de ces processus. Il est donc important qu'elles aient accès à des postes de décision au sein des institutions étatiques liées à la sécurité, à la politique, à la défense. Elles seront ainsi mieux protégées en cas de conflits armés. Partant des objectifs onusiens pour le XXIe siècle sur l'égalité entre les sexes, sur le développement et la paix, partant aussi des engagements de l'organisation concernant les femmes et les conflits armés, le pays du Cèdre doit impérativement mettre en application la résolution 1325 sur les femmes, la paix et la sécurité. Et envisager, pour commencer, un plan national dans ce sens. Impérativement, parce que cette résolution est contraignante pour tous les États membres des Nations unies, pour avoir été adoptée par le Conseil de sécurité de l'ONU en 2000.

 

Sur un pied d'égalité
C'est ce qui ressort de la conférence qui s'est déroulée hier à l'École supérieure des affaires (ESA), à l'invitation de l'ambassadrice de Norvège, Lene Lund. Une conférence qui a mis les autorités devant leurs responsabilités et suggéré au Liban des solutions pour une meilleure représentation des femmes aux postes de décision. L'événement, animé par la journaliste Gisèle Khoury, a vu la participation notamment du ministre d'État pour les Droits de la femme, Jean Oghassabian, de l'ambassadeur de France, Bruno Foucher, du coordinateur spécial des Nations unies pour les affaires humanitaires au Liban, Philippe Lazzarini, et du directeur régional pour les pays arabes de l'ONU-femmes, Mohammad Naciri. Étaient également présents l'ambassadeur du Royaume-Uni, Hugo Shorter, un représentant des Forces de sécurité intérieure, le colonel Élie Asmar, et des membres de la société civile.

Dans ses grandes lignes, la résolution 1325 « constate avec préoccupation que la grande majorité de ceux qui subissent les effets préjudiciables des conflits armés (...) sont en particulier des femmes et des enfants ». « 

Réaffirmant le rôle important que les femmes jouent dans la prévention et le règlement de conflits et dans la consolidation de la paix, soulignant qu'il importe qu'elles participent sur un pied d'égalité à tous les efforts visant à maintenir et promouvoir la paix et la sécurité (...), elle demande instamment aux États membres de faire en sorte que les femmes soient davantage représentées à tous les niveaux de prise de décision dans les institutions et mécanismes (...) pour la prévention, la gestion et le règlement des différends »... En quelques mots, la résolution 1325 est basée sur quatre axes. Elle peut se résumer par « les trois P », prévention, protection et participation, sans oublier le processus de traitement et de réhabilitation.

C'est sur la nécessité d'appliquer la 1325 qu'ont porté les interventions. L'ambassadrice de Norvège, Lene Natasha Lind, a dressé un état des lieux mitigé et observé que l'engagement des femmes dans les processus de paix, dans leur protection de l'exploitation et des abus, prenait « du retard ». « Nous devons assurer une représentation adéquate aux femmes dans le secteur de la sécurité, à la fois pour réduire leur exposition au mal et réaliser leur potentiel dans la résolution des conflits », a-t-elle martelé. Les femmes ne peuvent seulement être considérées comme des victimes de guerre, d'exploitation sexuelle et de violence, elles sont partie prenante dans la résolution des conflits et dans la construction de la paix. « Même en période de guerre, a insisté Mme Lind, nous ne devons pas dévier de notre objectif qui consiste à bâtir une paix durable et promouvoir l'égalité des genres. »

 

Un plan d'action national en 2018 ?
À son tour, M. Oghassabian a fait part de l'engagement du Liban à remplir ses obligations internationales. « Nous travaillons, en collaboration avec la Commission nationale de la femme libanaise, l'ONU femme, d'autres agences onusiennes, les ministères concernés, la société civile et les universités pour adopter un plan d'action national pour l'application de la résolution 1325 », a-t-il affirmé. Un engagement salué par Mohammad Naciri qui a espéré que cette stratégie verra le jour en 2018.

Faisant part des « objectifs ambitieux et concrets » de la France en matière de participation des femmes, l'ambassadeur Bruno Foucher a estimé que « la place des femmes est aux côtés des hommes pour diriger un pays ou voter ses lois, partout dans le monde, y compris au Liban ». Il a prôné « la création de quotas » comme « facteur d'amélioration de la parité dans les enceintes politiques » et insisté sur la nécessité que les législations nationales garantissent « en droit l'égalité entre les hommes et les femmes ». Il n'a pas manqué de mentionner « la question de la transmission par les femmes de leur nationalité à leurs enfants, comme l'un des sujets à traiter » dans ce sens.

« Ce sujet est d'actualité dans le contexte des crises globales et locales non résolues et des nouveaux conflits qui ont émergé », a pour sa part constaté Philippe Lazzarini. Le représentant onusien a regretté que le Moyen-Orient soit un « triste exemple de la façon dont l'absence de paix peut directement perturber la vie et l'avenir des femmes et des filles ». Et d'assurer qu'il existe des preuves irréfutables basées sur des études que l'égalité des genres et le développement des capacités des femmes sont étroitement liés à la stabilité et à la paix. « Plus les capacités des femmes sont développées, moins l'État est susceptible d'expérimenter des conflits », a-t-il indiqué.

 

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