« Je suis très fier de lui, c'est incroyable! Only in America ! C'est le rêve américain par excellence », s'est exclamé le père d'Alex Azar qui vient d'être choisi par le président Donald Trump pour diriger le plus régalien des ministères, celui de la Santé. À noter que si sa nomination est approuvée par le sénat, il sera le second Américain d'origine libanaise (d'Amioun) à occuper ce poste, où s'était déjà trouvée Donna Shalala (de Zahlé), en 1992, durant le mandat du président Clinton.
Détail important, le budget octroyé au ministère de la Santé est parmi les plus grands. Cette année, il s'est élevé à un milliard cinq cents millions de dollars. Si personne ne doute de la compétence professionnelle d'Alex Azar (ancien directeur du géant pharmaceutique US, Eli Lilly), une tout autre mission l'attend désormais : abroger, comme le veut Trump, l'Obamacare et le remplacer par un autre système de santé. Ce qui n'a pas encore pu se faire. Le ministère de la Santé était sans patron depuis la démission en septembre dernier de Tom Price qui avait été remercié au motif qu'il abusait des dépenses en avions privés, sous prétexte de voyages professionnels.
Alex Azar (50 ans), au départ de formation juridique (diplômé de l'université de Yale), a fait une brillante carrière dans le monde de la production pharmaceutique, notamment comme PDG d'Eli Lilly, de 2012 à 2017. Il avait auparavant occupé le poste de secrétaire adjoint au département de la Santé sous le mandat de George W. Bush, de 2005 à 2007. Actuellement, il gère sa propre firme de consultation en matière d'industrie des médicaments.
(Pour mémoire : Alex Azar, d'origine libanaise, nommé par Trump ministre de la Santé)
À la messe de l'église orthodoxe libanaise
La presse est quelque peu étonnée par sa nomination, car habituellement, le secrétaire à la Santé est choisi parmi des élus ou des grands noms de la médecine, et non parmi les responsables des industries que ce ministère contrôle. Donald Trump a rétorqué que son candidat « sera une star des meilleurs soins médicaux et de la baisse des prix des médicaments ». Paradoxalement, le président américain a souvent été en guerre contre les producteurs dans ce domaine. À noter qu'Alex Azar entretient des liens solides avec le vice-président américain Mike Pence qui remontent au temps où celui-ci était gouverneur de l'Indiana, siège central de la firme Eli Lilly. C'est là aussi que vit Alex Azar, son épouse américaine Jennifer et leurs deux filles. Mais lorsqu'il est à Washington, on peut le voir à la messe du dimanche de l'église libanaise grecque-orthodoxe Saints-Pierre-et-Paul, sise à Potomac, la banlieue chic de la capitale fédérale. Et il aime joindre sa voix à celles de la chorale.
Évoquant ses précédents succès et sa nouvelle et possible percée dans le cabinet Trump, Alex Azar a dit que sa famille a joué un grand rôle dans sa vie et les choix qu'il a faits en grandissant. Son père, dont il porte le prénom, Alex Azar, a été durant 30 ans un ophtalmologue connu de la ville de Salisbury (État du Maryland) et, ensuite, professeur à l'université Johns Hopkins.
(Pour mémoire : Ces Libano-Américains sur qui Trump pourra compter)
« Ismee Iskandar al-Azar, ana men Amioun »
Alex junior se souvient aussi très bien de son grand-père, qui avait débarqué à Ellis Island (ancien point d'arrivée des émigrés) en 1920, depuis son village libanais d'Amioun, ne connaissant pas un mot d'anglais. Il avait relaté son histoire et leur proche relation lors d'un gala de la Fondation René Moawad qui l'avait honoré en 2016. Il avait déclaré sur ce plan : « En arrivant aux USA, mon grand-père ignorait même la date de sa naissance. Qu'a-t-il alors fait ? Plus tard, il avait choisi comme date d'anniversaire le 22 novembre, fête de l'indépendance du Liban, un pays qui lui était si cher et qui lui manquait terriblement. C'est cette date qui est inscrite sur sa pierre tombale. »
Il souligne que le premier Américain auquel avait eu affaire son grand-père sur le sol américain était un responsable de la santé publique qui l'avait soumis à six examens médicaux, ajoutant : « Lui qui était juste venu au pays des opportunités ne se doutait pas que son petit-fils serait un jour en charge de ce département qui l'avait réceptionné. Comme on le sait, beaucoup de descendants des émigrés libanais de la première heure sont devenus des pôles d'influence dans l'univers américain de la politique, des affaires, des arts et de la science. »
Alex se souvient bien de la leçon d'arabe que son grand-père lui avait fait appendre quand il était tout petit : « Ismee Iskandar al-Azar. Ana men Amioun fee'il Lubnan. »
Aujourd'hui, au fils d'Amioun, troisième génération, incombe la lourde tâche d'affronter les démocrates au sénat, farouchement opposés à l'élimination du système d'assurance médicale Obamacare établi par le précédent président et auquel, jusqu'à présent, le Parti républicain n'a pas pu, à la demande du président Trump, trouver une alternative.
Bravo, une belle tête et une formation solide... L’avantage de Mr Azar, c’est son background et éducation à 100% Américains, Il était déjà connu dans le milieu pharmaceutique et médical, à la tête du géant Lilly, mais cette nomination au ministère de la santé, par un Mr Trump a pris le monde par surprise et pourvu qu’il ne se brûle pas les ailes avec ce psychopathe mégalomane et imprévisible: sa mission de détruire l’Obamacare et de s’attarquer aux géants pharmaceutiques est très risquée... Possible que le génie et la bonne étoile des Libanais l’y aideraient!
15 h 04, le 16 novembre 2017