Monstre, sauvage, criminel... Tous les noms sont permis pour désigner les auteurs des agressions sexuelles. Ces actes abjects font généralement le régal de médias, notamment quand des célébrités sont impliquées, mais aussi quand les agresseurs sont des réfugiés.
Ce phénomène est pourtant présent dans toutes les sociétés. Les dernières révélations qui ont touché Hollywood montrent à quel point le sujet reste parfois tabou, dérange et intrigue. En Grande-Bretagne et en France, même l'élite politique est touchée de plein fouet par ce scandale. Déjà en 2011, l'affaire du Sofitel à New York qui a visé le Français Dominique Strauss-Kahn, accusé par une femme de chambre d'agression sexuelle, de tentative de viol, abus sexuel et séquestration, avait choqué le monde.
Toutefois, quand l'agresseur est un réfugié, son acte prend souvent une tout autre dimension dans le pays d'accueil. Et l'action individuelle se transforme en une stigmatisation collective, qui vise toute la communauté de l'assaillant.
Au Liban, plusieurs affaires ont secoué le pays dernièrement, concernant des cas de réfugiés syriens qui ont harcelé, agressé, violé et même tué leur victime.
C'est le cas d'une jeune femme tuée en septembre dernier à Miziara par un concierge syrien. En novembre 2011, à Sahel Alma, une autre jeune fille a été violée puis sauvagement assassinée par un Syrien qui travaillait comme gardien dans le couvent où elle se rendait pour la prière.
Sans oublier les divers cas de harcèlement ou d'agressions sexuels dont la dernière en date a été celle contre une jeune actrice qui a été agressée chez elle par le concierge, toujours syrien, de l'immeuble où elle habite, dans la région de Sarba.
En Europe, durant les célébrations du Nouvel An, le 31 décembre 2015, une vague d'agressions sexuelles dont au moins deux cas de viol est rapportée à travers l'Allemagne, mais aussi en Finlande, en Suède, en Suisse et en Autriche. Rien qu'à Cologne, 470 plaintes concernent des agressions sexuelles commises par des individus décrits comme nord-africains ou arabes. Les suspects sont principalement des demandeurs d'asile et/ou des immigrés.
S'agit-il d'un acte ponctuel lié à un comportement pathologique ou est-ce un phénomène culturel ? En effet, plusieurs causes peuvent encourager parfois le passage à l'acte quand il s'agit de harcèlement ou d'agression sexuels. Certaines sont d'ordre socioculturel, alors que d'autres peuvent être psychologiques. D'où l'intérêt d'analyser rationnellement ces agissements, sans pour autant les justifier.
Moyen de domination
Ainsi, tous les agresseurs n'ont pas de pulsions sexuelles incontrôlables. Le sexe est une composante de l'agression, mais il ne s'y résume pas. Il s'agit souvent aussi d'un acte violent visant à dominer.
C'est le cas concernant les viols en temps de guerre qui sont clairement identifiés comme des outils de domination, de possession et d'humiliation.
Par contre, dans la vie de tous les jours, dans la rue, au travail, il est parfois plus difficile de qualifier le harcèlement. Selon plusieurs experts, la dynamique de prise de pouvoir et la volonté de domination semblent toutefois être en jeu dans chaque agression.
Dans les sociétés conservatrices, le désir de domination de l'homme sur la femme est omniprésent. La structure de la société, voire le comportement des individus témoigne de la suprématie de l'homme et la soumission de la femme. Presque tous les aspects de la vie sont réglementés pour contrôler la femme et sa conduite.
Dans ce contexte, les vêtements constituent un critère principal dans ces sociétés. L'idée est de cacher le corps de la femme des yeux des hommes. D'où est née la notion de voile dans beaucoup de sociétés (non seulement arabo-musulmanes) et qui représente une idée-clé : l'indisponibilité sexuelle de la femme. En portant un voile, la femme est censée expliquer à l'étranger qu'elle est indisponible sexuellement. A contrario, les hommes estiment que si une femme n'est pas voilée, elle est donc disponible. Ainsi, l'absence de voile peut être interprétée comme une invitation implicite de la part d'une femme à être abordée.
D'ailleurs, les attaques contre les femmes qui ne s'habillent pas selon cette réglementation est mal vue. Elle est souvent considérée comme dépravée. Et les propos qui encouragent la violence et le mépris envers elles sont légion dans les sociétés conservatrices. Dernière en date, le dérapage d'un avocat égyptien sur le plateau d'une chaîne de télévision, affirmant qu'il est « un devoir patriotique d'agresser sexuellement (les femmes), c'est un devoir national de la violer ! » si elles portent des jeans déchirés.
Choc culturel
Cette conception ancrée dans la société patriarcale, surtout dans le monde arabo-musulman, reflète l'interprétation rigoriste derrière le port du voile et, par conséquent, les sanctions qui s'en suivront en cas de non-application de ce règlement.
Pour un homme éduqué dans ces conditions, et qui se trouve d'un seul coup dans une société aux mœurs plus libérales, il risque de mal interpréter les us et coutumes locales. Une sorte de choc culturel se produit.
Ainsi, suite à certains dérapages, dans plusieurs pays d'Europe du Nord, les autorités ont lancé des campagnes de sensibilisation avec des sites web et des cours pour les jeunes, afin de leur expliquer concrètement les questions de genre, de masculinité et de pouvoir.
Pulsion sexuelle
Reste que ce comportement inadapté ne peut être expliqué uniquement par des facteurs culturels. Même dans les sociétés les plus patriarcales, il y a des limites à la violence contre les femmes. Et les agressions sexuelles ne sont en aucun cas la règle.
D'autres facteurs, notamment psychologiques, pourraient expliquer le passage à l'acte de certains. En effet, un individu dit normal est censé gérer ses pulsions sexuelles. Parfois, des structures du caractère prédisposent un individu à passer à l'acte. Dans d'autres cas, certaines déficiences biologiques dérèglent le processus de contrôle. Dans ces cas, ce n'est plus la morale qui pourrait rétablir le bon fonctionnement de l'agresseur. Ce comportement pathologique peut bénéficier, dans beaucoup de cas, de traitements psychologiques et psychiatriques qui en limitent les conséquences négatives.
Dans tous ces cas, les réactions populaires et les discours politiques qui s'en suivent stigmatisent largement l'ensemble des réfugiés syriens. Souvent, les femmes ne se sentent plus en sécurité, évitant de passer devant un chantier où se trouvent des ouvriers syriens, ou dans un quartier à forte densité d'immigrés, craignant harcèlement ou agression de la part de ces derniers. Sans oublier les propos racistes et xénophobes de certains dirigeants populistes.
La réponse devrait toutefois être plus rationnelle, à l'instar de l'approche allemande qui prend en compte les causes du nombre élevé de ce comportement inadapté, sans toutefois blâmer toute la communauté concernée. Affaire à suivre...
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" L'idée est de cacher le corps de la femme des yeux des hommes. D'où est née la notion de voile dans beaucoup de sociétés (non seulement arabo-musulmanes) et qui représente une idée-clé : l'indisponibilité sexuelle de la femme. En portant un voile, la femme est censée expliquer à l'étranger qu'elle est indisponible sexuellement" Tout à fait! C'est d'ailleurs clairement écrit dans le Coran, Sourate Al Ahzab, verset 59: "O Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles: elles en seront plus vite reconnues et éviteront d'être offensées. Allah est Pardonneur et Miséricordieux." C'est pourquoi on a vu il y a quelque temps un avocat Egyptien dire carrément durant un débat télévisé que "le viol des femmes indécemment vêtues est un devoir national"!
10 h 54, le 13 novembre 2017