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Jadis tabou, le socialisme se trouve des (jeunes) camarades aux Etats-Unis

Le nombre d'encartés chez les démocrates socialistes (DSA) est passé de 6.500 à plus de 30.000 depuis la campagne hors-norme menée en 2016 par Bernie Sanders.

A l'époque où il était électricien, Lee Carter a reçu un choc. Littéralement. Un coup de jus et un accident du travail qui l'ont, d'une certaine manière, propulsé dans l'arène politique et le socialisme. Photo AFP / Brendan Smialowski

A l'époque où il était électricien, Lee Carter a reçu un choc. Littéralement. Un coup de jus et un accident du travail qui l'ont, d'une certaine manière, propulsé dans l'arène politique et le socialisme.

Les difficultés rencontrées pour obtenir une indemnisation ont inspiré sa nouvelle carrière, et le néo-socialiste a remporté cette semaine un siège à l'assemblée locale de Virginie --la chambre des délégués--, dans l'est américain. Dans un pays où "socialisme" a longtemps sonné comme un gros mot, le démocrate de 31 ans fait partie de la nouvelle vague des socialistes décomplexés qui grappillent des victoires électorales dans les municipalités et Etats américains, un an après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
Il est aussi le symbole d'un mouvement de fond parmi la jeunesse américaine qui se tourne de plus en plus vers les démocrates socialistes des Etats-Unis --il n'existe pas de parti socialiste à proprement parler en Amérique--, le groupe de gauche qui connaît la plus forte croissance dans le pays.

Un mouvement qui surfe largement sur la candidature de Bernie Sanders lors des primaires démocrates l'an dernier, qui avait galvanisé une grande partie de la génération Y et donné un nouveau souffle au socialisme.
Le nombre d'encartés chez les démocrates socialistes (DSA) est passé de 6.500 à plus de 30.000 depuis la campagne hors-norme menée en 2016 par Bernie Sanders.

 

(Lire aussi : Le maire démocrate de New York, à peine réélu, défie Trump)

 

'Baby boom socialiste'
Encore bien loin de l'ampleur que peuvent avoir les partis socialistes en Europe ou en France, où plus de 135.000 personnes étaient encartées au PS en 2016, a fortiori dans un pays qui compte quelque 325 millions d'habitants.

Les responsables du DSA y voient néanmoins un mouvement sans précédent, en témoigne l'âge moyen des encartés passé de 60 à 35 ans, un "baby boom socialiste", disent-ils.

A 22 ans seulement, Jacquelyn Smith a ainsi été l'une des responsables de la campagne victorieuse de Lee Carter en Virginie, après avoir rejoint le DSA seulement en janvier.
Ce faisant, "je m'attaque aux racines des problèmes, pas à leurs symptômes", s'explique-t-elle auprès de l'AFP, lors d'un meeting à Washington. "Je m'intéresse moins à l'opposition à Donald Trump qu'aux raisons pour lesquelles il en est arrivé là", ajoute-t-elle.

Une nouvelle génération est aujourd'hui prête à "épouser l'idéologie (socialiste) et vraiment se battre pour elle publiquement", juge Jacquelyn Smith, un changement majeur aux Etats-Unis.
Le poids du socialisme dans le paysage politique américain n'a pas été aussi important depuis des décennies et pour Cathy Schneider, professeur à l'American University de Washington, la croissance du DSA prouve que les électeurs qui s'opposent à Trump ne trouvent pas non plus forcément leur compte dans le parti démocrate.
"Il y a une frange de la société américaine qui sent que les partis politiques ne répondent pas à leurs inquiétudes", analyse-t-elle. "Les démocrates socialistes ont dit +nous avons une réponse pour vous+".

 

Karl Marx et Mao
Le DSA, pour autant, n'entend pas s'organiser en parti. Les groupes d'extrême-gauche restent à la marge de l'échiquier politique américain, sur lequel la mainmise des partis démocrate et républicain laisse peu d'espace aux outsiders.
Le but est plutôt de s'emparer de tout poste électif, en s'affiliant généralement avec les démocrates, mais pas systématiquement. Et quand bien même Bernie Sanders a permis de dépoussiérer le socialisme à l'américaine, les responsables du DSA affirment vouloir désormais bâtir un mouvement sur des idées fondamentales comme l'assurance-maladie pour tous, plutôt qu'autour d'une personnalité.
Ils pourront notamment profiter du fait que la "réputation inquiétante" du socialisme tend à disparaître, reprend Cathy Schneider. "Les gens n'associent plus le socialisme aux dictatures en URSS et en Chine", estime Cathy Schneider.

Ce qui n'a pas empêché l'opposant républicain à Lee Carter de mener une campagne frontalement anti-rouge: dans la dernière ligne droite de l'élection, il a envoyé près de 11.000 tracts sur lesquels avaient été juxtaposés les portraits du candidat socialiste et ceux de figures communistes comme Karl Marx ou Mao Tsé-toung.
Mais, raconte Lee Carter à l'AFP, même les électeurs républicains ont confié aux militants socialistes qui ont fait du porte-à-porte pour lui que la tentative était "grossière".
"Le fait de répandre des rumeurs alarmistes pour ce qui est essentiellement un désaccord dans la philosophie économique ne fonctionne plus."

 

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