Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Éclairage

Trump-Salmane : un coup de fil et deux tweets

Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammad ben Salmane. Fayez Nureddine/AFP/Alternative Crop

Les États-Unis voient les dramatiques événements de samedi dernier en Arabie saoudite comme une continuation des mesures de réforme et de modernisation qui avaient été lancées en force en octobre dernier, suivies de l'arrestation d'ulémas, considérés comme fanatiques, de même que d'écrivains, d'orateurs et d'organisateurs de toute activité religieuse excessive. En outre, l'arrestation massive de onze émirs et de quelques douzaines de ministres, d'hommes d'affaires et d'entrepreneurs se poursuit toujours. D'après des sources américaines, depuis dimanche dernier, le nombre des détenus a atteint les 500.

Washington considère que cette initiative initiée par le prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS) doit se poursuivre sans à-coups. Pour cela, Donald Trump avait envoyé secrètement son conseiller et beau-fils, Jared Kushner (embarqué sur un vol commercial), à Riyad pour rencontrer le prince héritier et lui confirmer le soutien américain. Le prince lui aurait précisé que ce n'était pas dans les traditions de son pays d'humilier et de blesser la dignité des citoyens saoudiens, expliquant aussi que ces arrestations montrent que cette purge touche le cercle royal et les entrepreneurs qui ont fait des fortunes colossales aux dépens de l'État. Le but de MBS est que le peuple saoudien réalise que cette lutte contre la corruption est sérieuse et que l'on n'a pas craint de mettre en cause les membres de la famille et la classe richissime.

 

(Lire aussi : Arabie : Trump accuse des détenus pour corruption d'avoir "saigné" le pays)

 

 

Tweet vs département d'État
Première réaction du président Trump, actuellement en tournée en Asie : un contact téléphonique avec le roi Salmane, sans pour autant entrer dans les détails de l'événement. Il a par contre explicitement demandé que la privatisation partielle d'Aramco passe par la Bourse de New York, spécifiant que « cela serait bien pour les États-Unis ». À noter que l'Arabie saoudite espère gagner 100 milliards de dollars dans cette affaire, mais les experts estiment que le chiffre de 65 est plus réaliste.

Deux jours plus tard, Donald Trump a été plus franc dans sa position vis-à-vis des événements de dimanche, donnant son feu vert au royaume via Twitter : « J'ai pleine confiance en le roi Salmane d'Arabie saoudite et le prince héritier Mohammad, ils savent exactement ce qu'ils font. » Dans un second tweet, il avait écrit que certaines des personnes en état d'arrestation « avaient tiré profit de leur pays durant des années ». Selon une source informée, cette réaction est intervenue bien avant que le département d'État ait achevé l'évaluation de cette affaire. Prouvant une fois de plus que le président œuvre en solitaire, faisant fi de toute expertise officielle.

Washington souhaite clairement éviter de s'immiscer dans tout conflit militaire local ou régional. C'est pour cela que Donald Trump n'a fait aucune promesse en matière de défense et a simplement remercié les Saoudiens d'avoir acheté des armes américaines. Toutefois, il appuie les réformes qui vont, selon lui, dans le sens de l'intérêt du royaume. À noter que le président américain n'entretient pas vraiment de relations cordiales avec la plupart des personnes arrêtées, notamment le prince Walid ben Talal, avec lequel il a une histoire d'insultes par tweets interposés. Durant la dernière campagne électorale, le prince s'était référé à lui comme « une disgrâce, non seulement pour le Parti républicain, mais pour toute l'Amérique ». Retour d'ascenseur de Trump lui signifiant qu'il était un « un dopey prince » (prince abruti), qui « essaye de contrôler nos politiciens américains avec "daddy's money" (l'argent de papa) ».

 

(Lire aussi : Qui sont les hommes visés par la purge en Arabie ?)

 

 

« What is next ? »
En attendant, à Wall Street, on est aussi inquiets, car l'arrestation massive de ces grosses fortunes du royaume, spécialement le prince Walid ben Talal, qui est la face du capitalisme saoudien, a soulevé des questions concernant le rapport des autorités saoudiennes avec les affaires sous le règne de MBS, même si le peuple saoudien semble appuyer son initiative. Et, pour le journal électronique Bloomberg, axé sur le monde des affaires, « les mesures prises par le prince héritier Mohammad ben Salmane à l'encontre de quelques-uns des plus riches et plus puissants Saoudiens ont mis en danger des fortunes personnelles s'élevant à 33 milliards de dollars ». Des journalistes du secteur économique ont demandé à un responsable américain « What is next ? » (et la suite ?). Il a répondu : « Wait and see, mais je suis d'accord avec ce qu'a dit le procureur général saoudien, ce n'est que le début. »

 

 

Lire aussi 

Purges : une pierre et deux gros coups pour Mohammad ben Salmane

Après la purge, les autorités saoudiennes veulent rassurer les investisseurs

Mohammad ben Salmane, ou l'hubris du pouvoir

Purge en Arabie : quand les réseaux sociaux se mêlent de politique

Les États-Unis voient les dramatiques événements de samedi dernier en Arabie saoudite comme une continuation des mesures de réforme et de modernisation qui avaient été lancées en force en octobre dernier, suivies de l'arrestation d'ulémas, considérés comme fanatiques, de même que d'écrivains, d'orateurs et d'organisateurs de toute activité religieuse excessive. En outre,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut