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À La Une - Reportage

En Irak, les rares civils d'al-Qaïm sortent timidement de chez eux

"On va enfin réussir à dormir tranquille sans redouter d'être bombardé ou que quelqu'un vienne nous arrêter", affirme un habitant.

Le Premier ministre Haider al-Abadi (au centre) s'apprêtant à planter le drapeau irakien à al-Qaïm, en Irak, le 5 novembre 2017. AFP / MOADH AL-DULAIMI

Timidement, les rares habitants d'al-Qaïm sortent de chez eux pour découvrir l'ampleur des dégâts : maintenant que le groupe Etat islamique (EI) a été chassé, ils disent avoir vécu pendant trois ans dans une "prison à ciel ouvert".

"On va enfin réussir à dormir tranquille sans redouter d'être bombardé ou que quelqu'un vienne nous arrêter, on n'a plus peur de la prison ou de quoi que ce soit d'autre", affirme Qassem Derbi dans un grand sourire de soulagement.

Dans des rues rendues poussiéreuses par une tempête de sable et les destructions engendrées par les combats, ce jeune Irakien se rappelle de la vie sous la coupe de l'EI, entré en 2014 à al-Qaïm, un important bourg situé dans le désert à quelques encablures de la Syrie. "On n'avait pas le droit de téléphoner, on n'arrivait pas à dormir, on ne pouvait rien faire, on avait seulement le droit de marcher, tout le reste pouvait être retenu contre nous", détaille-t-il. "On vivait dans une prison à ciel ouvert".

Dimanche, le drapeau irakien a de nouveau été planté à al-Qaïm, par le Premier ministre Haider al-Abadi en personne. Non loin, les troupes irakiennes sont engagées dans des combats pour chasser les jihadistes du dernier secteur qu'ils contrôlent en Irak. Et de l'autre côté de la frontière, les forces progouvernementales syriennes resserrent l'étau sur l'EI.

En Irak, le groupe ultra-radical ne tient plus désormais que Rawa, localité voisine d'al-Qaïm, et ses environs désertiques. L'armée irakienne entend maintenant reprendre le contrôle de cette zone isolée de l'ouest du pays où elle avait perdu la main avant même la percée fulgurante des jihadistes en Irak il y a trois ans. Avant 2014 et la débandade des troupes irakiennes face à l'EI, le grand désert d'al-Anbar et sa frontière poreuse vers la Syrie étaient déjà une zone de trafic en tout genre et de passage de jihadistes.

 

(Lire aussi : L'Irak et la Syrie près de défaire l'EI mais devront affronter ses "résidus")

 

"La patience a payé"
Devant sa maison, Aqil Moussa, en jellaba blanche et rasé de près, raconte à l'AFP "l'oppression et l'humiliation" sous l'EI. "Nous n'avions accès à rien, ni école, ni électricité, ni eau. Même le pain, on en manquait", assure-t-il, la gorge serrée.

Mais, dit aujourd'hui Qassem Derbi, "la patience a payé" pour les quelques civils qui sont restés, une poignée sur les 50.000 habitants qui comptait la localité avant l'arrivée de l'EI. "Les forces de sécurité nous ont libérés", ajoute-t-il. Pour lui, le départ des jihadistes signifie aussi le retour des proches qui avaient fui leur joug. "Nous ne les avons pas vus depuis des mois, certains depuis des années. Aujourd'hui, si Dieu le veut, ils reviendront et nous les reverrons", veut-il croire.

Un peu plus loin, quelques hommes en jellaba, certains tenant un drapeau blanc, s'aventurent dans les rues où gisent encore les carcasses calcinées de voitures piégées que les jihadistes lançaient sur les forces irakiennes. Ailleurs, des rues sont encore bouchées par des remblais de terre érigés par les combattants de l'EI et que les bulldozers des forces irakiennes tentent désormais de déblayer. Au passage des soldats et policiers déployés dans les rues, quelques enfants tendent leurs doigts en forme de "V" de la victoire.

 

 

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