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Moyen Orient et Monde - Espagne

Barcelone ouvre les hostilités, Madrid contre-attaque immédiatement

Le Parlement catalan (Generalitat) a proclamé hier l'indépendance de la région, avant que celle-ci ne soit mise sous tutelle par le pouvoir central.

Carles Puigdemont, les députés et les maires séparatistes entonnent l’hymne catalan au sein de la Generalitat après la déclaration d’indépendance.

Carles Puigdemont ne s'en est jamais caché : en tant que président de Catalogne, il a toujours rêvé de proclamer l'indépendance de sa région natale. Mais il ne pensait sûrement pas le faire dans ces conditions, le dos au mur et désormais ennemi numéro un pour le pouvoir central. L'euphorie catalane, hier, aura été de courte durée.

C'est dans un hémicycle à moitié vide, presque sans membres de l'opposition, que la majorité séparatiste catalane (70 sièges sur 135) a adopté dans l'après-midi une déclaration d'indépendance. Celle-ci se base sur les résultats des votes du référendum du 1er octobre qui avait donné une victoire au « oui » à plus de 90 %, mais avec une faible participation. Un vote jugé illégal et nul pour Madrid, mais qui n'a pas empêché Carles Puigdemont de se battre jusqu'au bout pour tenter de gagner son bras de fer contre la capitale. Le texte adopté hier au sein de la Generalitat proclame « la République catalane comme État indépendant et souverain, de droit, démocratique et social ».

 

(Pour mémoire : En Catalogne, les menaces de désobéissance s'accumulent)

 

 

Un geste qui sonne comme une ultime provocation avant la mise sous tutelle, qui avait été annoncée, de la région catalane. Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a confirmé hier la mise en application de l'article 155 de la Constitution espagnole, qui permet au pouvoir central de reprendre le contrôle de la situation. « Cette mesure vise à restaurer une certaine autorité légale et démocratique, malgré la difficulté que cela représente », décrypte pour L'Orient-le Jour Cyril Trépier, spécialiste de l'indépendantisme en Catalogne. Grâce à son application, qui dispose qu'avec l'accord du Sénat, le gouvernement central peut procéder à la suspension du statut « autonome » de la Catalogne, Madrid renverse le rapport de force en sa faveur. D'autant plus que le pouvoir central a bien l'intention de mettre les indépendantistes au pas.
Les mesures annoncées hier par M. Rajoy, évoquant une « indépendance déchirante, triste et angoissante », sont des plus drastiques : destitution du président indépendantiste, dissolution du Parlement catalan et convocation d'élections anticipées pour le 21 décembre prochain.

Le parquet général d'Espagne a annoncé, pour sa part, dans la soirée, l'ouverture d'une procédure judiciaire contre M. Puigdemont pour rébellion. Ce dernier risque une peine de 30 ans de prison.

L'Espagne n'avait pas vécu pareille situation depuis au moins 40 ans, faisant craindre une montée des tensions pouvant aboutir à des violences. Le souvenir de la guerre civile semble néanmoins atténuer les passions des deux côtés. Carles Puigdemont a appelé les Catalans à rester « pacifiques et civiques ». Tandis que Madrid a annoncé en début de soirée que Josep Lluis Trapero, le chef des Mossos d'Esquadra, la police catalane, a été relevé de ses fonctions.

 

(Lire aussi : Catalogne : une déclaration d'indépendance "vide" sans aucune conséquence au plan international)

 

 

« Une déclaration vide »
Après le Brexit, la communauté européenne craint que la crise espagnole ne provoque une nouvelle fissure. Les Européens, ainsi que les Américains et les Canadiens se sont empressés de souligner leur soutien à Madrid tout en invitant le pouvoir central à tout faire pour éviter une escalade de violence. Le président du Conseil de l'Europe, Donald Tusk, a été le plus expressif en appelant Madrid à choisir « la force de l'argument plutôt que l'argument de la force ».

Dans ses principes d'intangibilité des frontières, l'Europe est néanmoins restée ferme sur ses positions par rapport à l'indépendance de la Catalogne. Ce vote, « personne ne va le reconnaître au sein de l'UE. Donc ça restera une déclaration vide », affirme à l'AFP Jean-Claude Piris, consultant en droit international à Bruxelles. « Pour devenir un État, ce qui importe, c'est la reconnaissance par la communauté internationale », précise-t-il. Or la Catalogne a pu constater hier l'ampleur de son isolement.

Pas sûr toutefois que cela suffise à faire taire les revendications indépendantistes. « Des confrontations peuvent intervenir entre les civils, car le mouvement indépendantiste ne représente pas tous les Catalans », explique Cyril Trépier. Alors qu'une bonne moitié des Catalans sont opposés à la déclaration d'indépendance, la maire de Barcelone Ada Colau a jugé hier que les indépendantistes au pouvoir avaient « avancé à une vitesse de kamikaze » imposée par des « intérêts partisans ».

Les séparatistes, qui ont vécu une journée très riche en émotions et en rebondissements, envisagent l'organisation d'une résistance pacifique par le biais d'ateliers ou via les réseaux sociaux. Un scénario optimiste pour une Espagne définitivement entrée dans une période de profondes incertitudes, réveillant les spectres du passé.

 

 

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Carles Puigdemont ne s'en est jamais caché : en tant que président de Catalogne, il a toujours rêvé de proclamer l'indépendance de sa région natale. Mais il ne pensait sûrement pas le faire dans ces conditions, le dos au mur et désormais ennemi numéro un pour le pouvoir central. L'euphorie catalane, hier, aura été de courte durée.
C'est dans un hémicycle à moitié vide, presque...

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C,EST LE TAUREAU DANS L,ARENE !

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 15, le 28 octobre 2017

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Commentaires (1)

  • C,EST LE TAUREAU DANS L,ARENE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 15, le 28 octobre 2017

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