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Économie - Focus

Pourquoi l’avocat séduit de plus en plus les producteurs libanais

Plusieurs exploitations envisagent de se lancer dans la culture de ce fruit au Liban, plus rentable que d'autres produits issus de l'agriculture locale.

Le développement de la culture de l’avocat fait partie des huit filières locales soutenues par l’Usaid. Photo D.R.

Ingrédient très prisé des vendeurs de cocktails de fruits libanais, et plus généralement des adeptes d'une alimentation saine, l'avocat commence à se faire une place dans les vergers du pays du Cèdre.
Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Liban compte actuellement quelque 3 700 producteurs – dont 80 % au Sud, les autres étant principalement répartis dans le Akkar – qui ont décidé de se lancer dans la production de ce fruit tropical. Si, d'après plusieurs sources concordantes, seulement près de la moitié d'entre elles sont de véritables exploitations, de plus en plus d'agriculteurs envisageraient de troquer leurs pommiers ou leurs citronniers contre des avocatiers.

Programmes d'aide

« Je me suis lancé dans la production d'avocats il y a environ six ans et cela fait deux ans que j'arrive à assurer un niveau de production constant », explique à L'Orient-Le Jour Chafic Eid, un producteur établi dans le district de Jezzine (Liban-Sud), qui produit environ une tonne de fruits par an. Il précise que son verger a mis plus de temps que la moyenne à produire des fruits « en raison des dégâts liés aux aléas climatiques survenus en 2013 ». Cette année-là, l'ensemble du Moyen-Orient avait été touché par des intempéries exceptionnelles.

« Il faut compter trois ans en moyenne pour qu'une exploitation puisse assurer une production stable, et le retour sur investissement commence au bout de cinq ans », affirme, de son côté, Sandra Fahd, consultante spécialisée dans cette filière au sein du programme Lebanon Industry Value Chain Development (LIVCD) de l'Agence américaine pour le développement international (Usaid) – dont a notamment bénéficié M. Eid. Le développement de la culture de l'avocat fait partie des huit filières locales soutenues par l'Usaid à travers ce programme lancé en 2012 et qui doit s'étendre jusqu'en 2019, pour un budget total de 46,2 millions de dollars, dont trois millions alloués à ce volet.

« L'objectif du programme en ce qui concerne les avocats est de transmettre aux agriculteurs le savoir-faire nécessaire pour augmenter leur productivité et la qualité de leurs produits, et à choisir les variétés qui poussent et se vendent le mieux », résume Mme Fahd. « La filière ne compte pas beaucoup d'experts au Liban où ce fruit a été introduit il y a peu et de façon informelle », poursuit-elle. De fait, l'Usaid s'est d'abord employé à élaborer un premier programme de formation à la culture de ce fruit, avec un guide attitré. Un « package » pédagogique – réalisé avec l'aide de Mohammad Hijazi, l'un des premiers producteurs à avoir cherché à définir des standards dans la culture de l'avocat au Liban – que les membres de LIVCD se sont ensuite employés à diffuser dans les universités, en collaboration avec des ONG et des institutions publiques. « Nous avons même envoyé un petit groupe d'ingénieurs agronomes aux États-Unis afin de les faire participer à des formations, entre autres projets », ajoute Mme Fahd.

Peu de concurrents

Depuis le lancement effectif du programme, mi-2013, l'Usaid a ainsi formé 900 agriculteurs et aidé 853 microentreprises et PME engagées dans la culture de l'avocat à se développer. L'agence indique que des prêts pour un total de plus de 5 millions de dollars ont été accordés depuis mi-2013 à des agriculteurs pour les aider à adapter leur production aux standards internationaux. Selon les chiffres de l'Usaid, environ 800 hectares de terres agricoles sont désormais mobilisés pour la production des avocats au Liban, soit 80 ha de plus que lors du lancement du programme.

« La production au niveau national reste stable, à 8 200 tonnes, mais avec des variétés à plus forte valeur ajoutée – 7 variétés sur les 175 qui existent au total peuvent pousser au Liban », résume Mme Fahd, qui évoque « des revenus affichant une croissance annuelle de 8 %, selon les données transmises par les producteurs ».

Selon M. Eid, l'avocat a plusieurs avantages, en commençant par sa période de maturité, plus longue que la plupart des fruits qui poussent dans les mêmes conditions. Il est également plus rentable. « Le kilo se négocie entre 2 500 livres et 4 500 livres (1,65 et 3 dollars) en fonction des variétés, tandis que le kilo de citron le plus cher produit au Liban n'atteint que rarement la barre des 4 000 livres (2,65 dollars), pour des investissements similaires », expose-t-il.

Environ 90 % de la production nationale sert à alimenter le marché local qui n'est pas autosuffisant – le Liban a importé 326 tonnes d'avocats en 2016, selon les douanes, pour 641 000 dollars et exporté 492 tonnes sur la même période, pour 561 000 dollars. Les exportations sont essentiellement destinées aux marchés du Golfe, vers lesquels les avocats sont acheminés par voie aérienne. Le Liban compte, en outre, deux concurrents dans le bassin méditerranéen : le Maroc et Israël.

« Le marché de l'avocat est encore limité, mais dispose de perspectives de développement prometteuses, d'autant plus que le rendement des exploitations au Liban – 25 tonnes par ha – est par exemple meilleur qu'en Californie – 20 tonnes par ha », soutient Mme Fahd.

Ingrédient très prisé des vendeurs de cocktails de fruits libanais, et plus généralement des adeptes d'une alimentation saine, l'avocat commence à se faire une place dans les vergers du pays du Cèdre.Selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), le Liban compte actuellement quelque 3 700 producteurs – dont 80 % au Sud, les autres étant...

commentaires (3)

C,EST UN FRUIT DES PLUS UTILES A LA SANTÉ... ET L,ARBRE Y PRODUIT GRAND NOMBRE DE CES FRUITS !

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 32, le 23 octobre 2017

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Commentaires (3)

  • C,EST UN FRUIT DES PLUS UTILES A LA SANTÉ... ET L,ARBRE Y PRODUIT GRAND NOMBRE DE CES FRUITS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 32, le 23 octobre 2017

  • On va nous faire planter des avocats, sous prétexte que c'est rentable, jusqu'à ce que le pays explose sous la quantité d'avocats et après, on nous dira de nous débrouiller avec notre suproduction... On aura perdu nos orangers, citronniers et autres arbres fruitiers...

    NAUFAL SORAYA

    13 h 53, le 23 octobre 2017

  • l'avocat est bien trop gourmant en eau pour un pays comme le Liban. Pour 450g d'avocats, il faut 280L d'eau , contre 155L pour des oranges et 37L pour des fraises.

    Mill Linro

    11 h 49, le 23 octobre 2017

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