Samy Gemayel. Photo d’archives
Le 14 juin 2016, le parti Kataëb, sous la présidence du député Samy Gemayel, démissionnait du cabinet Salam et se positionnait dans le camp de l'opposition. Le 27 octobre 2016, le chef des Kataëb tenait une conférence de presse au siège de son parti, à Saïfi, pour stigmatiser le compromis politique élargi conclu entre Michel Aoun et Saad Hariri, qui a permis à M. Aoun d'accéder à la première magistrature de l'État le 31 octobre de la même année. Refusant de prendre part à ce qu'il appelle « un gouvernement déséquilibré en faveur du Hezbollah », le député du Metn s'est trouvé à la tête des opposants de la ligne politique actuelle, tentant de rectifier le tir.
Mais en dépit de toutes les accusations de « populisme » lancées récemment contre sa formation en raison de ce positionnement, Samy Gemayel semble de plus en plus déterminé à « jouer son rôle constitutionnel et démocratique » sur la scène politique. D'autant qu'il dresse un bilan négatif de la première année du compromis politique. « Il devient de plus en plus évident que cet accord n'était qu'une entente sur le partage du gâteau, sans la moindre vision pour réformer le pays », déplore le chef des Kataëb, lors d'une rencontre avec les médias organisée au siège du parti, à Saïfi. Expliquant son constat, Samy Gemayel rappelle que « la nouvelle loi électorale n'a été adoptée que sous l'effet du forcing exercé par le Hezbollah dans ce sens ». « D'autant que c'est le Hezbollah qui décide des sujets les plus importants, dont notamment la législation électorale », dit-il. Il en veut pour preuve que l'écrasante majorité des formations politiques s'opposaient à la proportionnelle, dans la mesure où elle ne permettrait pas d'assurer une bonne représentativité.
Outre la loi électorale, le député du Metn ne cache pas son indignation de voir l'État libanais se désister de son rôle souverainiste au profit du parti chiite, à l'heure où l'armée libanaise menait une de ses plus grandes batailles pour libérer le pays des terroristes. Une allusion à l'accord tripartite conclu entre la formation dirigée par Hassan Nasrallah, le régime syrien et le groupe État islamique pour évacuer les terroristes du territoire libanais.
À ce tableau, Samy Gemayel ajoute l'atteinte à la liberté d'expression, au moyen de la violence à l'encontre de manifestants qui se sont élevés contre le nouveau code électoral, mais aussi par les poursuites engagées contre ceux qui se sont opposés au plan de production de l'électricité du ministre César Abi Khalil. « Il y a aussi les nominations administratives et judiciaires qui n'ont respecté que le critère du clientélisme, aux dépens de la compétence et du mérite », dénonce le leader des Kataëb, laissant ainsi entendre que les personnes nommées récemment sont (majoritairement) proches du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil.
Poursuivant sur cette ligne, le chef des Kataëb fait valoir qu'« il ne s'agit pas d'un "retour des chrétiens aux instances de l'État" », mais de la désignation « de proches du mandat au sein de l'administration et de l'appareil judiciaire ».
Le budget
Mais, pour Samy Gemayel, le plus grand échec du régime, dans sa première année, reste la corruption de plus en plus croissante et le train de mesures fiscales adopté la semaine dernière par le Parlement. « Ce sont des gens irresponsables et qui déforment la réalité qui ont infligé aux citoyens de nouvelles taxes, sans la moindre vision de mettre fin au gaspillage et de lancer la lutte contre la corruption », s'alarme M. Gemayel, avant de poursuivre : « Ils ont beau nous raconter que ces taxes visaient à financer la grille, il reste que nous les avons entraînés à reconnaître qu'elles ont pour but de renflouer le Trésor public. »
C'est à partir de ce point que le chef des Kataëb adresse une violente critique au pouvoir politique, qui devrait plancher sur l'étude du budget 2017 à partir d'aujourd'hui. « Comment le Parlement se permet-il de voter le budget d'une année qui arrive bientôt à expiration, sachant que les dépenses ont été faites sans bilan des comptes, et conformément à la règle du 12e provisoire ? » s'interroge M. Gemayel, qui estime que « le pouvoir voudrait financer ses campagnes électorales », et souligne que son parti étudie la possibilité d'un nouveau recours en invalidation.
En dépit de ces remarques, on s'attend à ce que le législatif vote le budget 2017, sans bilan des comptes, et passe rapidement à la loi des finances 2018, en violation de l'article 87 de la Constitution, et conformément au compromis conclu en Conseil des ministres en septembre dernier. Si les proches de la présidence voient en cela « un accomplissement », Samy Gemayel, lui, y voit une grave atteinte aux prérogatives du Parlement. « Ils seraient en train de priver le Parlement de son droit au contrôle en matière de finances publiques, qui pourrait torpiller le budget dans son intégralité », avertit le député du Metn.
Ainsi, Samy Gemayel assure qu'il continuera sur la voie de l'opposition pour « présenter aux gens un nouveau mode d'action politique », en dépit du mécontentement que cela pourrait susciter tant chez ses adversaires que dans les rangs de ses alliés traditionnels, dont notamment le Premier ministre, Saad Hariri, et le chef des Forces libanaises, Samir Geagea.
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commentaires (5)
F.L. ET KATAEBS DEUX JUMEAUX DEVRAIENT FUSIONNER POUR LA JOIE DE LEURS PARTISANS, POUR LE DEVENIR DE LA CHRETIENTE DU LIBAN ET POUR LE LIBAN ! HAKIM ET SAMY... ALLEZ-Y, FAITES DE L,HISTOIRE ET NON DE LA DEMAGOGIE !
OLJ, FOSSOYEUR DE LA LIBRE EXPRESSION
13 h 17, le 18 octobre 2017