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Liban - Décryptage

Ibrahim à Washington, un interlocuteur agréé par toutes les parties

À l'heure où la tension monte d'un cran entre l'administration américaine et Téhéran, alors que le Hezbollah est plus que jamais pointé du doigt par les Américains et leurs alliés, la CIA a adressé une invitation personnelle au directeur de la Sûreté générale Abbas Ibrahim. Cela pourrait être une information banale, mais ce n'est pas le cas quand on sait que le général Ibrahim bénéficie de la confiance de toutes les parties libanaises internes, dont le Hezbollah, et qu'il a des contacts officiels avec le régime syrien. Le général Ibrahim a même réussi à conclure des accords importants, notamment dans la dernière guerre du jurd de Ersal, et des jurds de Qaa et Ras Baalbeck, qui impliquaient d'autres parties régionales comme le Qatar et la Turquie, qui le considèrent aussi comme un interlocuteur crédible. Il avait même réussi il y a quelque temps à obtenir la libération par le régime syrien d'un citoyen américain. En même temps, après les critiques qu'il avaient essuyées suite aux accords conclus avec les groupes terroristes et le régime syrien, le Premier ministre Saad Hariri avait clairement déclaré en sa présence qu'il était informé de tous les détails, montrant ainsi clairement et sans détour que le général Ibrahim a toute sa confiance.

Pour toutes ces raisons, sa visite à Washington et à New York, qui a eu lieu à la fin du mois de septembre, ne peut pas être abordée comme un fait ordinaire. Invité donc par la CIA, Ibrahim a eu aussi des entretiens avec les responsables du FBI, notamment le chef de ce service récemment désigné par le président Donald Trump. Il s'est aussi entretenu avec des responsables au département d'État américain et au département de la Justice tout comme il a eu des entretiens avec les responsables de Conseil de la sécurité nationale. Toutes ces réunions ont essentiellement porté sur la lutte contre le terrorisme, et les échanges d'informations et d'expériences entre les services américains et la Sûreté générale, ainsi que sur les modalités d'une coopération technique et humaine. Sa réputation de sérieux et d'efficacité l'ayant précédé à Washington, le général Ibrahim a été écouté attentivement et il a pu exposer son point de vue sur l'importance de maintenir des canaux de contact pour obtenir des résultats dans des négociations délicates. C'est d'ailleurs son rôle-clé d'interlocuteur accepté par tous, dans une région déchirée par les conflits et les affrontements sanglants, qui a suscité l'intérêt des dirigeants de Washington et qui lui a valu cette invitation spéciale.

Fait rare, Ibrahim a été invité à donner deux conférences, dans deux centres de recherches et d'études (les fameux think thanks américains), le Westminster et le Middle East Institute, où il a présenté sa vision de la lutte contre le terrorisme, basée sur une coopération réelle entre les différentes instances, à travers la définition d'une échelle des priorités et la détermination à resserrer l'étau autour des groupes terroristes en cherchant à les isoler. Les conférences, au cours desquelles il était le seul speaker, ont été suivies de débats, au cours desquels les auditeurs ont pu poser des questions pointues sur les développements dans la région, du point de vue des Américains, ainsi que sur les appréhensions américaines face à l'extension de l'influence de l'Iran. Avec son calme habituel, le général Ibrahim a répondu sans détour et avec clarté, expliquant à la fois les enjeux stratégiques d'une lutte générale contre le terrorisme. À la fin des débats, bon nombre d'auditeurs, essentiellement des spécialistes de la sécurité et de la stratégie à Washington, sont venus le féliciter, le général Ibrahim ayant réussi à utiliser des concepts accessibles et des arguments sérieux.

La visite officielle à Washington terminée, le général Ibrahim a rejoint la délégation présidentielle à New York. Il a ainsi assisté au discours du président Michel Aoun à l'ONU et il était présent à la réunion particulièrement importante que le chef de l'État libanais a eue avec le secrétaire général de l'ONU en présence de son adjoint Jeffrey Feltman. C'est d'ailleurs suite à cette réunion au cours de laquelle l'approche libanaise du dossier des déplacés syriens a été évoquée dans les détails que le chef de l'État a décidé hier de convoquer les ambassadeurs de l'ONU, de l'UE et de la Ligue arabe à Baabda, et ce pour le suivi de ce dossier particulièrement délicat pour le Liban.

Auditeur attentif, interlocuteur discret, tout en alliant un mélange de courtoisie et de fermeté, loin de toute tendance à l'arrogance, Abbas Ibrahim est aujourd'hui un homme indispensable. On le savait derrière la plus grande partie des ententes internes en raison de sa mission qui consiste à assurer la sécurité politique aussi bien que celle de la circulation des personnes. On découvre désormais qu'il joue un rôle qui dépasse les frontières du petit pays qu'est le Liban sur l'échelle internationale. Il s'impose de plus en plus comme un interlocuteur accepté de tous, un rôle sur lequel il reste très discret, mais qui n'est certainement pas de tout repos...

 

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commentaires (3)

POURRAIT-IL CONVOYER APRES SA VISITE DES ULTIMATUMS A CERTAINS ? PROBABLEMENT QUE OUI !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 59, le 17 octobre 2017

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Commentaires (3)

  • POURRAIT-IL CONVOYER APRES SA VISITE DES ULTIMATUMS A CERTAINS ? PROBABLEMENT QUE OUI !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 59, le 17 octobre 2017

  • Espérons que ce qu'il fait il le fait pour le Liban et non pour les intérêts de l’impérialisme Iranien. Le temps le dira...

    Pierre Hadjigeorgiou

    09 h 19, le 17 octobre 2017

  • Le nouveau visage du LIBAN nouveau libéré et indépendant de l'ancien assujetti , à une politique d'alignement aveugle sur loccicon en déroute totale. Bonne journée Scarlettissime.

    FRIK-A-FRAK

    07 h 20, le 17 octobre 2017

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