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Liban - Tribune

La peine de mort : une pratique fatale et inhumaine qui stigmatise les pauvres

Ibrahim Najjar, ancien ministre libanais de la Justice. Archives L'Orient-Le Jour

Nous célébrons aujourd'hui la 15e Journée mondiale contre la peine de mort. À ce jour, 105 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes. Au cours des 25 dernières années, 60 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes et le nombre d'États qui procèdent encore à des exécutions a diminué de près de la moitié.
Mais cela ne suffit pas encore : les pays les plus peuplés du monde (la Chine, l'Inde, les États-Unis d'Amérique et l'Indonésie) maintiennent toujours la peine capitale tout comme la Corée du Nord, l'Iran, l'Arabie saoudite, l'Irak, le Pakistan, la Malaisie et Singapour. Environ la moitié de la population mondiale habitent dans ces pays et leur droit à la vie ne leur est pas garanti, au sens de l'article 3 de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Des centaines d'exécutions sont réalisées chaque année et des milliers de personnes sont à présent condamnées à mort.

La Commission internationale contre la peine de mort (CIPM) s'inquiète du fait que pratiquement dans chaque pays qui utilise la peine de mort celle-ci a été appliquée de façon arbitraire et discriminatoire contre les pauvres et les groupes sociaux marginalisés, notamment les groupes minoritaires et les travailleurs migrants. À cause de leurs moyens économiques limités, de leur manque de connaissance du système juridique et de leurs droits, à cause aussi d'une pauvre assistance juridique et de l'existence de préjugés systémiques à leur égard de la part des autorités policières, ils courent un bien plus grand risque d'être condamnés à mort.

 

(Pour mémoire : Trois questions à Ibrahim Najjar, fervent militant pour l'abolition de la peine de mort)

 

D'après certaines informations, environ 75 pour cent des personnes condamnées à mort en Inde et près de 90 pour cent en Malaisie faisaient partie de groupes économiquement vulnérables. En Arabie saoudite, en Iran et au Pakistan, des centaines de personnes sont exécutées chaque année, la plupart d'entre elles étant pauvres ou provenant de communautés minoritaires. De plus, il est à craindre que ces trois pays procèdent à des exécutions de personnes condamnées à mort pour des crimes qu'elles auraient commis alors qu'elles avaient moins de 18 ans.

Aux États-Unis d'Amérique, encore aujourd'hui, la plupart des personnes condamnées à mort n'ont pas les moyens de se permettre les services de leur propre avocat pour leur procès et la plupart des avocats commis d'office sont débordés, sous-payés ou ne possèdent pas l'expérience nécessaire pour défendre des procès impliquant la peine capitale. De plus, les procureurs avaient tendance à requérir plus souvent la peine de mort lorsque la victime était de race blanche que lorsqu'elle était afro-américaine ou d'une autre origine raciale ou ethnique. Ces facteurs ont contribué au caractère arbitraire de la peine de mort. Ce faisant, la peine de mort viole le droit à l'égale dignité et cette discrimination les condamne à une plus grande marginalisation.
En Chine, le nombre d'exécutions capitales est un secret d'État. Cependant, d'après certaines informations, ceux qui sont exécutés en Chine, que l'on craint qu'ils se comptent par milliers, incluent des personnes appartenant à des communautés marginalisées parmi lesquelles il y a des travailleurs non qualifiés qui n'ont généralement pas de moyens de défense.

 

(Lire aussi : La peine de mort : une pratique fatale et inhumaine qui stigmatise les pauvres)

 

En Indonésie, 13 des 16 personnes exécutées au cours des deux dernières années étaient des ressortissants étrangers et dans plusieurs de ces cas, l'équité des procès a été questionnée.
D'après les expériences et convictions des commissaires de la CIPM, la peine de mort n'est pas une solution pour mettre fin à la criminalité. Bien au contraire, son utilisation va généralement à l'encontre du but recherché puisqu'elle aggrave la pauvreté, la discrimination et les inégalités, tout en perpétrant le cercle vicieux de la violence.

Le droit à la vie est un droit de l'homme universel et la peine de mort n'a aucune place au XXIe siècle.
À l'occasion de la commémoration de la Journée mondiale contre la peine de mort, la CIPM rappelle que plus de la moitié des pays du monde ont aboli la peine capitale, ayant reconnu que les systèmes juridiques modernes peuvent protéger la communauté contre la criminalité sans avoir recours à la peine de mort, à son irrévocable et cruelle nature, et au risque omniprésent d'exécuter une personne innocente. Tous ces pays ont reconnu que le fait que l'État donne la mort par le biais du système judiciaire n'a pas un effet plus dissuasif sur la criminalité que d'autres peines. La CIPM se joint aujourd'hui au mouvement abolitionniste et s'engage à parvenir à un monde sans peine de mort, à un monde libre de cette pratique discriminatoire qui se base sur la vengeance et les préjugés, et qui ne fait que renforcer le risque constant de condamnations injustifiées.

 

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commentaires (3)

TUER EST CRIMINEL...NE TUE PAS

Soeur Yvette

14 h 01, le 10 octobre 2017

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Commentaires (3)

  • TUER EST CRIMINEL...NE TUE PAS

    Soeur Yvette

    14 h 01, le 10 octobre 2017

  • QUI STIGMATISE LES FAIBLES PLUTOT... C,EST LE MOT QU,IL FALLAIT EMPLOYER !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 16, le 10 octobre 2017

  • Tout à fait d'accord pour l'abolition de la peine de mort, mais à condition que la condamnation à perpétuité soit réellement à perpétuité. Remettre en liberté des criminels multirécidivistes est...criminel!

    Yves Prevost

    06 h 55, le 10 octobre 2017

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