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Liban - Commémoration

Hamadé à « L’OLJ » : Le pire, c’est de ne pas pouvoir se réjouir d’avoir réchappé à l’attentat

« En dépit de la grisaille actuelle, il y a toujours un parfum de 14 Mars dans l'air du Liban », assure le ministre de l'Éducation, à l'occasion du 13e anniversaire de la tentative d'assassinat perpétrée contre lui.

Marwan Hamadé. Nasser Trabulsi/Photo d’archives

C'est au moment où le projet souverainiste libanais face à la tutelle syrienne commençait à prendre forme et mûrir que ceux qui ne veulent pas d'un Liban libre et indépendant ont tenté d'assassiner Marwan Hamadé, une des principales figures de proue de ce projet. Le 1er octobre 2004, une voiture explosait à Aïn Mreissé, blessant grièvement M. Hamadé, alors député du Chouf, et coûtant la vie à son garde du corps, Ghazi Abou Karroum.

L'actuel ministre de l'Éducation est ainsi la toute première victime d'une série d'assassinats et de meurtres qui allaient frapper, pendant de longues années, nombre de personnalités qui ont incarné l'intifada de l'indépendance de 2005, à la suite de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri.
Si la révolution du Cèdre de 2005 – dont M. Hamadé fut l'un des piliers – a donné naissance à l'alliance dite du 14 Mars, le 13e anniversaire de la tentative d'assassinat de celui qui fut baptisé « le premier martyr-vivant du 14 Mars » intervient à l'heure où ce rassemblement antisyrien donne des signes de renouveau, après avoir subi de fortes secousses à la lumière de l'entente politique élargie qui a lancé le sexennat de Michel Aoun.

Mais, pour Marwan Hamadé, il y a avant tout la dimension personnelle que revêt la commémoration annuelle de cette journée noire de l'automne 2004. « Ce 13e anniversaire est un rendez-vous tragique avec l'assassinat politique », confie-t-il à L'Orient-Le Jour, avant de nuancer ses propos : « Mon cas particulier n'est plus qu'un accident sur le parcours qui ne m'appartient plus autant qu'il appartient à d'autres, tant d'autres... »
Et c'est à la faveur de cette logique que Marwan Hamadé, longtemps perçu comme la jonction entre Rafic Hariri et le chef du parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, place la tentative d'assassinat perpétrée contre sa personne dans un contexte politique plus large. « Le pire sentiment, c'est celui de ne pas pouvoir se réjouir d'avoir réchappé à l'attentat », souligne-t-il avec un ton empreint d'amertume, avant de s'expliquer : « Il ne s'agit là aucunement du syndrome du survivant avec le sentiment de culpabilité que l'on peut avoir, mais d'une désolation face à tant de sacrifices consentis par les Libanais pour revenir à une situation qui n'est en rien plus avancée qu'à l'automne 2004. »

Et d'enchaîner : « Depuis, et malgré le printemps de Beyrouth, l'occupation est revenue sous plusieurs formes, des formes plus pernicieuses qu'avant. D'autant qu'une sorte de fascisme rampant s'installe et que la corruption que l'on pesait en liasses est désormais mesurée en milliards. »

 

(Pour mémoire : Hamadé à « L'OLJ » : J'en appelle à tous les Libanais pour empêcher l'irréparable de se produire)

 

« Le rêve du 14 Mars toujours prêt à rebondir »
Si certains seraient tentés d'expliquer ces propos comme une forte critique des nouveaux alignements politiques qui auraient « anéanti » le 14 Mars et le rêve d'un Liban nouveau, souverain, libre et digne des ambitions de ses citoyens, Marwan Hamadé reste optimiste. D'ailleurs, il ne manque pas de renouveler sa foi dans le projet souverainiste né en 2005. Selon lui, « il n'y a pas un rêve singulier du 14 Mars. Mais il y a un rêve pour un Liban démocratique et indépendant qui vit au mieux – comme il doit le faire – son arabité et son ouverture sur l'Occident et le monde ». « Ce rêve ne peut être effacé. Et, même s'il s'endort parfois au fin fond de la mémoire collective, il est toujours prêt à rebondir et redonner à ce pays son visage éternel, malgré tous les masques qu'on lui fait porter », dit-il.

Mieux encore : le ministre de l'Éducation, proche des jeunes et de leurs appréhensions, est confiant en la capacité des Libanais à réagir et s'élever contre la réalité actuelle, loin des « tentatives de raviver le 14 Mars » dont il est actuellement question. « Je crois fermement à une réaction des Libanais, aujourd'hui en gestation dans nos écoles et nos universités, ainsi qu'en la société civile et les citoyens, toutes communautés confondues », déclare M. Hamadé. « Tout s'accélère : l'État islamique disparu, les vrais démons de la politique locale et régionale vont réapparaître au grand jour. Mais, en dépit de cette grisaille, il y a toujours un parfum de 14 Mars dans l'air du Liban », assure-t-il avec enthousiasme et confiance.
Et Marwan Hamadé de conclure : « Si j'ai un conseil à donner aux amis qu'il nous reste, au gouvernement ou ailleurs, c'est celui de tenir bon, même s'ils ne peuvent pas toujours le clamer tout haut. Il ne faudrait surtout pas que les échéances s'écoulent l'une après l'autre, et que nous nous retrouvions au nom de slogans fictifs, et sous prétexte de trêve temporaire, avec l'illusion d'un pacte avec le diable, complètement précipités dans un régime de dictature et d'obscurantisme. »

 

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