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À La Une - France

Le procès du frère de Mohamed Merah s'est ouvert dans un climat tendu

L'enjeu principal du procès sera de déterminer le rôle exact joué par Abdelkader Merah dans les tueries jihadistes exécutées en solo par son frère en mars 2012.

Un croquis d'audience montrant Abdelkader Merah, le frère de Mohamed Merah, dont le procès pour "complicité" s'est ouvert le 2 octobre 2017 à Paris. AFP / Benoit PEYRUCQ

En mars 2012, Mohamed Merah abattait au nom du jihad trois militaires, un enseignant et trois enfants d'une école juive avant d'être tué par la police : le procès de son frère Abdelkader, accusé de "complicité", s'est ouvert lundi à Paris dans un climat particulièrement tendu.

Les audiences, programmées sur un mois devant une cour d'assises, sont placées sous une surveillance aiguë dans un contexte de menace terroriste élevée en France, alors que le groupe jihadiste Etat islamique a encore revendiqué une attaque ayant fait deux morts dimanche à Marseille.

Les assassinats de Merah étaient les premiers attentats jihadistes commis en France depuis ceux du GIA algérien en 1995. Entre le 11 et le 19 mars 2012, le jeune homme de 23 ans avait assassiné trois militaires, trois enfants de 3, 5 et 8 ans, et un enseignant juifs à Toulouse et Montauban (sud-ouest), avant d'être tué le 22 mars dans son appartement, après 32 heures de siège suivies par les médias du monde entier.

L'enjeu principal du procès sera de déterminer le rôle exact joué par Abdelkader Merah, 35 ans, dans les tueries exécutées en solo par son frère. L'homme, qui a comparu tout de blanc vêtu, un symbole de pureté et souvent la couleur du deuil en islam, est accusé d'avoir "sciemment" facilité "la préparation" des crimes de son frère en l'aidant notamment à dérober le scooter utilisé lors des faits. A ses côtés comparaissait un délinquant, Fettah Malki, 34 ans, auquel il est reproché d'avoir fourni à Mohamed Merah un gilet pare-balles, un pistolet-mitrailleur et des munitions. Les deux hommes ont reconnu la matérialité des faits mais contestent avoir connu les intentions criminelles de Mohamed Merah. Son frère risque la réclusion criminelle à perpétuité, Malki vingt ans de prison.

"Les faits sur lesquels nous allons nous prononcer sont terribles", a déclaré le président Franck Zientara en début d'audience, dans une atmosphère déjà électrique entre défense et parties civiles. Signe de la tension régnant dans la salle, la mère de Mohamed Merah a provoqué des murmures hostiles sur les banc des parties civiles en adressant un baiser à son fils. "Tas de merde", a lâché à plusieurs reprises Samuel Sandler, père et grand-père de victimes de l'école juive.

 

(Lire aussi : En France, la communauté juive partagée entre résilience et inquiétude)

 

"Deuxième mort"
"On sent bien une certaine nervosité, le poids des actes commis par Mohamed Merah est omniprésent dans cette salle d'audience", a commenté Me Olivier Morice, avocat de la famille d'un militaire tué par Merah. Pour Me Mehana Mouhou, avocat de Latifa Ibn Ziaten, mère du premier soldat tué par Merah, "la confrontation risque d'être difficile". "Les accusés sont dans le déni. Pour les familles, c'est comme si il s'agissait d'une deuxième mort".

La première journée du procès était consacrée à l'appel des 232 parties civiles déjà constituées et de celles qui se manifesteront à l'audience, à celui des 49 témoins et 11 experts appelés à s'exprimer, avant un exposé des faits.

D'emblée, le président a appelé à comparaître l'ancien patron des services de renseignement intérieur Bernard Squarcini, qui avait tenté de se soustraire au témoignage devant la cour. L'enquête sur les crimes de Merah avait révélé des failles des services de renseignements, qui n'ont pas considéré Mohamed Merah comme une menace alors qu'il était fiché et avait effectué des voyages en Syrie, en Egypte et au Pakistan.

L'avocat d'Abdelkader Merah, Me Eric Dupond-Moretti, n'a fait aucune déclaration à son arrivée au palais de justice. "Ce n'est pas la peine de m'exprimer maintenant, on est dans le compassionnel. Je suis inaudible. Ce que j'ai à dire, je le dirai à l'audience et dans ma plaidoirie", a-t-il confié plus tard à des journalistes.

"Dans la famille Merah, il y avait un terreau fertile à la haine", a déclaré de son côté Abdelghani, le frère aîné de Mohammed Merah, sur la radio France Inter. "Nos parents ont essayé de nous éduquer à travers le traumatisme post-colonial entre la France et l'Algérie, la haine du juif (...) Mohamed Merah était une bombe et les salafistes ont été le détonateur", a-t-il ajouté, dénonçant l'influence néfaste de leur frère Abdelkader.

 

 

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