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À La Une - Crise

Risque d'un arrêt des opérations aériennes humanitaires au Soudan, faute de fonds

Les besoins ont augmenté notamment en raison du fait que les autorités soudanaises ont autorisé les travailleurs humanitaires à se rendre dans plusieurs zones qui leur étaient auparavant interdites.

L'envoyé spécial des Etats-Unis au Soudan, Steven Koutsis, débarquant d'un hélicoptaire de l'UNHAS. AFP / ASHRAF SHAZLY

Les opérations aériennes humanitaires de l'ONU au Soudan risquent de cesser en raison d'un manque de fonds, ce qui affecterait la livraison de l'aide à des milliers de personnes dans les zones de conflit, selon des responsables.

Avec les fonds actuellement disponibles, le Service aérien humanitaire des Nations unies (UNHAS) pourra tout juste opérer jusqu'à fin novembre et risque de devoir arrêter ses opérations début décembre, explique Bianka Zyra, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM) au Soudan, dont dépend l'UNHAS.
L'UNHAS, qui compte deux avions et trois hélicoptères, a déjà réduit son champ d'action en arrêtant de se rendre sur cinq sites, sur les 41 qu'il dessert à travers le pays.

"Nous avons actuellement des fonds jusqu'à la fin novembre et nous avons besoin d'un million de dollars supplémentaire (environ 850.000 d'euros) pour continuer les opérations jusqu'à la fin de l'année", a expliqué cette semaine à l'AFP Mme Zyra. "Si nous ne recevons pas un million de dollars, les opérations cesseront", a-t-elle mis en garde.

'Hausse des besoins'

Pour les humanitaires, l'UNHAS représente un service vital pour la livraison d'aide, surtout des médicaments, dans les régions du Soudan meurtries par des conflits comme celle du Darfour (ouest), du Nil Bleu et du Kordofan-Sud (sud). Ses hélicoptères peuvent notamment gagner des zones reculées difficilement accessibles par la route.

"Bien qu'utilisé essentiellement pour transporter les travailleurs humanitaires, l'UNHAS livre aussi des vaccins périssables dont le transport par voie terrestre prend trop de temps (...)", poursuit Mme Zyra.
Il transporte également des délégations internationales, des diplomates étrangers et des responsables soudanais désirant évaluer la situation humanitaire dans les zones de conflit.
"Nous recevons 500.000 dollars par ci, 250.000 dollars par là", précise Mme Zyra, alors que l'UNHAS a besoin d'environ 1,4 million de dollars par mois. "Ce dont l'UNHAS a réellement besoin c'est d'un financement complet, pas seulement jusqu'à la fin de l'année, mais de l'argent supplémentaire" afin que l'ONU soit capable de "planifier une stratégie et répondre à la hausse des besoins".

Les besoins ont augmenté notamment en raison du fait que les autorités soudanaises ont autorisé les travailleurs humanitaires à se rendre dans plusieurs zones qui leur étaient auparavant interdites. Une décision prise après que Washington a fait de ce point l'une des conditions pour la levée permanente des sanctions américaines contre Khartoum.
Le 12 octobre, le président américain Donald Trump devra d'ailleurs décider de lever ou non définitivement des sanctions imposées au Soudan en 1997 pour son soutien présumé à des groupes islamistes.

'Enorme chaos'

Des responsables de l'ONU ont mis en garde contre de grands retards dans la distribution de l'aide pour des dizaines de milliers de personnes si l'UNHAS venait à cesser de voler. Dans un pays comme le Soudan --l'un des plus grands d'Afrique avec 1,8 million de km carrés--, "cela signifiera de grands retards liés aux distances et aux mauvaises conditions des routes, ainsi qu'à la possible inaccessibilité de certaines parties du pays où l'insécurité est encore importante", a prévenu Marta Ruedas, la coordinatrice humanitaire de l'ONU dans le pays.

Le plan humanitaire pour 2017 prévoyait selon l'ONU d'aider environ 3 millions de personnes au Soudan.
L'UNHAS est sorti des radars des donateurs dans un contexte d'un manque général de fonds affectant l'ensemble des agences humanitaires au Soudan.
Les Nations unies prévoyaient pour ce pays en 2017 une levée de fonds de 804 millions de dollars mais au 24 septembre, l'ONU n'avait récolté que 304 millions de dollars, soit seulement 38% du montant, selon le Bureau de l'ONU pour la coordination des affaires humanitaires (Ocha).

Presque toutes les opérations humanitaires ont été affectées par cette situation, regrettent des humanitaires, mais la situation pourrait devenir encore plus grave si les avions de l'UNHAS restaient cloués au sol.
"La moitié de la communauté humanitaire sera bloquée et beaucoup de projets devront être revus à la baisse", explique Mme Zyra, redoutant à court terme un "énorme chaos".

 

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