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À La Une - Espagne

Violences policières en Catalogne, l'"Etat de droit" respecté selon Madrid

Les affrontements ont fait au moins 92 blessés, dont deux graves, un homme de 70 ans victime d'un infarctus et un blessé à l'œil.

Rassemblement à Barcelone lors du discours de Rajoy à la suite du référendum catalan. AFP / JOSE JORDAN

A coups de matraque et de balles de caoutchouc, la police espagnole a tout fait dimanche pour tenter d'empêcher un référendum interdit sur l'indépendance de la Catalogne, faisant plus de 90 blessés, Madrid et Barcelone se renvoyant la responsabilité des incidents.

Lors d'une allocution télévisée en soirée, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est félicité de ce que "l'Etat de droit restait en vigueur avec toute sa force". "Aujourd'hui, il n'y a pas eu de référendum d'autodétermination en Catalogne", a-t-il dit alors que le dépouillement avait commencé par endroits dans la région. Les forces de sécurité "ont fait leur devoir" en Catalogne et "respecté le mandat de la justice" qui avait interdit le référendum d'autodétermination organisé par les dirigeants séparatistes, a-t-il ajouté.

Dès l'heure d'ouverture des bureaux de vote, la police et les unités anti-émeutes de la Garde civile étaient intervenues pour saisir les urnes dans des bureaux de vote à Barcelone et à Gérone, la ville du président indépendantiste Carles Puigdemont.



A plusieurs reprises, les policiers casqués ont défoncé les portes des bureaux devant des militants qui entonnaient des chants indépendantistes lors de ce scrutin qui constitue, selon le quotidien El Pais, le "plus grand défi" de l'Etat espagnol depuis la mort de Franco en 1975.
La sécession de la Catalogne, un des poumons économiques de l'Espagne pesant près de 19% du PIB, 16% de la population, aurait des conséquences incalculables.

Les affrontements ont fait au moins 92 blessés, dont deux graves, un homme de 70 ans victime d'un infarctus et un blessé à l'oeil, selon les services de santé de la région. Douze policiers ont été blessés, selon le ministère de l'Intérieur, qui précise que certains ont essuyé des jets de pierre.

(Lire aussi : Catalogne : les scénarios après le référendum de dimanche)

A Barcelone, la police a chargé des centaines de manifestants qui lui barraient la route alors qu'elle emportait des urnes confisquées, et tiré des balles en caoutchouc, selon des témoins.
La télévision régionale catalane TV3 a passé en boucle toute la journée les images d'affrontements entre policiers et manifestants à proximité des bureaux de vote, qui circulent aussi sur les réseaux sociaux.

Les milliers de Catalans ont pu voter

M. Puigdemont a dénoncé une "violence injustifiée", tandis que le gouvernement répondait que lui et son équipe étaient "seuls responsables" des évènements de la journée pour avoir convoqué ce référendum en dépit de l'interdiction de la Cour constitutionnelle.

Au total 319 bureaux de vote qui devaient servir au référendum d'autodétermination interdit en Catalogne ont été fermés par les forces de l'ordre, selon le gouvernement régional, mais de nombreux Catalans ont malgré tout pu voter, ont constaté des journalistes de l'AFP.
L'exécutif catalan avait annoncé à la dernière minute dimanche matin la mise en place d'un système universel de recensement qui permettait de voter dans n'importe quel bureau de vote. Les électeurs ont parfois voté avec des bulletins de vote imprimés à la maison ou sans enveloppe, ont constaté les journalistes de l'AFP.

 

(Lire aussi : Dépit, inquiétudes et incompréhension en Espagne face au séparatisme catalan)

"Personne ne peut me voler mon vote et la satisfaction d'avoir voté, quoi qu'il arrive. J'ai même pleuré parce que cela fait des années que nous nous battons pour cela, et j'ai vu devant moi une femme de 90 ans qui votait en fauteuil roulant", a raconté à l'AFP dans le petit village de Llado Pilar Lopez, 54 ans.
Dans le quartier barcelonais de Nou Barris, Enrique Calvo, un retraité de 67 ans originaire d'une région voisine, lui n'a pas voté parce qu'il ne voulait pas donner de "légitimité" au scrutin. "C'est mal géré, tant par le gouvernement catalan que par le gouvernement central de Madrid", a-t-il dit.

Signe du caractère exceptionnel de la situation dans un pays passionné de football, le FC Barcelone a joué sans spectateurs dans l'après-midi. Il avait décidé de jouer à huis clos son match contre Las Palmas, la Ligue de football ayant refusé de reporter le match. L'enceinte, considérée comme la plus grande d'Europe avec 99.000 places, sonnait étonnamment creux à chaque accélération du capitaine et quintuple Ballon d'Or Lionel Messi...



Une majorité pour un référendum légal

Ce scrutin interdit constitue, selon le quotidien El Pais, le "plus grand défi" de l'Etat espagnol depuis la mort de Franco en 1975.

Une sécession de la Catalogne, une région de 7,5 millions d'habitants pesant 19% du PIB du pays, serait un saut dans l'inconnu, comparable à celui du Brexit déclenché par un référendum en juin 2016.
Les habitants de la région, où l'indépendantisme gagne du terrain depuis le début des années 2010, sont divisés presque à parts égales sur l'indépendance. Mais les Catalans souhaitent majoritairement, à plus de 80%, un référendum d'autodétermination légal, selon les derniers sondages.

Ni les poursuites judiciaires ni les arrestations ou perquisitions n'ont dissuadé M. Puigdemont d'organiser ce scrutin qui, souligne Madrid, ne dispose ni de listes électorales en bonne et due forme, ni de commission électorale, ni de comptage des voix par un organisme impartial.

 

 

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AFFAIRE INTERIEURE ESPAGNOLE !

LA LIBRE EXPRESSION

23 h 28, le 01 octobre 2017

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Commentaires (6)

  • AFFAIRE INTERIEURE ESPAGNOLE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    23 h 28, le 01 octobre 2017

  • Quelques éléments de comparaison entre les référendums du Kurdistan et de la Catalogne. Les kurdes comptent autant d'habitants que toute l'Espagne. les catalans étant 7,5 millions d'habitants. La Catalogne, est extrêmement riche, son industrie est fleurissante et les plus importants groupes européen sont installés à Barcelone, il ne s'agit pas d'une région délaissée comme c'est le cas du Kurdistan et de toutes les régions du proche et moyen orient où les peuples majoritaires délaissent dans la pauvreté les régions sous leur contrôle. Les habitants de ces régions sont souvent pris pour des citoyens de deuxième zone. Le Kurdistan étant dans la région du proche orient il est normal que les pays de la région et dans ses alentours s'intéressent à ce qui se passe au Kurdistan. Enfin dans les deux cas l'aspiration des peuples devrait être respecté.

    Sarkis Serge Tateossian

    18 h 47, le 01 octobre 2017

  • Question d'identité Ou Question de gros sous d'une "région autonome, relativement plus riche et plus évoluée et instruite" qui ne veut pas "partager" N miniature, le même dilemme que celui des pays du nord de l'Europe Tout cela mélange selon la classe sociale à laquelle on appartient

    Chammas frederico

    18 h 44, le 01 octobre 2017

  • LE GOUVERNEMENT EST LA ET EMPECHE LE REFERENDUM... EN IRAQ LE GOUVERNEMENT DIT CENTRAL N,OSE MEME PAS S,AVENTURER DANS LES REGIONS AUTONOMES KURDES... ET LORSQUE ON EST AUTONOME ON A LE DROIT DE SE PROCLAMER INDEPENDANT !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 27, le 01 octobre 2017

  • Pourquoi ce référendum n'attire pas plus les passions que celui des kurdes , parmi nos amis du moyen orient? R. Se séparer de l'Irak, la Turquie , l'Iran NPR ou la Syrie du heros BASHAR ne peut être que sagesse, tandis que se séparer d'un pays d'Europe ne peut être que folie. C'est comme les bactéries wahabites si c'est la "coalition" arabo occidentale qui les tuent c'est hallal, si c'est la résistance , c'est tpi, onu, tsl et que sais je encore . Lol....

    FRIK-A-FRAK

    13 h 47, le 01 octobre 2017

  • Le pays basque español jouit de l autonomie fiscale,ce qui a ete refuse a la catalogne par Madrid ...les catalans ne veulent plus financer le reste de l Espagne . Par ailleurs il n y a aucun orgueil a etre espagnol,seul pays d Europe a avoir eu un regime fasciste pendant 40 ans et dont aucun membre n a jamais ete juge.

    HABIBI FRANCAIS

    12 h 03, le 01 octobre 2017

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