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Lifestyle - Un peu plus

Quand il faut faire taire ses enfants

Ça y est, la rentrée est passée. Les enfants et les étudiants ont pris leurs marques sur les bancs de leur classe, rangé leurs livres plastifiés dans leur cartable, commencé à prendre des notes, à faire des équations, réviser des dictées, lire Les Fleurs du Mal, plancher sur des contrôles et des exams. Entre abscisses et fractions, champ grammatical, My Taylor is Rich et tarbiya, les voilà enfin rôdés. Ils se sont familiarisés avec la cour et le préau, la prof de français et ses lunettes carrées, le prof de physique, fan de la poussée d'Archimède, le prof de sport nourri aux stéroïdes et leurs nouveaux copains de classe. Les groupes WhatsApp se sont formés. 5eB, terminale E (pas celui de CDG), promo 2023. On s'acoquine, se drague. On fonde un groupe de potes, une bande de copines. Et c'est là que les problèmes commencent. Parce que si rentrée rime avec poésie automnale et réminiscences nostalgiques pour les parents, elle rime également avec le bullying. Le harcèlement. En anglais, ça sonne plus fort. Il y a la brute (bully) dans ce mot. Le voyou et le taureau (bull). Une impression de rentre-dedans on ne peut plus violent.


Il y a toujours eu des têtes de Turc à l'école. Cette locution dont l'origine est inspirée de l'attraction des foires françaises de la fin du XIXe siècle qui permettait de mesurer sa force en frappant sur une tête coiffée d'un turban, rappelant bien évidemment l'image stéréotypée d'un Turc. Frapper. Frapper là où ça fait mal. Dans le cœur et dans l'âme d'un(e) gamin(e) plus faible, plus petit(e). Différent(e), quoi. Que ce soit à cause de l'ingratitude de son visage ou de la beauté de ses lignes. Qu'il soit animé par la méchanceté, la jalousie ou la petitesse d'esprit, le harcèlement est légion dorénavant dans le mode de fonctionnement des enfants et plus particulièrement des ados. Et cruauté, il y a.


Il y a toujours eu des saloperies balancées dans les cours de récré, des coups de fil sur des téléphones fixes qui sonnent en pleine nuit, des menaces proférées dans les W-C, des caricatures distribuées ; mais ça s'arrêtait généralement là. Dans l'enceinte de l'établissement, sauf cas exceptionnel. Le bullying d'aujourd'hui a pris une autre forme. Plus pernicieuse, plus troublante. Il s'est infiltré, comme tout, dans les réseaux sociaux. Il se fait en meute sur un groupe WhatsApp composé des 33 élèves d'une classe. Il se manifeste sur d'autres groupes explicitement créés pour détruire un(e) autre. Et que je t'envoie des vacheries tandis que les petites minettes ricanent et les garçons prépubères gloussent. C'est à qui mieux mieux dans la méchanceté du propos. Puis, on invente une chanson. Une chanson sur le nez du nouveau venu. Sur son prénom, ses lunettes, sa petite taille, son surpoids. Et ça glousse à nouveau, d'un rire bien gras. Mais ça ne s'arrête pas là. Sans raison une fois de plus – parce qu'il y a très rarement une raison fondée pour ce genre d'attitude–, on décide de poster une photo sur Instagram, ou préférablement sur Snapchat puisque ça disparaît rapidement, avec des légendes acerbes, racistes, homophobes. « Vous connaissez ce p'tit pédé ? » sous-titre du cliché d'un gamin de 10 ans, aux cheveux longs et d'une douceur angélique. « Alors la grosse, t'arrives à courir ? » en légende sous une photo volée en cours d'athlétisme. « Vous avez vu ses fesses ? On dirait celles des danseuses de Nicki Minaj » à l'encontre d'un garçon plutôt bien foutu.


Des traces. Voilà ce qu'il reste de ces instantanés éphémères postés par des crétin(e)s en mal d'attention. Ces mêmes crétins qui réitèrent leurs propos (et parfois menaces) en poussant leur victime sur le bitume où il s'écorchera les genoux.


Des traces parfois indélébiles quand les enfants ont peur d'en parler à leurs parents, peur de porter plainte. Et comment aller en parler aux parents de ces minibourreaux, quand ceux-là mêmes colportent des ragots dégueulasses sur leurs voisins en les montrant du doigt, et adorent lire des articles dans des magazines de bas étage où le bodyshaming est devenu monnaie courante ? Comment ? En leur cassant la gueule peut-être ? Ou en la leur fermant, tout simplement.

Ça y est, la rentrée est passée. Les enfants et les étudiants ont pris leurs marques sur les bancs de leur classe, rangé leurs livres plastifiés dans leur cartable, commencé à prendre des notes, à faire des équations, réviser des dictées, lire Les Fleurs du Mal, plancher sur des contrôles et des exams. Entre abscisses et fractions, champ grammatical, My Taylor is Rich et tarbiya, les...

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