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À La Une - Politique

Les divisions freinent la quête d'une majorité en Allemagne

Les tractations qui s'annoncent vont être observées de près en Europe, car l'accord de coalition traitera très certainement des réformes en zone euro.

Le Bundestag, le Parlement allemand, à Berlin, le 26 septembre 2017. AFP / dpa / Ralf Hirschberger

Après le choc du résultat des législatives, le monde politique allemand tente de favoriser l'émergence d'une majorité gouvernementale viable, alors qu'Angela Merkel doit faire face à de premiers signes de contestation dans son parti.

Les conservateurs de la chancelière (CDU) et leurs alliés bavarois (CSU) se sont réunis mardi en groupe parlementaire pour la première fois depuis le scrutin de dimanche, qui les a laissés à leur plus faible niveau depuis près de 70 ans.

A cette occasion, Angela Merkel a senti monter la pression dans ses rangs: son fidèle lieutenant Volker Kauder a bien été réélu à la tête groupe parlementaire, mais avec un score moins favorable que dans le passé. Et un groupe représentant l'aile la plus conservatrice des adhérents de la CDU a lui carrément demandé à la chancelière de quitter la présidence du parti. "Il serait important d'avoir une nouvelle impulsion", a dit son représentant Alexander Mitsch. L'hebdomadaire Der Spiegel paru mardi va lui jusqu'à parler du "début de la fin de l'ère Merkel" avec cette législature difficile qui s'ouvre pour elle.

Le cap centriste de la politique de la chancelière et l'accueil des réfugiés ont largement contribué à une hémorragie de voix conservatrices de la CDU vers la droite nationaliste - 1 million - et au score historiquement bas de son parti (33%).

 

(Pour mémoire : "Dégage!" : Angela Merkel, cible de "citoyens en colère")

 

Zizanie à l'AfD
Les yeux sont aussi rivés sur la droite nationaliste (AfD). Malgré une percée lors du scrutin qui l'a vu recueillir près de 13% des voix et devenir la 3e force politique du pays, l'unité du mouvement anti-migrants est mise à mal du fait d'une dérive extrémiste de sa direction. Celle-ci a été illustrée notamment par l'appel du chef de campagne Alexander Gauland à être "fiers" des soldats du IIIe Reich.

La co-présidente du parti, Frauke Petry, a fait sensation en annonçant qu'elle claquait la porte du parti. Mais jusqu'ici aucun député ne lui a emboîté le pas. Au niveau régional, quelques cadres ont suivi Mme Petry, son mari Marcus Pretzell (chef de l'AfD pour Rhénanie du Nord-Westphalie) et deux responsables régionaux saxons.

Avant même de négocier avec Verts et Libéraux du FDP pour former la seule majorité de gouvernement possible, les conservateurs devront donc se mettre d'accord entre eux. "La CDU et la CSU doivent mettre les choses au clair, avant cela ça ne fait aucun sens de parler aux autres partis", a prévenu Alexander Dobrindt, figure de la CSU.

Ce ne sera pas aisé, la Bavière ayant pour revendication phare le plafonnement du nombre annuel de demandeurs d'asile, ce que Angela Merkel refuse depuis deux ans. Avec une élection cruciale en Bavière en 2018, la CSU risque de se montrer intraitable. Mais satisfaire les demandes des plus conservateurs risque d'avoir pour effet de faire fuir les 67 députés Verts, sans qui une coalition de gouvernement est impossible.

 

(Lire aussi : L'Alternative pour l'Allemagne (AfD): anti-islam et anti-Merkel)

 

Projet Jamaïque
Réunir au sein d'une équipe les centristes, l'aile la plus à droite des conservateurs, libéraux et écologistes s'annonce donc comme un travail de plusieurs mois pour Mme Merkel.  Sans majorité absolue pour la désigner chancelière, elle ne peut entamer son quatrième mandat. Des élections anticipées pourraient même être convoquées.

Deux jours après les élections, les Allemands se disent toutefois désormais favorables à la création du curieux attelage à trois baptisé "Jamaïque" en raison des couleurs noire-jaune-verte des partis concernés.  Selon un sondage de la chaîne publique ARD, 57% des personnes interrogées veulent que CDU/CSU, Verts et FDP forment le prochain gouvernement. "Les obstacles sont nombreux, et la conclusion incertaine en ce qui concerne ce projet Jamaïque", prévient cependant Robert Habeck (Verts).

Les tractations qui s'annoncent vont être observées de près en Europe, car l'accord de coalition traitera très certainement des réformes en zone euro. Sans soutien allemand, les propositions que le président français Emmanuel Macron a présentées mardi auront du mal à s'imposer. Or chez les conservateurs et les Libéraux, l'idée même d'un budget commun de la zone euro est un épouvantail car elle est perçue comme une tentative d'imposer aux Allemands de payer pour les dérapages budgétaires des autres.

 

 

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