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Liban - Repère

Qui est « Abou Takiyé », le cheikh controversé de Ersal en cavale ?

Abou Takiyé.

Depuis la confirmation officielle, le 6 septembre, de la mort en détention des militaires libanais enlevés par les jihadistes en août 2014 à Ersal (localité de la Békaa, frontalière de la Syrie), le nom de Moustapha Hojeiry, alias « Abou Takiyé », est sur toutes les lèvres.
Ce cheikh controversé, qui avait joué les intermédiaires dans cette affaire, est, selon diverses sources, proche des jihadistes, voire même directement impliqué dans le rapt des militaires. Faisant l'objet de plusieurs mandats d'arrêt, il est aujourd'hui introuvable, alors que les autorités libanaises ont lancé une enquête afin de déterminer qui sont les responsables de l'enlèvement et de la mort des militaires.
Qui est donc Abou Takiyé ? Que lui reproche-t-on ? Où se trouve-t-il aujourd'hui ?

De Saïda à Ersal
Moustapha Hojeiry, né en 1967, est originaire de Ersal. Toutefois, le président du conseil municipal de cette bourgade sunnite, Bassel Hojeiry, précise qu'Abou Takiyé n'y vit que depuis une dizaine d'années. « Il a fait ses études en Arabie saoudite et vivait à Saïda où ses enfants sont d'ailleurs nés. Il était également l'imam d'une mosquée » dans cette ville du Liban-Sud, précise Bassel Hojeiry.
Lorsqu'une trentaine de militaires libanais, soldats et policiers, sont enlevés le 2 août 2014 à Ersal par les jihadistes du Front Fateh el-Cham (Front al-Nosra à l'époque) et du groupe État islamique, un groupe d'entre eux est conduit par Fateh el-Cham au domicile d'Abou Takiyé à Ersal. Ce dernier assurait que les militaires étaient sous sa protection. Toutefois, la plupart des otages sont finalement livrés aux jihadistes qui les emmènent vers les hauteurs de la bourgade. Seuls quelques militaires seront libérés, quelques jours plus tard, dans des circonstances vagues.
Deux militaires seront exécutés par Fateh el-Cham : Mohammad Hamiyé, tué le 19 septembre 2014, et Ali Bazzal, tué le 5 décembre de la même année. Les autres otages seront libérés le 1er décembre 2015. Moustapha Hojeiry aurait joué un rôle central dans leur libération, aux dires de plusieurs sources.

Proche des groupes terroristes
Tout en étant un interlocuteur du gouvernement qui cherchait à obtenir la libération des militaires, Abou Takiyé fait l'objet de plusieurs mandats d'arrêt. Le 14 octobre 2014, le juge d'instruction militaire Fadi Sawan publie un acte d'accusation contre lui « pour appartenance à une organisation terroriste (Front al-Nosra) dans le but de perpétrer des actes terroristes ». Il lance contre lui un mandat d'arrêt et transfère son dossier au parquet militaire. Le 2 décembre 2015, au lendemain de la libération des ex-otages de Fateh el-Cham, Abou Takiyé est condamné par contumace par le tribunal militaire à un an et demi de prison pour trafic d'armes.
« Abou Takiyé est toujours en cavale, confirme une source militaire qui a requis l'anonymat. Il est clair qu'il est proche des groupes terroristes. » Mais cette source ne dit pas si Abou Takiyé est accusé d'être affilié à Fateh el-Cham ou l'EI.
Toutefois, Hussein Youssef, père du soldat Mohammad Youssef, tué en captivité par les jihadistes de l'EI, explique que Moustapha Hojeiry n'était pas en bons termes avec ce groupe-là.
« À certains moments, Moustapha Hojeiry a joué un rôle positif, comme lorsqu'il tentait d'obtenir la libération des militaires. Il avait son mot à dire auprès des jihadistes d'al-Nosra. Mais ce n'était pas le cas concernant l'affaire de mon fils et de ses camarades qui étaient détenus par l'EI. Ce groupe a même tenté d'assassiner Abou Takiyé », explique Hussein Youssef. Une version confirmée par Abou Takiyé lui-même qui disait en juillet 2016 que son nom figurait sur une liste de personnes que l'EI comptait assassiner.
« Les familles des militaires Mohammad Hamiyé et Ali Bazzal réclament la peine de mort pour Abou Takiyé. Personnellement, je réclame son arrestation afin que les autorités puissent l'interroger pour comprendre le rôle qu'il a joué dans cette affaire, poursuit Hussein Youssef. En tout cas, s'il est en cavale aujourd'hui, cela veut dire qu'il est impliqué. »
Un membre de la famille d'Abou Takiyé raconte avoir perdu la trace de ce dernier depuis la fête de l'Adha, c'est-à-dire depuis le 1er septembre. « Il a vraisemblablement quitté le village de Ersal », confie-t-il. Le président du conseil municipal de Ersal semble lui aussi ne pas connaître le sort du prédicateur. « Je n'ai aucune information sur Moustapha Hojeiry. Je ne sais pas s'il se trouve actuellement dans le village. C'est à l'enquête en cours de le dire », se contente d'affirmer Bassel Hojeiry. Il assure ensuite que les habitants de Ersal se plient à la justice et que « nul n'accordera de couverture à Moustapha Hojeiry ».

Depuis la confirmation officielle, le 6 septembre, de la mort en détention des militaires libanais enlevés par les jihadistes en août 2014 à Ersal (localité de la Békaa, frontalière de la Syrie), le nom de Moustapha Hojeiry, alias « Abou Takiyé », est sur toutes les lèvres.Ce cheikh controversé, qui avait joué les intermédiaires dans cette affaire, est, selon diverses sources,...

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