Rechercher
Rechercher

Liban - Pause verte

Et si le pétrole s’en mêlait ?

L'environnement marin au Liban, déjà durement éprouvé par des tares comme le déversement des eaux usées sans traitement, la pêche non réglementée ou encore les décharges côtières (si peu) contrôlées, sera-t-il davantage mis à l'épreuve par une éventuelle prospection pétrolière ou gazière au large du pays ? Quelles sont les garanties de protection effective des côtes libanaises contre d'éventuelles retombées sur son potentiel touristique ou, plus globalement, sur la biodiversité marine ?

Alors que les préparatifs entourant les appels d'offres pour l'exploitation pétrolière ou gazière au large du Liban vont bon train, l'association LOGI ( « Lebanese Oil and Gas Initiative » ) s'inquiétait récemment de savoir si le principal outil stratégique et législatif de protection environnementale en cas de forage en mer était à la hauteur des responsabilités. Cet outil est l'étude stratégique environnementale (SEA), publiée par l'État en 2012. Un expert international dépêché par l'ONG a pu constater que « l'étude est à refaire », étant minée par de nombreuses failles et insuffisances.

Quelle impression donnent les autorités en réponse à ce terrible constat et aux pressions exercées par la société civile ? Rien d'urgent pour la mise à jour du texte, selon les responsables interrogés, puisque de nombreux outils législatifs ont été réalisés depuis 2012 en vue de la protection de la côte, sachant que le choix des sociétés pétrolières tient compte de leurs capacités à assumer leurs responsabilités en cas de problèmes et, last but not least, il est plus important d'assurer l'application des règlements sur le terrain que de se soucier simplement des textes...
Vraiment ?

Si des progrès ont effectivement été réalisés au niveau des règlements de protection environnementale de la côte et de l'élaboration d'un plan d'urgence en cas de fuites pétrolières majeures (source : Administration nationale du pétrole), qu'est-ce qui empêche vraiment d'intégrer tout cela dans le seul texte global qui peut offrir une vision stratégique de la protection des côtes ?

D'autre part, quelle que soit la confiance qu'on serait tenté d'accorder aux compagnies pétrolières et à la responsabilité qu'elles sont obligées d'assumer (des accidents ont eu lieu en plusieurs endroits du globe après tout), c'est à l'État qu'incombe la réelle responsabilité de contrôle et d'action. Or les prestations gouvernementales en matière d'environnement sont loin d'être satisfaisantes, dans des dossiers bien plus simples et familiers que celui-là, comme les déchets ménagers par exemple.

Enfin, il est bien évident que l'application des règlements sur le terrain est plus important que les textes en soi. Et c'est bien là que le bât blesse puisque les autorités elles-mêmes sont souvent négligentes dans l'application des lois du pays, comme le prouvent les expériences des dernières décennies en matière de réglementation (inexistantes) des carrières illégales, pour ne citer que cet exemple...

Dans cette atmosphère de confiance inexistante, et même si se déclarer inquiet de prospections pétrolières futures n'est pas vraiment populaire dans les circonstances présentes, il est difficile d'aborder sereinement les risques écologiques décuplés en cas de forage. Si la situation est aussi désastreuse aujourd'hui, que serait-ce si le pétrole s'en mêlait ?

De plus, par une réflexion strictement personnelle, je ne peux qu'avoir en tête les images d'ouragans de plus en plus puissants et destructeurs, dont la virulence et la fréquence inhabituelles sont actuellement imputées au changement climatique. N'est-il pas permis aujourd'hui de s'interroger sur le bien-fondé de sortir davantage d'énergies fossiles de la terre ? Alors même que le monde devrait se diriger (et se dirige dans bien des cas) vers un transfert énergétique ? Les dégâts potentiels des effets du changement climatique, constatés d'ores et déjà dans le monde, en valent-ils la peine ?

C'est une réflexion toute personnelle bien sûr, qui ne vise pas à priver le pays de ressources précieuses – comme on ne manquerait pas de le reprocher à de telles opinions. Toutefois, le simple fait d'initier un débat autour de la perspective de forage et son impact sur l'environnement (et par conséquent sur l'activité économique et le tourisme), avec inclusion de tous les acteurs concernés, notamment de la société civile dans son acception la plus large, rendrait la société plus immunisée pour faire face à toutes les éventualités et exiger des réponses aux questionnements qui pourraient survenir.

L'environnement marin au Liban, déjà durement éprouvé par des tares comme le déversement des eaux usées sans traitement, la pêche non réglementée ou encore les décharges côtières (si peu) contrôlées, sera-t-il davantage mis à l'épreuve par une éventuelle prospection pétrolière ou gazière au large du pays ? Quelles sont les garanties de protection effective des côtes...

commentaires (3)

Ceux qui ont vendu les rochers pour les concasseurs; ceux qui ont coupé des arbres pour en faire du charbon pour leurs narguilés; ceux qui ont volé l'espace public maritime; ceux qui ont loué des bateaux centrales électriques au lieu de construite des centrales aux quatre coins du pays; ceux qui ont acquis des dizaines de propriétés foncières avec l'argent des autres... Tous ceux-là vont-ils s'occuper des méfaits des juteux hydrocarbures sur l'environnement ? Existe-t-il encore un environnement après les ordures et les eaux usées ?

Un Libanais

18 h 52, le 12 septembre 2017

Tous les commentaires

Commentaires (3)

  • Ceux qui ont vendu les rochers pour les concasseurs; ceux qui ont coupé des arbres pour en faire du charbon pour leurs narguilés; ceux qui ont volé l'espace public maritime; ceux qui ont loué des bateaux centrales électriques au lieu de construite des centrales aux quatre coins du pays; ceux qui ont acquis des dizaines de propriétés foncières avec l'argent des autres... Tous ceux-là vont-ils s'occuper des méfaits des juteux hydrocarbures sur l'environnement ? Existe-t-il encore un environnement après les ordures et les eaux usées ?

    Un Libanais

    18 h 52, le 12 septembre 2017

  • D'accord avec vous Madame, jusqu'à un certain point... Pensez qu'il y a aussi les Israéliens, chypriotes, Syriens et Turcs qui vont exploiter ce petit bout de Méditerranée et que le risque de pollution peut venir de partout et surtout affecter potentiellement tous les pays limitrophes... Il est certain qu'il y aurait des normes de sécurité internationalement reconnues qui seraient imposées aux Compagnies off-shore et au gouvernement Libanais... Et en tous cas, au point où se trouve la pollution de nos côtes, un peu plus ou un peu moins, qui s'en soucie et, après moi le déluge (ah, tiens, peut-être que ce dernier serait la solution!)

    Saliba Nouhad

    13 h 43, le 12 septembre 2017

  • IL EST ABERRANT... JE VEUX ETRE POLI... DE PENSER AUX RETOMBEES IMAGINAIRES DE LA PROSPECTION PETRO/GAZIERE SUR LE TOURISME ET LA BIODIVERSITE MARITIME SUR NOS COTES OU LES POLLUTIONS MULTIPLES ET LES DECHETS MATERIELS ET HUMAINS ONT CHANGE MEME LA COULEUR DE L,EAU DE MER SUR NOS RIVAGES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 18, le 12 septembre 2017

Retour en haut