Le Rassemblement de Saydet el-Jabal a organisé samedi à Zahlé une rencontre extraordinaire, axée sur le défi crucial auquel font face les habitants de la Békaa : la présence des réfugiés syriens. Cette rencontre, intitulée
« Vivre ensemble dans la Békaa, une responsabilité nationale commune », a pointé du doigt les conditions difficiles qu'affrontent quotidiennement les habitants de la région depuis le début de la crise syrienne.
Plus d'une centaine de personnalités du monde politique, économique et académique ont participé à ce séminaire, qui a mis en exergue la nécessité pour les autorités libanaises d'appliquer la résolution 1701 sur l'ensemble du territoire national.
Après l'allocution de bienvenue prononcée par Sami Chamoun, cinq orateurs – les députés Amine Wehbé et Tony Abou Khater, ainsi que Radwan el-Sayed, Paul Charbel et Toufic Gaspard – se sont succédé à la tribune, focalisant leurs interventions sur une idée maîtresse : l'importance de préserver le vivre-ensemble dans la Békaa à un moment où « nous vivons le summum de la pensée sectaire », comme l'a dit M. Wehbé. Cette région, qui, malgré la guerre civile de 1975 et les problèmes politiques, économiques, sociaux et sécuritaires qui ont succédé au conflit, a su préserver le vivre-ensemble. La Békaa est riche par sa diversité politique et religieuse, a estimé Paul Charbel, mais reste unie par la volonté de ses habitants. De son côté, le député Tony Bou Khater a affirmé que « Zahlé, par sa construction géographique qui représente le Liban, est la ville de la convivialité ».
Les réfugiés syriens
La présence des réfugiés syriens au Liban, notamment dans la Békaa, a été l'un des sujets chauds longuement débattus durant la rencontre. « Les réfugiés syriens représentaient en 2016, selon les Nations unies, le quart de la population libanaise et le tiers des salariés », a affirmé l'économiste Toufic Gaspard, au nom du Rassemblement de Saydet el-Jabal. Il a révélé que « 52 imprimeries au Liban fonctionnent illégalement – information confirmée le jour même par le président de la Chambre de commerce et d'industrie, Mohammad Choucair – et les autorités libanaises laissent faire ». Toufic Gaspard a également reproché au pouvoir « d'avoir employé des Syriens sans garanties sociales ».
Les réfugiés représentent désormais un fardeau économique, politique et sociétal pour les habitants de la Békaa, a fait valoir de son côté Radwan el-Sayed. Le professeur en études islamiques insiste sur la nécessité d'intensifier les efforts pour permettre le retour des réfugiés dans leur pays natal, en pointant un doigt accusateur sur le gouvernement libanais, qui, depuis la crise syrienne de 2011, ne les ont pas organisés sur le territoire.
Les frontières
La question des frontières libano-syriennes a également été au cœur du débat. Dans son communiqué final, Saydet el-Jabal a appelé les autorités libanaises à appliquer la résolution 1701 sur l'ensemble du territoire libanais, notamment à la frontière est. « Le Liban-Sud a vécu onze années de prospérité, grâce à la résolution 1701 et la présence de l'armée libanaise. Nous réclamons son application à la zone est du pays. » Selon Radwan el-Sayed, « seules les résolutions internationales assurent l'intégrité du pays, et non le Hezbollah : celui qui prétend te protéger, te gouverne ».
Dans sa déclaration finale, Saydet el-Jabal souligne d'ailleurs son refus « d'une sécurité à l'amiable, fondée sur des trocs et des marchés suspects », ainsi que son rejet « d'une sécurité assurée par les milices et les gangs ».
Critique du Hezbollah
Un débat, animé par le président du Rassemblement de Saydet el-Jabal, Farès Souhaid, a aussitôt suivi avec l'ensemble des participants. L'ancien député de Jbeil a souligné dans son intervention la nécessité pour les autorités institutionnelles, le gouvernement et le Parlement de mettre en application le « plan de sécurité » non seulement dans le Nord et le reste du pays, mais aussi dans la Békaa, une région qui reste négligée par l'État.
M. Souhaid a affirmé que « la prospérité de la Békaa fait partie de celle du Liban ». « L'armée libanaise est l'unique institution qui devrait assurer l'intégrité et la sécurité du pays », a-t-il ajouté, dénonçant ainsi la politique du Hezbollah, « qui prétend assurer la sécurité du pays ».
Saydet el-Jabal a enfin blâmé les autorités d'avoir omis, lors de la rencontre organisée par le président de la République à Baabda, toute référence à l'accord de Taëf, à la résolution 1701 et à la déclaration de Baabda. « S'agissait-il d'un prélude à cette Assemblée constituante, que certains nous promettent depuis des années ? » s'est ainsi demandé le rassemblement dans son communiqué final.