Les forces du régime syrien ont bombardé hier deux localités rebelles dans des zones sécurisées en Syrie où une trêve est censée être appliquée, selon une ONG. L'artillerie a frappé le matin la localité de Hammouriyé dans la Ghouta orientale, enclave rebelle à l'est de Damas, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Trois civils y ont péri, dont une femme et un enfant, et sept personnes ont été blessées, a-t-il précisé, en faisant état d'un autre bombardement du régime mercredi qui a tué cinq civils et blessé dix dans la localité voisine de Kafar Batna, également dans la Ghouta.
La Ghouta orientale figure parmi les quatre zones de « désescalade » désignées en mai après un accord entre la Russie et l'Iran, alliés du régime, et la Turquie, soutien des insurgés. La Russie a annoncé l'entrée en vigueur en juillet d'une trêve dans la Ghouta et dans une autre « zone de désescalade » dans le sud du pays. Début août, elle a annoncé le début d'un cessez-le-feu dans la province centrale de Homs, troisième zone sécurisée.
Hier également, le régime a mené les premiers raids aériens dans la province de Homs depuis l'annonce de la trêve, selon l'OSDH et des résidents. Un homme a été tué dans des frappes à Tall Dahab, dans le nord de la province, d'après l'Observatoire. Quatre raids aériens ont par ailleurs frappé al-Houla, a indiqué Abbas Abou Oussama, un résident de cette localité, rapportant d'autres frappes dans les environs.
La quatrième zone sécurisée, qui concerne la province d'Idleb, n'a pas encore été établie.Par ailleurs, l'armée syrienne et ses alliés ont repris aux rebelles du sud du pays une bande de territoire de 30 km le long de la frontière avec la Jordanie à la faveur d'une attaque menée hier, ont dit deux groupes insurgés. Selon un organe de propagande militaire du Hezbollah, allié du régime, les forces gouvernementales contrôlent désormais tous les postes-frontières de la province de Soueida. Cette province, l'une des quatre qui bordent la Jordanie, n'est pas incluse dans l'accord de cessez-le-feu entré en vigueur en juillet dans le sud de la Syrie sous l'égide de la Russie et des États-Unis.
Stratégie de Mossoul
Parrallèlement, la bataille contre l'État islamique à Raqqa pourrait prendre quatre mois supplémentaires, ont déclaré hier les Forces démocratiques syriennes (FDS). « Cela pourrait prendre trois à quatre mois pour en finir à Raqqa », estime Haval Gabar, chef d'une unité des YPG, installé dans l'ancien quartier général de la police syrienne surplombant les murs de la vieille ville. La vieille ville de ce qui fut pendant trois ans la capitale de fait de l'EI en territoire syrien est très densément urbanisée, favorisant la résistance des assiégés. Les FDS, soutenues par les États-Unis et composées dans leur majorité de miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), se trouvent à environ 400 mètres du cœur de la cité. « Nous avons nettoyé environ la moitié du vieux Raqqa et nous avançons sur tous les axes », affirme Haval Gabar. Suivant la stratégie victorieuse appliquée à Mossoul, dans le nord de l'Irak, la campagne pour la reconquête de Raqqa obéit à plusieurs phases depuis son déclenchement en novembre. La première a été le contrôle des villes et villages entourant le bastion jihadiste afin de couper les accès nord, est et ouest. Les scénarios optimistes avancés un temps par les FDS prédisaient une prise de l'agglomération en quelques semaines, mais les combattants de l'EI ont organisé une résistance acharnée.
Sources : agences